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Bruno Retailleau pose les conditions des Républicains pour participer au gouvernement

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La façade du siège des Républicains à Paris avec leur logo, le 9 septembre 2025.

Photo: BASTIEN OHIER/Hans Lucas/AFP via Getty Images

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Durée de lecture: 4 Min.

Dans un contexte politique français marqué par l’instabilité et la recherche d’équilibres délicats, Bruno Retailleau, président des Républicains (LR), a clairement défini dimanche les contours de l’engagement de sa formation politique dans le gouvernement dirigé par Sébastien Lecornu.
Lors d’un rassemblement militant organisé à Drusenheim, dans le Bas-Rhin, l’actuel ministre de l’Intérieur démissionnaire a établi des lignes rouges infranchissables qui conditionnent toute participation républicaine à l’exécutif.
Des principes non négociables
« Je pose deux limites pour que les conditions soient remplies pour que nous participions au gouvernement », a déclaré Bruno Retailleau devant les militants rassemblés. Ces deux conditions structurent sa vision politique : d’une part, « l’intérêt supérieur de la nation, de la France », et d’autre part, « nos convictions ». Cette double exigence révèle la volonté des Républicains de ne pas sacrifier leur identité politique sur l’autel des compromis gouvernementaux.
Le leader républicain a particulièrement insisté sur le rejet catégorique de certaines mesures réclamées par la gauche, notamment la controversée taxe Zucman. Cette proposition fiscale, élaborée par l’économiste Gabriel Zucman, prévoit l’instauration d’un impôt plancher de 2% sur les patrimoines excédant 100 millions d’euros. Pour Retailleau, cette mesure représente un danger économique majeur : « Avec cette taxe-là, nos propres entreprises pourraient s’enfuir, on pourrait assister à une délocalisation. »
L’enjeu budgétaire au cœur des négociations
La question prend une dimension particulièrement stratégique dans le contexte actuel, où le Premier ministre Sébastien Lecornu a besoin du soutien conjoint des Républicains et du Parti socialiste pour faire adopter son budget. Le PS, ayant intégré la taxe Zucman dans son projet de contre-budget, place ainsi l’exécutif dans une position délicate, pris entre les exigences contradictoires de ses potentiels alliés.
Cette situation illustre parfaitement les tensions qui traversent l’échiquier politique français, où la droite et le centre manifestent une opposition franche à cette mesure fiscale, tandis que la gauche en fait un élément central de ses revendications budgétaires.
Immigration et politiques sociales : des lignes de fracture persistantes
Au-delà des questions fiscales, Bruno Retailleau a également mis l’accent sur deux autres domaines fondamentaux pour son parti : la politique migratoire et la lutte contre ce qu’il qualifie d' »assistanat ». Sur l’immigration, il a posé une question rhétorique révélatrice : « Si demain, on me disait ‘mais Bruno, fais-toi une raison, la gauche française ne veut pas entendre parler de durcissement sur l’immigration’, que devrions-nous faire, nous trahir ? »
Cette position reflète l’ADN sécuritaire des Républicains et leur volonté de maintenir une ligne ferme sur les questions migratoires, même dans un contexte de coalition gouvernementale. De manière similaire, la question de l’assistanat social constitue un marqueur idéologique fort pour la droite républicaine, qui prône une approche plus restrictive des aides sociales.
Les risques de la confusion politique
Le président des Républicains a également alerté sur les dangers d’un gouvernement aux contours idéologiques flous. Selon lui, « cette espèce de confusion, ce mélange droite-gauche, avec un cap qui ne serait pas clair » profiterait ultimement « aux deux ailes radicales » : le Rassemblement national et La France insoumise.
Cette analyse révèle une préoccupation stratégique majeure : éviter que les formations modérées ne s’affaiblissent mutuellement au profit des extrêmes. Pour Retailleau, la clarté des positions politiques constitue un rempart contre la radicalisation de l’électorat.
Vers un équilibre gouvernemental incertain
Les déclarations de Bruno Retailleau dessinent ainsi les contours d’une négociation complexe, où chaque camp devra faire des concessions sans renier ses fondamentaux. La réussite de cette équation politique déterminera non seulement la stabilité du gouvernement Lecornu, mais aussi l’avenir des équilibres politiques français dans un contexte de forte polarisation.
Avec AFP