Cartel des Soleils : le plan clandestin de Nicolas Maduro pour semer le chaos au Venezuela
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Le ministre vénézuélien de la Défense, Vladimir Padrino Lopez, s'exprime lors d'un déploiement militaire en soutien au président vénézuélien Nicolas Maduro, avenue Bolivar à Caracas, le 23 septembre 2025. Le président du Venezuela a annoncé son intention de déclarer « l'état d'instabilité extérieure » pour contrer la pression des États-Unis.
Plus qu’une mesure désespérée, l’annonce du décret d’état d’urgence extérieure représente le point de départ d’un plan stratégique ambitieux conçu par le régime de Nicolás Maduro et le Cartel des Soleils pour intensifier la guerre menée à plusieurs niveaux que connaît la région. Cette annonce, faite depuis Caracas, correspond à une feuille de route de confrontation hybride combinant des mécanismes juridiques, une mobilisation militaire, une énorme machine de propagande internationale et des réseaux criminels.
Les objectifs de ce plan comprennent la création de réalités confuses, la recherche d’un soutien délibéré d’alliés pour renverser la politique de pression maximale menée par le président américain Donald Trump, et l’avancement d’un processus continental — visant à délégitimer le système démocratique —, impulsé par la Chine, la Russie et leurs satellites, tels que Cuba et le Nicaragua.
Première phase : protection juridique et mobilisation de la propagande
Selon un rapport interne, la première phase du plan comprend des mesures urgentes visant à consolider une protection juridique et une mobilisation propagandiste. À cet égard, le décret promulgué le 23 septembre 2025 s’appuie sur l’article 338 de la Constitution vénézuélienne, qui habilite l’exécutif à décréter l’état d’urgence extérieur ou intérieur en cas de menaces mettant en danger la sécurité nationale.
Selon la pratique juridique en vigueur, ce type d’état d’urgence peut avoir une durée initiale allant jusqu’à 90 jours, prolongeable de 90 jours supplémentaires si les conditions persistent.
Le régime a présenté ce décret comme un instrument visant à « protéger constitutionnellement » ses actions contre de prétendues agressions extérieures, mais les critiques juridiques avertissent qu’il permet de restreindre les libertés, de concentrer les décisions entre les mains de l’exécutif et d’accroître la militarisation de la sphère civile.
Cette démarche n’est pas innocente : elle sert d’écran de fumée pour légitimer les restrictions, la censure, la persécution politique et le contrôle institutionnel tout en projetant un discours de défense nationale.
Deuxième phase : création d’une zone grise
La deuxième phase du plan équivaut à la consolidation d’un chaos constant et d’une fausse dissuasion militaire. C’est pourquoi le régime mise sur ce que l’on appelle en doctrine militaire une « zone grise » : une zone de confrontation où le seuil d’une guerre ouverte n’est pas franchi, mais où des menaces, des simulations et des déploiements sont utilisés pour créer un effet psychologique.
Les exercices se multiplient sur l’île de La Orchila et d’autres bases stratégiques afin de montrer une présence militaire.
On promeut les unités dites de réaction rapide (URRAS), des unités qui, en théorie, seraient préparées à une guerre irrégulière, mais dont la véritable force est nébuleuse.
Le régime tente de projeter une dissuasion principalement symbolique, afin que toute tentative d’intervention limitée soit perçue comme une opération coûteuse et risquée pour l’agresseur. Si le pouvoir réel de la FANB est assez limité, la stratégie repose sur la projection, la perception et la saturation psychologique.
Troisième phase : le contrôle de l’histoire par la rhétorique
La troisième phase du plan comprend un élément essentiel : la bataille des narratifs. Le régime insiste dans son discours sur le fait que le Venezuela « résistera cent ans », qu’il est soumis à un « siège impérial » et que la nation doit s’unir contre un ennemi extérieur inexistant. Cette rhétorique remplit plusieurs fonctions : 1) unifier le chavisme face à la « menace extérieure » ; 2) démanteler la dissidence interne en la présentant comme une collaboration avec « l’ennemi » ; et 3) neutraliser le rejet populaire en le transformant en un prétendu devoir patriotique.
Les manuels de guerre affirment que ce type de discours se nourrit du culte du sacrifice et de la peur. Cependant, il existe un fossé entre ce que le chavisme prétend avec son discours et la réalité économique, sociale et militaire, ce qui montre clairement que la majorité des Vénézuéliens ne croient pas aux promesses ni aux discours des principaux chefs de file de la soi-disant révolution bolivarienne.
Des civils armés participent à un déploiement militaire en soutien au président vénézuélien Nicolas Maduro, avenue Bolivar à Caracas, le 23 septembre 2025, M. Maduro faisant état d’ « agressions » des États-Unis, et recevant le soutien de centaines de civils et de militaires armés qui ont manifesté pour sa défense à Caracas. (Photo de Federico PARRA/AFP via Getty Images)
Quatrième phase : activation de la diplomatie mondiale
La quatrième phase du plan de guerre vise à combiner des éléments militaires, liés au trafic de drogue et diplomatiques, en tirant parti des forums internationaux tels que celui qui se tient actuellement à New York, dans le cadre de l’Assemblée générale des Nations unies.
Dans leurs calculs, les stratèges du plan établissent que si l’intervention des États-Unis est limitée, le régime prévoit de recourir à des tactiques de guérilla urbaine, à des attaques sélectives, à des sabotages et à des dénonciations internationales pour épuiser l’adversaire. Si l’intervention américaine était totale, il réserverait des armes stratégiques que seuls les dirigeants clés — Nicolás Maduro, Diosdado Cabello ou Padrino López — contrôleraient pour lancer des attaques contre des installations essentielles.
Selon les documents en notre possession, le modèle promu par Nicolás Maduro et son équipe vise à prolonger le conflit, et non à le gagner rapidement, en provoquant des épisodes d’escalade, d’usure et de manipulation constante à travers plusieurs domaines simultanés :
– Domaine économique : contrebande, financement illicite et réseaux criminels.
– Domaine cognitif/médiatique : utilisation stratégique de la propagande interne et de la pression internationale.
– Domaine diplomatique : dénonciations constantes dans les forums internationaux.
– Domaine territorial : remise sélective de zones au crime organisé et alliances avec des guérillas et des cartels tels que le Tren de Aragua et l’ELN.
Le visage caché du cartel des Soleils
Le nom « cartel des Soleils » (cartel des Soles) est devenu un élément clé dans le contexte de la géopolitique concernant le Venezuela. Le gouvernement présidé par Donald Trump l’identifie comme une structure criminelle impliquant des membres de la haute hiérarchie militaire vénézuélienne. En 2025, le département du Trésor l’a sanctionné en tant qu’entité terroriste, parallèlement au cartel Tren de Aragua et au cartel de Sinaloa.
Le cartel contrôle les voies terrestres, maritimes et aériennes du trafic de drogue et de la contrebande, fonctionnant comme le bras logistique et économique du régime chaviste, selon les dossiers du tribunal du district sud de New York. Cependant, des études critiques soulignent qu’il ne s’agit pas d’une organisation hiérarchique traditionnelle, mais d’un réseau de cellules au sein de l’appareil militaire et étatique. Quoi qu’il en soit, le lien entre le régime et les réseaux illicites ne peut être nié sans sous-estimer l’ampleur du réseau criminel vénézuélien.
Des membres de la milice bolivarienne participent à un déploiement militaire en soutien au président vénézuélien Nicolas Maduro sur l’avenue Bolivar à Caracas, le 23 septembre 2025. (Federico PARRA/AFP via Getty Images)
La contre-offensive des États-Unis : points faibles stratégiques
Bien que ce plan semble ambitieux et bénéficie du soutien de partenaires clés, il présente des points faibles stratégiques qui permettent de comprendre comment le système qui le soutient peut être démantelé.
Parmi les failles importantes, il y a le fait indéniable que la FANB est fragmentée. Plusieurs rapports internes fournissent des détails sur des officiers dissidents qui seraient prêts à soutenir la transition démocratique si l’occasion se présentait.
Un autre point faible du cartel réside dans sa dépendance à la corruption interne et à la fiscalité, ce qui suggère que des mesures de contre-offensive pourraient inclure des boycotts citoyens et la révélation d’activités minières ou de filières de contrebande pour nuire au cartel. Pour sa part, les États-Unis exercent déjà un blocus tacite sur les routes maritimes et aériennes, limitant ainsi les manœuvres du régime et perturbant les flux de drogue et d’argent illicite en provenance et à destination du Nord.
Enfin, des frappes de précision contre des installations clés (bases, dépôts, ports) pourraient paralyser leur capacité opérationnelle avant qu’ils ne consolident leur plan. Les actions futures impliquent des scénarios complexes, qui dépendent tous de la décision des États-Unis d’agir ou non, car l’anticipation est vitale : plus les actions sont exécutées rapidement, moins ils auront de marge de manœuvre pour réagir.
Dimension régionale et message prosélytisme au niveau mondial
Si Nicolás Maduro reste au pouvoir et que son modèle triomphe, il pourrait devenir un symbole pour les régimes autoritaires et les réseaux criminels en Amérique latine. Il démontrerait qu’il est possible de résister à l’Occident en combinant fraude, répression, crime et propagande.
Cette éventualité aurait un impact stratégique dans la région. Les États-Unis et l’OTAN perdraient ainsi leur crédibilité dans leur soutien à la démocratie, tandis que l’insécurité transnationale serait aggravée par un modèle réussi de narco-autoritarisme dans toute la région.
L’heure de la révélation
Rendre public ce plan stratégique n’est pas un simple exercice académique, c’est une obligation morale envers tous les Vénézuéliens. Chaque phase que nous révélons enlève un avantage au régime, met à nu ses contradictions et renforce la capacité de résistance civique et internationale.
Maduro n’agit plus dans l’ombre ; nous sommes confrontés à une guerre hybride où connaître ses démarches signifie lui arracher le pouvoir. Aujourd’hui, la transparence et l’action conjointe ne sont pas seulement des outils, mais l’espoir que sa stratégie se retourne contre lui, permettant d’ouvrir la voie à un avenir différent pour le Venezuela.
Les opinions exprimées dans cet article sont celles de l’auteur et ne reflètent pas nécessairement celles d’Epoch Times.
Maibort Petit est politologue et chercheuse spécialisée dans la criminalité transnationale organisée et le terrorisme en Amérique latine. Ses travaux portent sur la conception de cadres réglementaires communs renforçant la coopération régionale, le partage de renseignements et la coordination des réponses étatiques aux menaces à la sécurité nationale et continentale. Forte de plus de vingt ans d'expérience, elle a contribué à des forums internationaux sur la gouvernance pénale et la protection des victimes dans des contextes d'emprise institutionnelle.