Boudé dans les rayons, le bio appelle à l’aide

Par Epoch Times avec AFP
24 février 2023 14:20 Mis à jour: 24 février 2023 15:14

Confrontés à une désaffection sans précédent des consommateurs faisant le tri dans leurs dépenses en pleine crise inflationniste, les agriculteurs et industriels du bio s’agacent de voir le gouvernement rester insensibles à leurs appels au secours, notamment financier.

Du syndicat majoritaire FNSEA à la Confédération paysanne, de l’union des coopératives agricoles à la fédération des industriels spécialisés, les messages d’alerte s’empilent à la veille de l’ouverture samedi du Salon de l’agriculture.

Après dix ans d’une croissance à deux chiffres, le marché du bio est percuté par l’inflation, les consommateurs se rabattant sur des produits moins chers.

L’an dernier, les ventes de bio en supermarché ont reculé de 7,4% sur un an, selon le panéliste NielsenIQ.

Aide conjoncturelle indispensable

« La France laisse les filières bio s’enfoncer dans la crise sans réagir », déplorent dans un communiqué commun des organisations de producteurs et industriels bio.

« Aucune réponse ne nous a été apportée par le gouvernement », regrette la Confédération paysanne.

Dans un rare mouvement d’humeur sur ce sujet, les syndicats FNSEA et Jeunes agriculteurs, les Chambres d’agriculture et la Coopération agricole jugent que la réponse du ministère de l’Agriculture « à ce stade des discussions n’est pas satisfaisante ».

Pour ces quatre organisations, une aide conjoncturelle aux producteurs « est indispensable pour passer la crise ».

60.000 fermes bio en difficulté

« Les 60.000 fermes sur moins de 390.000 engagées en bio méritent aujourd’hui un accompagnement à la hauteur au regard de la crise traversée », défendent-elles.

Elles jugent aussi irréaliste l’objectif officiel d’atteindre 18% de la surface agricole utile française en bio d’ici à 2027, contre 10,3% en 2021. Et ce alors que les conversions sont stoppées faute de débouchés et que des agriculteurs sont incités par des industriels à repasser à une production conventionnelle.

« La déconversion du bio vers le conventionnel, c’est la pire des choses qui puisse nous arriver », a déclaré mercredi le ministre de l’Agriculture Marc Fesneau à des journalistes.

« On est en train d’essayer de regarder comment on peut accompagner ce moment », a-t-il esquissé, rappelant que les commandes des cantines devraient nourrir la demande.

Des objectifs avaient été fixés à la restauration collective, censée introduire au 1er janvier 2022 au minimum 20% de produits biologiques dans ses achats alimentaires. « On est à 6″% aujourd’hui, a dit le ministre.

Lors du précédent Salon de l’agriculture, de même qu’en décembre dernier, le ministère avait annoncé des enveloppes pour aider à financer des campagnes de communication en faveur du bio.

Mais ce sont des aides directes aux producteurs qui sont réclamées.

Recul de production des produits bio d’origine animale

Le recul de la production bio, jusque-là en croissance pour répondre à la demande, est enclenché, en particulier sur les produits d’origine animale.

Dans les poulaillers français, le nombre de poulets bio a reculé d’un quart entre 2021 et 2022. Tous modes de production confondus, le recul est bien plus modeste (-4,2% sur un an) dans un contexte général de réduction de la production en raison de la grippe aviaire, selon l’interprofession de la volaille Anvol.

« Depuis quatre, cinq ans toute la filière était montée en gamme », a relevé cette semaine en conférence de presse Jean-Michel Schaeffer, président de l’Anvol et de la Confédération française de l’aviculture (CFA), section spécialisée du syndicat agricole majoritaire FNSEA.

« Est-ce qu’on a atteint un point de rupture ? » s’est-il interrogé.

Un poulet bio est vendu de l’ordre de trois fois plus cher qu’un poulet standard, du fait du recours à des races qui grandissent plus lentement, sont moins nombreuses, peuvent évoluer à l’air libre et sont nourries exclusivement avec des aliments bio.

La production excédant la demande, des industriels sont contraints de vendre au prix du conventionnel des produits payés aux agriculteurs au prix du bio.

Le leader du lait Lactalis a indiqué avoir ainsi dû « déclasser » plus de 40% du lait collecté auprès des éleveurs bio sous contrat avec lui, un niveau « jamais connu jusqu’alors ».

Les consommateurs, observe Lactalis, « s’éloignent des produits bio en faveur d’autres produits et se laissent également tenter par des offres alternatives concurrentes axées sur le local ou le pâturage ».

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