Traite d’êtres humains : des femmes et des enfants commandés « comme des pizza » en Californie

Par Scott Ringwelski
16 novembre 2019 13:09 Mis à jour: 16 novembre 2019 13:11

Le comté d’Orange, en Californie, dont le revenu médian des ménages est de 77 793 € (86 000 $), est souvent considéré comme une région relativement sûre, riche et conservatrice, peu susceptible d’être associée à la traite des êtres humains. Mais les recherches ont révélé que le comté est une destination pour les trafiquants.

Le groupe de travail officiel sur la traite des êtres humains du comté d’Orange (OCHTTF), créé pour lutter contre l’exploitation sexuel et l’exploitation au travail en temps réel dans le comté, a publié son dernier rapport des victimes en 2019. Environ 80 % des victimes et des trafiquants du comté d’Orange se rendent dans la région à partir d’autres parties de la région, de l’État et de tout le pays.

« Cela est dû en partie aux attractions touristiques, aux installations sportives, aux villes balnéaires et à la population aisée du comté d’Orange », indique le rapport (pdf). « Les trafiquants amènent leurs victimes en espérant avoir une abondance de clients et des profits plus élevés. »

Au cours des deux dernières années, 415 victimes du commerce des êtres humains ont été secourues dans le comté, contre 509 en 2015 et 2016 et 371 en 2013 et 2014. Selon le rapport de l’OCHTTF, centre de lutte contre la traite, 73 % des victimes ont été de nouvelles victimes en 2017 ou 2018. Sur ce total, 87 % faisaient l’objet d’un trafic dans le commerce du sexe et 12 % étaient soumis au travail forcé.

L’événement du 74e anniversaire du chapitre du comté d’Orange des Nations Unies, tenu le mois dernier, a mis en lumière cette tragédie locale. Les Nations Unies définissent la traite des êtres humains comme « l’esclavage moderne », c’est-à-dire le recours à la menace, à la force, à la tromperie ou à la coercition à des fins d’exploitation.

Kelly Galindo, professeure de cinéma et d’arts médiatiques au Dodge College de l’Université Chapman, a réalisé une série de documentaires sur le trafic sexuel intitulée « 26 secondes ». Elle a rendu visite et filmé des survivantes d’esclaves sexuels dans le monde entier, notamment en Thaïlande, en Irak, au Cambodge, en Inde, en Afrique orientale, au Mexique et aux États-Unis.

« Cela peut paraître étrange, mais de tous les endroits que j’ai visités, c’est ici, dans le comté d’Orange, que j’ai connu davantage la peur – des proxénètes coriaces et beaucoup d’armes à feu », explique Mme Galindo.

Le titre du documentaire de Kelly Galindo fait référence à la statistique de l’ONU selon laquelle toutes les 26 secondes, un enfant est victime de ce commerce quelque part dans le monde. Chaque épisode de la série guide le public à travers l’expérience et le point de vue d’une survivante dans un pays particulier.

Malgré les efforts continus pour mettre un stop à la traite à des fins commerciales, la technologie facilite l’accès aux victimes de la traite beaucoup plus facilement qu’autrement nous rappelle-t-elle.

« Nous vivons dans ce monde en ligne étonnant, mais horrifiant, où quel que soit l’endroit d’où nous sommes, nous pouvons commander des femmes et des enfants comme des pizzas », a martelé Mme Galindo. « Ils sont livrés soit à l’hôtel soit au domicile du client. Le niveau de saturation est à une toute nouvelle intensité croissante. »

Paul Chang, coordonnateur régional de la lutte contre la traite des êtres humains au Département du travail des États-Unis, révèle que les personnes qui cherchent désespérément du travail courent un risque plus élevé d’être victimes de ce type de commerce.

« La première façon de piéger les gens dans le trafic sexuel est de les piéger par le biais de fausses offres d’emplois. Elle représente 43 pour cent de la chaîne d’approvisionnement et de la demande. D’autres sont vendus par des membres de la famille, des décrocheurs de familles d’accueil, et même ceux qui sont attirés par ce qu’on appelle l’amour », explique-t-il.

Linh Tran, l’administratrice de groupe de travail sur la traite des êtres humains du comté d’Orange, a déclaré que les vulnérabilités développées chez les enfants dans les foyers brisés les exposent également à un risque plus élevé d’être victimes de traite. Les jeunes victimes sont forcées de s’acquitter de tâches allant de la prestation de services sexuels à la livraison de drogues et même au mariage.

Elle a déclaré que les trafiquants locaux peuvent rapidement et facilement gagner plus d’argent en vendant des jeunes femmes dans le comté d’Orange que dans les comtés de Riverside ou de San Bernardino.

« On peut vendre une fille ici pour un prix moyen de 723,7 € (800 $) à environ 904,5 € (1 000 $) la nuit », affirme Linh Tran.« Cela équivaut à huit ou dix clients différents que la fille serait forcée de solliciter ce soir-là. »

Depuis 2004, le groupe de travail du comté d’Orange a aidé plus de 1 037 victimes de la traite des êtres humains, grâce à un large éventail de partenariats de quartier et de bénévoles pour la prévention et l’aide à la réadaptation après le sauvetage. En 2010, l’Organisme a été l’un des trois groupes de travail identifiés comme un modèle de lutte contre l’exploitation des personnes par le ministère américain de la Justice.

Melissa Hoon, ancienne étudiante de Chapman et conseillère diplômée de l’État de la Californie pour les victimes d’agression sexuelle et de traite des êtres humains, a déclaré que l’exploitation des personnes est le crime le plus invisible qui soit.

« La traite des êtres humains dans le comté d’Orange est cachée bien en vue, juste sous nos yeux », a déclaré Mme Hoon. « C’est l’une des atrocités les moins connues et ça se passe dans notre propre arrière-cour.

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