Une bibliothèque norvégienne résiste à la pression de la censure chinoise

Par Eva Fu
8 janvier 2020 17:33 Mis à jour: 1 avril 2021 15:49

Alors qu’une équipe olympique chinoise de ski séjournait dans une ville norvégienne pour s’entraîner, les entraîneurs et les responsables de l’équipe ont demandé à une bibliothèque publique locale de retirer un livre qui avait été censuré en Chine. La bibliothèque a refusé, invoquant la liberté d’expression.

Le livre porte sur le Falun Gong, une discipline spirituelle chinoise composée d’exercices lents et d’enseignements moraux. Comme cette pratique gagnait en popularité, le régime chinois, craignant qu’elle ne constitue une menace pour son autorité, a lancé une campagne de persécution à l’échelle nationale en 1999. Depuis, les pratiquants en Chine ont été arrêtés, torturés, condamnés arbitrairement et soumis au travail forcé.

Au début de la persécution, des livres contenant des informations sur le Falun Gong et ses enseignements ont été confisqués et brûlés. Aujourd’hui, les livres sont toujours interdits en Chine, et l’Internet chinois est inondé de propagande d’État qui diffame la pratique.

« Nous disposons de la liberté d’expression en Norvège, donc il était complètement hors de question de répondre à cette demande », a déclaré Anne Marken, responsable de la bibliothèque de Meråker, à la presse locale Adresseavisen.

Plus de 40 athlètes chinois de ski de fond, ainsi que 15 entraîneurs et managers étaient en Norvège pour s’entraîner en vue des Jeux olympiques d’hiver de 2022 à Pékin, selon le média. Le programme était une collaboration entre les deux pays pour développer les sports d’hiver en Chine, selon les médias chinois.

Anne Marken a déclaré que les chefs de délégation ont demandé à trois reprises à la bibliothèque de retirer le livre des rayons. Ils se sont également renseignés sur le retrait de deux ou trois autres livres de leur collection. La bibliothèque n’a pas précisé les titres des livres.

« Ils ont expliqué que si l’une des équipes de ski chinoises est prise avec les livres interdits, elle risque d’être envoyée dans un camp de travail ou une prison en Chine », a précisé Mme Marken.

En réponse, Anne Marken a déclaré aux délégués que « les livres de la bibliothèque sont à leur disposition ».

« Nous ne pouvons pas retirer le contenu de la bibliothèque à cause de telles demandes », a-t-elle ajouté.

Anne Marken a précisé que quelques jours après la première enquête, ils ont découvert que le livre en question avait été réarrangé sur l’étagère pour apparaître dissimulé derrière d’autres livres. Le 18 décembre, le personnel de la bibliothèque a trouvé plusieurs délégués qui filmaient les livres sur les étagères, ce qui a provoqué des réactions négatives chez les visiteurs de la bibliothèque.

La bibliothèque a transféré des livres en langue chinoise de Deichman, la plus grande bibliothèque publique de Norvège, pour répondre aux besoins de la délégation chinoise de ski, selon le portail d’information norvégien Norway Today.

La bibliothèque Meraker et le gouvernement de la ville n’ont pas répondu aux demandes de commentaires.

Un « mépris total » des droits de l’homme

Bien que le fait de savoir si la délégation sportive avait reçu des directives de Pékin ne soit pas clairement précisé, « ce qui est clair, c’est que tout pays ou organisation qui traite avec des délégations chinoises […] sera probablement sujet à des violations communistes de leurs libertés », a déclaré Levi Browde, directeur exécutif du Centre d’information de Falun Dafa, à Epoch Times. Il a précisé que les autorités chinoises ont constamment fait pression sur les officiels et les groupes occidentaux pour qu’ils gardent le silence sur la persécution du Falun Gong en Chine.

« Ce que cet incident montre aussi de façon douloureuse, c’est que la persécution par le régime chinois des dizaines de millions de personnes qui pratiquent le Falun Gong en Chine reste l’un des sujets les plus sensibles pour les responsables chinois et une priorité absolue pour garder le silence », a poursuivi M. Browde.

Bob Fu, président du groupe de défense des droits de l’homme China Aid, a commenté que ce qui s’est passé à la bibliothèque de Norvège en affirmant que cela « montre certainement à quel point ces délégués chinois sont arrogants ».

« C’est [si ironique d’avoir] peur d’être vu avec de la littérature religieuse comme le [Falun Gong] par ces ‘délégués officiels’ », a déclaré Bob Fu à Epoch Times, ajoutant que l’incident a démontré « le mépris total du régime chinois pour les droits de l’homme et la liberté religieuse ».

Minghui.org, une organisation à but non lucratif basée aux États-Unis qui se consacre à documenter la persécution du Falun Gong, a confirmé plus de 4 300 décès résultant de la campagne de persécution.

Les mots clés et les homonymes qui restent en tête de la liste noire de la censure en ligne du régime, selon les chercheurs, sont des mots relatifs au Falun Gong, au 4 juin (en référence à la répression sanglante des manifestations pro-démocratiques de 1989 sur la place Tiananmen) et au dirigeant chinois Xi Jinping.

Exporter la censure

De la même manière, le régime chinois a cherché à exporter la censure à l’étranger et à faire taire les voix qui critiquent ses dirigeants.

En octobre, un certain nombre de sociétés américaines, dont Apple, la National Basketball Association (NBA) et le développeur de jeux vidéo Blizzard, ont été critiquées pour avoir cédé aux pressions chinoises en supprimant des contenus liés aux manifestations en cours à Hong Kong ou en réduisant au silence les gestes de soutien à ces manifestations.

Le même mois, les autorités chinoises ont refusé de délivrer des visas à un groupe du Congrès américain, après avoir refusé d’annuler une escale à Taïwan. Un représentant des États-Unis a critiqué l’acte du régime comme un « chantage aux visas ». Pékin revendique la souveraineté sur l’île, bien qu’il s’agisse d’une démocratie autonome.

Le 19 décembre, la Chine a annulé deux visites de délégations d’entreprises en Suède, après que le ministre de la culture du pays a remis un prix de la liberté d’expression à Gui Minhai, un éditeur suédois d’origine chinoise qui est emprisonné en Chine. Gui Minhai tenait une librairie à Hong Kong qui publiait des titres critiques à l’égard des dirigeants de Pékin.

« Le message est clair : lorsque vous traiterez avec les délégations chinoises, vous serez contraints de suivre le Parti communiste chinois », a déclaré M. Browde.

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