« Après le Covid, une nouvelle galère »… en Ile-de-France, la pénurie de carburant met les soignants « en panique »

Par Epoch Times avec AFP
12 octobre 2022 08:03 Mis à jour: 12 octobre 2022 09:52

En Ile-de-France et dans l’Oise, particulièrement affectés par la pénurie de carburant, des infirmiers libéraux s’inquiètent de ne plus pouvoir visiter leurs patients, et de mettre en danger leur santé.

Ces soignants ne peuvent se passer de leur voiture pour leurs tournées quotidiennes de soins à domicile et sont donc confrontés, comme les autres automobilistes, au casse-tête du ravitaillement. Des syndicats d’infirmiers libéraux ont réclamé le 10 octobre « un accès prioritaire » à toutes les stations.

Valérie Gitras âgée de 43 ans est infirmière libérale dans le Val-de-Marne : « Il me reste trois jours avant que cela redevienne problématique, alors je suis obligée déjà de m’organiser entre mes tournées, sur la pause-déjeuner, pour chercher des stations-service avant que je sois au pied du mur ».

Basée à Villeneuve-Saint-Georges et Valenton, Valérie Gitras roule entre 50 et 60 km par jour. « Comme la crise perdure plus longtemps que prévu, c’est un stress en plus, je pensais être tranquille après mon plein de jeudi dernier mais c’est déjà l’angoisse ».

« J’ai des patients diabétiques et des personnes âgées qui sont perdus quand je ne passe pas faire les soins, je suis obligée de faire au moins un passage pour certaines personnes. Sinon, il faudra que je demande une hospitalisation pour les patients les plus lourds », déplore l’infirmière.

« Ce stress, c’est du temps en moins pour les patients »

Sandrine Monteiro âgée de 35 ans est infirmière libérale : « J’ai passé trois heures (hier midi) dans la file d’attente d’une station. J’ai dû faire ma tournée en speed et laisser mes patients en stand-by pour aller faire le plein rapidement. J’ai fait les gros soins le matin, c’est-à-dire les toilettes et insulines, et les pansements plus tard dans l’après-midi ».

Infirmière dans trois communes du Val-de-Marne – Vitry, Villejuif et Thiais -, elle parcourt en moyenne 150 km tous les jours.

« Lundi matin, il ne me restait plus que 170 km dans le réservoir pour faire ma journée, alors sur le temps du midi j’ai cherché une station service jusqu’à Choisy-le-Roi. Le matin, j’ai la boule au ventre de ne pas avoir assez pour assurer les tournées ou même de me retrouver en panne. Ce stress, c’est du temps en moins pour les patients ».

En tout, Sandrine Monteiro fait une quarantaine de passages chez ses patients chaque jour : « certaines personnes ne comprendraient pas de ne pas avoir de soins. On ne peut pas se permettre de rater un passage », souligne-t-elle.

Des chaînes de solidarité entre soignants

David Boyer âgé de  33 ans est infirmier dans l’Oise : « C’est dans toutes les têtes des soignants, la seule préoccupation aujourd’hui c’est l’essence, au détriment des patients. Il faut une nouvelle logistique, on a déjà des journées très chargées, c’est un stress supplémentaire pour nous ».

Avec une soixantaine de patients quotidiens, David Boyer « tient le coup » grâce à l’entraide avec les autres soignants.

« On a recréé les chaînes de solidarité mises en place pendant le Covid. On se donne les bons plans des stations qui nous prennent prioritairement, ou les voitures disponibles de notre entourage. C’est fou, on dirait que l’on n’apprend pas de nos erreurs, cela rappelle la crise du Covid, il n’y a jamais d’anticipation pour les soignants… »

« Du stress permanent »

Albertine Morais est infirmière à Clichy-la-Garenne :

« Ce matin, j’ai perdu une heure trente pour trouver une pompe de gazole pour m’approvisionner sur mon jour de repos. Le pire, c’est que je n’ai pu remplir que 20 litres, juste après moi il n’y avait plus rien. Je vais devoir recommencer d’ici deux jours, je suis déjà en panique ».

Habitant dans le Val-d’Oise et travaillant à Clichy-la-Garenne dans les Hauts-de-Seine, cette soignante libérale parcourt en moyenne une centaine de kilomètres par jour.

« Il aurait fallu mieux organiser les choses pour que les soignants n’en pâtissent pas car à la fin ce sont les patients qui en souffrent. Après le Covid, une nouvelle galère. C’est du stress permanent. Notre métier devient de plus en plus pénible alors qu’on doit garder le sourire tous les jours et réconforter les gens dans leur maladie ».

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