BlacKkKlansman, j’ai infiltré le Klu klux man

26 août 2018 15:06 Mis à jour: 22 octobre 2018 15:24

Spike Lee est sans doute l’un des réalisateurs les plus intéressants du cinéma américain.

Cette fois-ci, il revient avec un excellent film antiraciste mordant et plein d’humour. BlackkKlansman, j’ai infiltré le Ku klux Klan qui a remporté le Grand prix du festival de Cannes.

Basé sur des faits réels, le film raconte l’histoire d’un policier noir qui a pénétré le Ku Klux Klan. Un thriller militant et hilarant digne de la réputation du réalisateur de Do the Right thing.

Au début années 1970, Ron Stallworth (John David Washington, fils de Denzel Washington qui a incarné le rôle titre dans Malcolm X de Lee) est le premier inspecteur noir dans le Colorado Springs Police Department.

Malgré les remarques racistes que lui font quelques collègues, Ron Stallworth est très motivé dans son nouveau rôle d’inspecteur. Il espère changer la société et faire tomber les murs et les préjugés entre blancs et noirs non pas par la violence mais par l’intégration des afro-américains. Pour cela il devra prouver ses compétences et faire donc l’impossible. Il infiltrera les rangs du Ku Klux Klan et même réussira à se lier d’amitié avec le dirigeant ignoble de l’organisation, David Duke incarné par Topher Grace).

De prime abord c’est un film policier conventionnel, se déroulant dans les années 1970, rappelant d’une certaine manière les films policiers de Sidney Lumet des années 70, comme Serpico (1973) – un policier qui se bat contre la corruption.

C’est en repérant un jour une petite annonce de recrutement dans les rangs du Ku Klux Klan alors qu’il attend une mission qui n’arrive pas qu’il se lance dans cette aventure. Il téléphone au Klan et se présente comme le pire des racistes. Il réussit à impressionner son interlocuteur et obtient un rendez-vous.

Mais étant donné la couleur de sa peau il n’a d’autre choix que d’envoyer un collègue blanc à sa place.

Le sort tombe sur Flip Zimmerman, blanc certes mais comme son nom l’indique – juif.

Un juif et un noir pénètrent les rangs du KKK ce qui donne place à la fois à du suspens et un humour acerbe.

Ron Stallworth ne peut ignorer sa couleur de peau ni se prendre pour un W.A.S.P – et même quand il l’oublie il y a toujours une bonne âme pour se charger de le lui rappeler. Flip Zimmerman, lui, interprété par Adam Driver (Paterson, Star Wars : Les Derniers Jedi) juif non-pratiquant n’a jamais prêté attention à son identité. C’est sa rencontre à grand risque avec le Ku Klux Klan qui va éveiller sa conscience identitaire.

Lee était souvent accusé de représentation presque antisémite de Juifs, (notamment dans son film « Blues » de 1990 qui incluait l’image peu flatteuse de deux frères juifs qui possédaient un club de jazz exploitant les musiciens noirs). Dans BlacKkKlansman, le juif devient le double du noir. Ils partagent le même sort et se serrent les coudes pour mener le même combat contre les racistes.

Spike Lee dédie son film à Heather Heyer, une manifestante antiraciste assassinée pendant les manifestations d’extrême droite à Charlottesville, en 2017.

Naissance d’une nation

BlacKkKlansman intègre des films d’archives des émeutes mais aussi des films qui ont marqué l’histoire du cinéma, et sont liés étroitement à la condition et la représentation des afro-américains aux États-Unis.

Une des premières scènes du film est celle de Scarlett O’Hara errant parmi les Sudistes blessés dans Autant emporte le vent.

Un des plus beaux moments du film est celui d’un montage parallèle. D’un côté une réunion du Ku Klux Klan pendant laquelle le film Naissance d’une nation, de D.W.Griffith qui a contribué à la renaissance du KKK au début du siècle est projeté. Les participants applaudissent et hurlent en regardant une chasse aux noirs.

En Parallèle de cette réunion se déroule une réunion des étudiants pour la lutte contre le racisme. Les jeunes se réunissent autour d’un vieil homme (Harry Belafonte, qui étaient un des premiers supporter de Civil Rights Movements dans les années 50 et 60) qui raconte le lynchage de Jesse Washington, un jeune ouvrier agricole illettré accusé de viol et de meurtre. Le lynchage de Jesse Washington a eu lieu un an après la sorti du film Naissance d’une nation en 1916, mais a eu tant d’écho dans la presse qu’il marque un moment décisif dans le lynchage des noirs et a aidé finalement à faire cesser le soutien des autorités en faveur de ces actes.

Les faits sont bouleversants. Cette scène magistrale est suivie d’une autre scène fantastique, celle de l’arrivée d’un leader du Black Power qui incite les étudiants à prendre les armes, mais surtout qui parle de leur prise de conscience « Black is beautiful ». La camera cadre uniquement les visages de quelques étudiants éclairés d’une lumière douce, entourés de ce halo doré rappelant les peintures classiques qui évoquent le Christ et ses adeptes.

Le filme regorge d’autres prises de vue dynamiques et surprenantes caractéristiques de Spike Lee.

À l’instar de ses autres films, Spike Lee pointe un doigt accusateur aussi bien envers les noirs qu’envers les blancs. L’extrémisme est le même des deux côtés. La scène finale dans laquelle le drapeau américain apparaît en noir et blanc comme un appel à arrêter le clivage et la violence entre noirs et blancs et à rendre à l’Amérique sa beauté et ses couleurs : « to Make America great again ».

Michal Bleibtreu Neeman

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