Canal du Panama, ONU, espionnage, etc. : les derniers déplacements du PCC sur l’échiquier mondial

Par Germain de Lupiac
1 mai 2025 16:19 Mis à jour: 1 mai 2025 17:04

Dans la compétition internationale, la Chine est le premier adversaire des démocraties occidentales et ne cache pas ses ambitions de devenir la première puissance mondiale à l’horizon 2049, année du centenaire de la création du Parti communiste chinois (PCC).

Voici une vue d’ensemble sur les derniers pions avancés au niveau mondial par le PCC pour le mois d’avril 2025. Retrouvez les articles de la série ici.

● Allemagne: le procès de deux espions présumés au profit du PCC

Le parquet fédéral allemand a annoncé le 29 avril la mise en accusation de deux personnes soupçonnées d’espionnage pour les services de renseignement chinois, dont un ancien collaborateur du député allemand de l’AfD Maximilian Krah.

L’institution basée à Karlsruhe a requis un procès contre l’homme identifié lors de son arrestation comme « Jian Guo ». Ce citoyen allemand était « employé depuis 2002 par un service secret chinois », a-t-elle affirmé dans un communiqué.

Le parquet a aussi mis en accusation une autre agente présumée des renseignements chinois, désignée comme « Yaqi X. ». Elle est soupçonnée d’avoir livré à Jian Guo des informations liées notamment au domaine du transport d’équipements militaires, ainsi que sur des individus « ayant des liens avec une entreprise allemande d’armement ».

Yaqi X., qui avait été arrêtée fin septembre 2024, était employée par une entreprise qui fournit des services logistiques à l’aéroport de Leipzig/Halle. Survenue juste après l’arrestation de trois autres agents chinois présumés par les autorités allemandes, dont le procès commencera mi-mai, celle de Jian Guo avait nourri les craintes d’interférences de Pékin dans la politique de l’UE.

● Le régime chinois déploie des ONG à sa solde à l’ONU, selon une enquête

Le PCC déploie un nombre croissant d’organisations se faisant passer pour des ONG dans les instances de l’ONU pour intimider et surveiller les militants défenseurs des droits de l’homme, dévoile le consortium international des journalistes d’investigation (ICIJ) dans une enquête rendue publique le 28 avril.

L’un des volets de l’enquête, baptisée « China targets » et fruit du travail de 42 médias, porte sur l’offensive de Pékin au sein du Conseil des droits de l’homme des Nations unies à Genève.

Des organisations non gouvernementales pro-chinoises investissent les sessions du Conseil pour faire l’éloge du PCC et présenter des comptes-rendus dithyrambiques de ses actions, en contradiction totale avec les conclusions des experts et des rapports de l’ONU faisant état de violations généralisées des droits de l’homme.

Selon l’ICIJ, sur 106 ONG chinoises de Chine continentale, de Hong Kong, de Macao et de Taïwan enregistrées auprès de l’ONU, 59 entretiennent des liens étroits avec le gouvernement ou le Parti communiste chinois.

Lors d’un examen régulier en 2024 du bilan de la Chine en matière de droits de l’homme, plus de la moitié des ONG qui se sont vu accorder un temps de parole étaient des organisations pro-PCC.

« C’est malhonnête », a réagi Michele Taylor, ambassadrice des États-Unis au Conseil des droits de l’homme de 2022 jusqu’à janvier 2025.

● Les Philippines nient que la Chine a pris le « contrôle » d’un îlot disputé

Les Philippines ont nié le 28 avril que la Chine avait pris le « contrôle » d’un îlot disputé par les deux pays en mer de Chine méridionale, jugeant « irresponsables » des informations de la télévision d’État chinoise CCTV.

« L’affirmation des garde-côtes chinois selon laquelle (l’îlot) a été pris n’est en aucune façon vraie », a déclaré un porte-parole du Conseil de sécurité philippin, Jonathan Malaya.

Ce responsable a estimé que la diffusion par CCTV de cette information relevait d’une manœuvre d’intimidation et de harcèlement » médiatique « irresponsable ». Les garde-côtes philippins ont eux aussi dit avoir débarqué sur l’îlot.

La Chine revendique la quasi-totalité des îlots et récifs de la mer de Chine méridionale et les accrochages maritimes avec les Philippines se sont multipliés ces derniers mois.

● La France veut un duo UE-Chine sur le climat

La France souhaite un « front commun » de la Chine et de l’Union européenne sur la lutte contre le changement climatique afin de compenser le retrait de Washington de la scène diplomatique sur ce sujet, a déclaré le 24 avril la ministre de la Transition écologique, Agnès Pannier-Runacher. La Chine est de loin le plus gros pollueur de la planète.

La Chine et l’UE doivent confirmer leur objectif de réduction de gaz à effet de serre pour 2035, censé être dévoilé bien en amont de la COP30 qui se déroulera en novembre au Brésil.

La volonté française de voir émerger un duo Chine-UE en lieu et place du dialogue bilatéral entre Washington et Pékin se heurte toutefois à la division des Européens. « La Chine ne sait pas à qui s’adresser en Europe », note un négociateur du continent s’exprimant sous couvert d’anonymat. Les 27 États membres se disputent en outre sur l’objectif de 90 % de réduction des gaz à effet de serre d’ici 2040 par rapport à 1990, proposé par la Commission européenne, mais des pays – dont l’Italie – réclament 80 ou 85 %. La France n’a pas dévoilé sa position.

● L’Iran et la Chine veulent renforcer leur confiance mutuelle

La Chine est le plus grand partenaire commercial du régime iranien et l’un des principaux acheteurs de son pétrole sous sanctions. En 2021, la Chine a signé avec l’Iran un vaste accord stratégique d’une durée de 25 ans. Ce grand partenariat couvre des domaines aussi variés que l’énergie, la sécurité, les infrastructures et les communications.

La Chine a déclaré le 22 avril espérer des échanges « approfondis » avec le ministre iranien des Affaires étrangères, Abbas Araghchi, lors d’une visite visant à « renforcer la confiance politique mutuelle ».

La Chine est l’un des pays signataires de l’accord international sur le nucléaire conclu en 2015 avec l’Iran, mais devenu caduc à la suite de la décision des États-Unis de s’en retirer trois ans plus tard, sous la première présidence de Donald Trump.

L’accord de 2015 prévoyait la levée des sanctions internationales visant l’Iran en échange d’un encadrement de son programme nucléaire par l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA).

● Volodymyr Zelensky accuse la Chine de « fournir des armes » à la Russie et de l’aider à en produire

Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a accusé le 18 avril la Chine de « fournir des armes » à la Russie et de participer à la « production de certaines armes » sur le territoire russe, montant encore d’un cran dans ses critiques envers Pékin.

« Nous avons enfin reçu des informations selon lesquelles la Chine fournit des armes à la Russie, […] nous pensons que des représentants chinois sont impliqués dans la production de certaines armes sur le territoire de la Russie », a déclaré M. Zelensky lors d’une conférence de presse.

L’Ukraine avait déjà annoncé avoir capturé deux ressortissants chinois qui combattaient au sein de l’armée russe et Volodymyr Zelensky avait déjà accusé la Chine d’être « impliquée » dans le conflit, assurant que « plusieurs centaines » de citoyens chinois combattaient dans les rangs de l’armée russe – des accusations dénoncées comme « sans fondement » par Pékin.

● Le prochain sommet UE-Chine doit se tenir en juillet en Chine

Le prochain sommet entre l’UE et la Chine doit se tenir en juillet en Chine, a annoncé un porte-parole du Conseil européen, l’instance représentant les 27 pays membres.

Ce sommet doit marquer les 50 ans de la relation entre Bruxelles et Pékin. Il interviendra à un moment où le bloc européen cherche de plus en plus à diversifier ses partenaires commerciaux.

Le leader chinois Xi Jinping a également tendu la main à l’UE, l’invitant à mutualiser leurs forces pour « résister » aux nouveaux tarifs douaniers de Washington visant à rééquilibrer la balance commerciale.

● L’Australie rejette l’appel de la Chine à s’unir dans le contexte de la “guerre commerciale”

L’Australie a rejeté l’appel de la Chine à faire cause commune en matière commerciale le 10 avril, alors que Pékin est en quête de partenaires pour tenter de contrer les droits de douane additionnels américains, portés à 125 % contre Pékin.

L’ambassadeur de Chine en Australie, Xiao Qian, a exhorté le pays et d’autres partenaires commerciaux à « répondre ensemble aux changements mondiaux », dans une tribune publiée par le quotidien Sydney Morning Herald.

Toutefois, le ministre australien de la Défense australien, Richard Marles, s’est empressé de refuser cette offre. « Nous n’allons pas faire cause commune avec la Chine, ce n’est pas ce qui va arriver », a-t-il déclaré à la chaîne Nine News. « Je ne pense pas que nous tiendrons la main de la Chine. »

« Nous ne voulons pas voir une guerre commerciale entre l’Amérique et la Chine, pour être clair, […] notre objectif est vraiment de diversifier nos échanges ». L’Australie est un allié clé des États-Unis en matière de sécurité en Asie-Océanie, une région confrontée à la montée en puissance militaire, économique et diplomatique de Pékin.

● Le PCC étend sa présence militaire au canal de Panama

Le secrétaire à la Défense américain, Pete Hegseth, a affirmé que les États-Unis doivent faire preuve « de fermeté » avec Pékin.

« Nous ne cherchons pas la guerre avec la Chine. Et la guerre avec la Chine n’est certainement pas inévitable. Nous ne la cherchons sous aucune forme. Mais ensemble, nous devons prévenir la guerre en faisant preuve de fermeté et de vigueur face aux menaces de la Chine dans cet hémisphère », a déclaré M. Hegseth le 9 avril lors d’une conférence régionale sur la sécurité à Panama.

Devant un parterre de responsables militaires et sécuritaires d’Amérique centrale, M. Hegseth a estimé que des entreprises chinoises « s’approprient des terres, des infrastructures critiques dans des secteurs stratégiques tels que l’énergie et les télécommunications » et que « l’armée chinoise a une présence trop importante dans l’hémisphère occidental », « exploite des installations militaires », « exploite les ressources nationales et les terres pour alimenter ses ambitions militaires mondiales ».

Dans un discours prononcé à l’une des entrées du canal interocéanique, le secrétaire à la Défense avait déjà averti que « les États-Unis ne permettront pas à la Chine communiste ou à tout autre pays de mettre en péril le fonctionnement ou l’intégrité du canal ». Le PCC « ne se servira pas de ce canal comme d’une arme. Ensemble, avec le Panama, nous assurerons sa sécurité », a-t-il ajouté.

Les États-Unis, qui ont creusé le canal et l’ont ouvert en 1914, en ont cédé le contrôle au Panama en 1999. Mais le président Trump a déclaré vouloir le « reprendre » au motif qu’il serait en sous-main contrôlé par Pékin. Les États-Unis et la Chine sont les deux principaux utilisateurs du canal, par lequel transitent 5 % du commerce maritime mondial.

● Suède : un homme soupçonné d’espionnage de Ouïghours au profit du régime chinois

Un procureur suédois a requis le 9 avril la détention provisoire d’un homme soupçonné d’espionnage aggravé au profit de la Chine visant des membres de la communauté ouïghoure en Suède.

Selon le site des services de renseignement suédois (Säpo), l’espionnage de réfugiés, ou activité de renseignement illégale contre des personnes – crime dont est soupçonné l’homme -, désigne des opérations de renseignement ciblant des opposants politiques ou d’autres groupes minoritaires présents en Suède. « Ce type d’espionnage est souvent mené par des États autoritaires et non démocratiques », précise Säpo.

Les Ouïghours, des musulmans sunnites, représentent le principal groupe ethnique du Xinjiang (nord-ouest de la Chine). Pékin est accusé de détenir plus d’un million de Ouïghours et d’autres musulmans dans sa région du nord-ouest, dans le cadre d’une campagne qui, selon l’ONU, pourrait constituer des « crimes contre l’humanité ».

● L’expansion militaire de la Chine est « stupéfiante » pour le secrétaire général de l’Otan

Le secrétaire général de l’Otan, Mark Rutte, a jugé « stupéfiante » l’expansion des forces armées de la Chine, lors d’une visite au Japon le 8 avril visant à « projeter » la puissance de l’alliance dans la région Asie-Pacifique.

« Ne soyons pas naïfs au sujet de la Chine. La montée en puissance de ses forces armées, ses investissements dans l’industrie de défense et dans ses capacités de défense sont stupéfiants, » a déclaré Mark Rutte dans un entretien publié par le Japan Times.

L’Otan a cherché ces dernières années à renforcer ses liens avec le Japon, la Corée du Sud, l’Australie et la Nouvelle-Zélande, invitant leurs dirigeants à participer aux sommets de l’organisation. « Nous devons aller au-delà des déclarations conjointes [… ], rendons cela concret », a déclaré le Néerlandais, qui est devenu Secrétaire général de l’Otan en octobre.

Le Japon a accru sa coopération militaire avec les pays européens et, en novembre, Tokyo et l’Union européenne avaient annoncé un nouveau partenariat en matière de sécurité et de défense.

● Cambodge : inauguration d’une base navale rénovée par la Chine

Le Cambodge a inauguré le 5 avril une base navale rénovée par la Chine, mais cette dernière n’en aura pas l’usage « exclusif », a assuré Phnom Penh, alors que Washington s’inquiète de l’influence grandissante de Pékin dans la région.

« Il n’y a rien à cacher » à propos de cette base navale, située à Ream (sud-ouest), a affirmé le Premier ministre cambodgien Hun Manet lors d’un discours, précisant que des bateaux d’autres États pourraient y mouiller.

Washington craint que cette base, donnant sur le golfe de Thaïlande, n’offre une position stratégique à Pékin aux portes de la mer de Chine méridionale voisine, que le géant asiatique revendique quasi intégralement.

Phnom Penh est un allié de longue date de Pékin. Sous Hun Sen, le père d’Hun Manet, qui a dirigé le Cambodge d’une main de fer pendant près de 40 ans, la Chine a investi des milliards de dollars dans les infrastructures de son partenaire, profitant d’une détérioration des relations entre celui-ci et Washington ces dernières années.

La deuxième économie mondiale contribue depuis 2022 à la rénovation de la base navale de Ream, construite au départ avec l’aide de fonds américains.

● Les États-Unis ne laisseront pas le Groenland devenir « dépendant » de la Chine

Les États-Unis ne laisseront pas le Groenland devenir « dépendant » de la Chine, a affirmé le 4 avril le secrétaire d’État américain Marco Rubio, interrogé sur cette île arctique, un territoire autonome du Danemark que convoite l’administration de Donald Trump.

« Nous ne laisserons pas la Chine venir et leur offrir plein d’argent pour qu’ils deviennent dépendants de la Chine », a-t-il déclaré à l’issue d’une réunion ministérielle de l’Otan à Bruxelles.

Le chef de la diplomatie américaine a également évoqué la visite fin mars du vice-président américain J.D. Vance au Groenland, qui avait provoqué l’ire du Danemark. Selon lui, le vice-président a « clairement indiqué qu’il respecterait le droit à l’autodétermination des Groenlandais ».

● La Chine se dote de barges pour une éventuelle invasion de  Taïwan

Des barges immenses qui pourraient un jour servir à débarquer des équipements lourds et des milliers de soldats chinois dans le cadre d’une éventuelle invasion de Taïwan, ont été aperçus au sud de la Chine.

Pékin a lancé début avril des manœuvres militaires de grande ampleur dans le détroit de Taïwan, visant notamment à éprouver sa capacité à frapper des cibles stratégiques, comme les ports et les infrastructures de l’île revendiquée par Pékin.

Dans une note, le US Naval College a révélé que l’armée chinoise possède un nouveau dispositif : des barges pouvant se raccorder via des rampes extensibles pour former une jetée de 820 mètres de long permettant d’aller des eaux profondes jusqu’à la terre.

● Colombie: saisie de 49 tonnes de coltan et d’étain destinés à la Chine

La police colombienne a annoncé le 2 avril avoir saisi 49 tonnes de coltan et d’étain extraits illégalement par des guérilleros dans une zone de forêt frontalière avec le Venezuela, qui étaient sur le point d’être exportées vers la Chine.

Les autorités estiment la valeur de la saisie, l’une des plus importantes pour le coltan extrait illégalement en Colombie, à 1,2 million de dollars.

La demande mondiale est très forte pour ce minerai dont est extrait le tantale, essentiel à la fabrication d’équipements électroniques tels que les téléphones portables, les ordinateurs et l’armement.

Le chargement, issu d’un groupe dissident des ex-Farc (Forces armées révolutionnaires de Colombie) a été intercepté dans la ville de Villavicencio (centre) et provenait de l’exploitation minière illégale dans le Guainia et le Vichada (est), deux départements forestiers presque inhabités et très riches en biodiversité, limitrophes du Venezuela.

« Il était destiné à être commercialisé sur le marché international, avec la Chine comme destination finale via le port de Carthagène des Indes », a indiqué dans un communiqué le brigadier général José James Roa Castañeda, directeur des carabiniers et de la protection environnementale.

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