Brésil: une zone aussi vaste que la Grande-Bretagne colonisée par des termites

26 novembre 2018 16:23 Mis à jour: 26 novembre 2018 16:28

Depuis des milliers d’années, des colonies de termites ont bâti dans le Nord-est du Brésil 200 millions de monticules reliés entre eux par des tunnels, sur une surface équivalente à celle de la Grande-Bretagne, créant un paysage lunaire rendu aujourd’hui visible par la déforestation. « C’est le plus grand exemple connu de construction sur la surface de la terre par une seule espèce (en dehors de l’être humain), le tout bâti par un insecte mesurant environ 1 centimètre », explique à l’AFP Roy Funch, biologiste américain naturalisé brésilien.

Cet insecte, c’est le « Syntermes dirus », une espèce de termites qui a déplacé sur 3.800 ans une quantité de cubes de terre équivalente à « 4.000 pyramides de Gizeh », selon un article publié récemment par M. Funch et trois autres scientifiques (deux Américains et un Britannique) dans la revue Current Biology. Ces monticules de 2,5 mètres de haut et neuf mètres de diamètre sont connus sous le nom de « murundus » par les habitants locaux.

Pendant des siècles, ils ont été recouverts par la caatinga, végétation d’arbustes épineux de cette région pauvre et semi-aride du Brésil. Mais la déforestation est passée par là, rendant plus visible ce paysage impressionnant façonné par les termites, dont plus de 90% est situé sur le territoire de l’Etat de Bahia, au cœur du Nord-est brésilien. Des images par satellite ont permis d’établir que les « murundus » couvrent une surface d’environ 230.000 km², aussi vaste que la Grande-Bretagne, plus de la moitié de la France métropolitaine.

« Grâce à ces images, nous nous sommes rendus compte de toute l’ampleur de ce phénomène, de son importance scientifique », affirme Roy Funch. Les images publiées par les chercheurs montrent de vastes étendues de terre jonchées de ces monticules en forme de cônes, tous pratiquement identiques.  Autre détail saisissant: ils sont distribués de façon régulière dans l’espace, à une vingtaine de mètres les uns des autres.

L’analyse d’échantillons recueillis sur 11 monticules a permis d’établir leur dernière exposition au soleil et de déterminer ainsi que le plus ancien date de 3.820 ans et le plus récent de 690 ans. L’étude montre également que ces termitières ne sont que la face visible d’une gigantesque « cité souterraine », chaque « murundu » étant doté d’un tunnel vertical qui le connecte à un immense réseau.

« Apparemment, ces monticules ne sont pas des nids de termites. Il s’agit seulement de déjections de la terre creusée continuellement par les termites », précise M. Funch.  Ce réseau souterrain a été construit pour protéger les « Syntermes dirus » des dangers du milieu « inhospitalier de la surface ». Ces tunnels ne sont jamais ouverts sur la surface, ce qui a permis aux scientifiques de conclure qu’il ne s’agissait pas d’un système de ventilation, mais bien d’un immense ensemble de voies de communication, une sorte de réseau routier souterrain.

La nuit, des groupes de 10 à 50 termites, émergent temporairement de ces monticules à la recherche de nourriture. Ils parviennent à la surface grâce à des tunnels verticaux de 8 millimètres de diamètre creusés sur le moment par des termites ouvriers. Une fois utilisés, ces tunnels sont scellés hermétiquement. « Nous n’avons pas encore d’idée claire sur l’architecture de ces cités souterraines. Il doit y avoir un lieu spécial pour la reine, d’autres pour s’occuper des nouveaux-nés, des espaces pour conserver la nourriture », décrit le biologiste. « Le tout est connecté par un grand nombre de tunnels, mais ce sont des structures encore méconnues par la science », conclut-il.

DC avec AFP

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