Benalla en appel: 18 mois avec sursis requis contre l’ex-chargé de mission de l’Élysée

Par Epoch Times avec AFP
15 juin 2023 11:14 Mis à jour: 15 juin 2023 11:15

Critiquant les « dérapages inacceptables » d’Alexandre Benalla en marge d’une manifestation le 1er mai 2018 mais estimant la prison ferme « inadaptée », l’accusation a requis mercredi 18 mois d’emprisonnement avec sursis contre l’ex-chargé de mission de l’Élysée à son procès en appel à Paris.

Il s’agit des mêmes réquisitions qu’au procès de première instance. Mais Alexandre Benalla avait finalement été condamné à une peine plus lourde en novembre 2021 : trois ans dont un ferme, sous bracelet électronique. Balayant les arguments du prévenu de 31 ans, qui maintient avoir agi par « réflexe citoyen », l’avocat général Damien Levadou a estimé que son « sentiment de toute-puissance » avait conduit ce « jeune homme brillant » à « se croire au-dessus des lois » et à « succomber aux sirènes de l’illégalité jusqu’à se brûler les ailes ».

L’ancien homme de confiance du président de la République Emmanuel Macron est rejugé depuis vendredi au côté de son ami Vincent Crase, 50 ans, ex-réserviste de la gendarmerie. Ils sont accusés d’avoir brutalisé cinq personnes en voulant les interpeller en marge de la manifestation du 1er mai 2018 à Paris, usurpant la fonction de policier alors qu’ils assistaient au défilé comme « observateurs ».

Des torts difficiles à reconnaître

Au premier jour du procès, Alexandre Benalla avait reconnu les autres infractions qui lui sont reprochées : avoir transmis des images de vidéosurveillance obtenues illégalement, avoir produit un faux courrier à en-tête du chef de cabinet de l’Élysée pour demander un passeport de service et avoir porté illégalement une arme de poing en 2017.

Mais pour les faits commis le 1er mai dans le Ve arrondissement de Paris, qui lui valent d’être poursuivi pour violences volontaires et immixtion dans une fonction publique, il affirme être resté « dans le cadre de la loi ». « Aujourd’hui, je ne le referais pas… », avait-il concédé, mais en raison des conséquences de la tornade du « Benallagate » sur sa vie.

La parution, le 18 juillet 2018, d’un article du Monde l’identifiant sur une vidéo, brutalisant un couple place de la Contrescarpe, avait déclenché « l’affaire Benalla », scandale politique à rebondissements qui avait empoisonné le début du premier mandat d’Emmanuel Macron. « Il est très dommage qu’il soit resté au milieu du gué et n’ait pas consenti à un aveu général assorti d’une sorte de mea culpa bienvenu », a déploré l’avocat général. Au Jardin des Plantes, témoignages et vidéos « attestent sans ambigüité » qu’Alexandre Benalla et Vincent Crase ont participé à l’interpellation de deux hommes, « action qui relève indubitablement des fonctions de la police ».

Même chose pour l’interpellation d’un couple ensuite place de la Contrescarpe, alors qu’« à aucun moment les forces de l’ordre n’ont été débordées », et que les deux prévenus ne peuvent donc pas se draper derrière la disposition qui autorise sous certaines conditions toute personne assistant à un flagrant délit à appréhender son auteur.

Une peine avec sursis plutôt que ferme

S’il est « incontestable que les faits qu’(Alexandre Benalla) a commis sont graves », le représentant du parquet général a toutefois estimé « qu’une peine d’emprisonnement ferme est inadaptée » pour un homme au « casier judiciaire vierge », « inséré dans la société » et « père de famille ».

Aussi a-t-il requis une peine de 18 mois d’emprisonnement avec sursis, l’interdiction de détenir ou de porter une arme pendant 10 ans et l’interdiction d’exercer une fonction publique pendant cinq ans. Pour les violences volontaires, qui n’ont pas entraîné d’incapacité totale de travail, il a demandé 500 euros d’amende. Après avoir créé une société de conseil au Maroc puis en France, Alexandre Benalla est installé depuis deux ans à Genève, où il travaille comme « conseiller du président » d’une petite ONG spécialisée dans la gestion de crises.

Contre Vincent Crase, au moment des faits chargé de la sécurité au parti En marche (aujourd’hui Renaissance), l’avocat général a requis un an de prison avec sursis et l’interdiction de port d’arme pendant 15 ans – là encore comme en première instance. Il a toutefois demandé une relaxe pour les violences à l’encontre d’une jeune femme au Jardin des Plantes, faute de preuves suffisantes. En première instance, Vincent Crase – qui réside désormais au Sénégal – avait écopé de deux ans de prison avec sursis et de la même peine complémentaire.

Le procès doit s’achever jeudi soir.

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