C’est la question la plus importante dans l’histoire de l’éducation

L’IA de demain ressemblera moins à un moteur de recherche Google qu’à un véhicule. En bref, les gens doivent réellement apprendre à la « conduire ».

Par John Mac Ghlionn
23 septembre 2023 17:03 Mis à jour: 3 octobre 2023 16:15

« L’éducation est notre passeport pour l’avenir ». Cependant, en raison de l’évolution rapide de l’intelligence artificielle (IA), l’avenir semble incroyablement incertain.

Le système éducatif doit s’adapter à la réalité que représente l’IA. Les programmes doivent être réécrits. Le temps presse. Il n’y a qu’un seul problème, et il est de taille : les responsables du système éducatif ne semblent pas l’avoir compris.

En bref, nous ne pouvons pas continuer à éduquer nos enfants de la même manière. Pourquoi ? Parce que le monde de demain sera incroyablement différent de celui d’aujourd’hui. Les compétences requises en 2023 pourraient s’avérer totalement inutiles dans cinq ans.

Après tout, comme l’a récemment souligné un rapport de Goldman Sachs, l’IA représente une menace directe pour deux tiers des emplois aux États-Unis et en Europe. Au total, 300 millions de postes à temps plein risquent d’être transformés. Une étude plus récente suggère qu’au cours des trois prochaines années, 40% de la main-d’œuvre mondiale (environ 1,4 milliard de personnes) devra se reconvertir en raison des effets de l’IA.

Dan Fitzpatrick, également surnommé « l’éducateur de l’IA », est sans doute l’homme le plus compétent au monde lorsqu’il s’agit d’identifier l’écart entre les compétences requises pour faire face à l’invasion de l’IA et les compétences actuellement enseignées aux enfants dans les écoles. M. Fitzpatrick tire la sonnette d’alarme, et pour cause. L’auteur de « The AI Classroom : The Ultimate Guide to Artificial Intelligence in Education » (L’IA en classe : le guide ultime de l’intelligence artificielle dans l’éducation) a parlé en toute franchise du manque de connaissances concernant l’IA dans nos écoles, de même que parmi les enseignants, et des conséquences que cela entraînera pour nous tous un avenir pas si lointain.

Il m’a assuré que toutes les écoles « devaient de toute urgence former leurs enseignants à l’IA, élaborer des programmes d’enseignement de l’IA pour leurs élèves et sortir rapidement de leurs silos éducatifs. »

Pour être clair, M. Fitzpatrick appelle les responsables de l’enseignement « du monde entier » à rechercher activement des opportunités de collaboration « avec l’industrie, le gouvernement et d’autres secteurs de l’enseignement, pour s’informer sur l’impact que pourrait avoir l’IA, afin de pouvoir réellement préparer leurs étudiants à ce nouveau monde et contribuer ainsi à une société en perpétuelle évolution. »

M. Fitzpatrick soutient, de façon plutôt convaincante, qu’il est futile d’insister sur les nombreuses voies que les applications pilotées par l’IA, comme ChatGPT, emprunteront pour rendre les étudiants paresseux. L’IA est déjà là, et sa présence ne fera que s’accentuer. Nous devons accepter cette réalité ou subir les conséquences de notre ignorance.

L’universitaire Rami Gabriel a récemment comparé l’IA à un vampire. Cependant, au lieu de sang, l’intelligence artificielle « aspire nos pensées, nos espoirs et nos rêves. Elle ne mourra jamais, gonflée par l’argent de la recherche, elle se nourrit du monde réel en intégrant l’histoire humaine lors de sa phase d’apprentissage ».

Tel un véritable vampire, poursuit-il, « elle survit en puisant dans notre travail intellectuel et imaginatif et en rendant bon nombre de nos emplois obsolètes. Alors que les individus meurent, nos connaissances combinées survivent dans le ‘sang’ de l’ensemble des données apprises par la machine ».

Le « vampire » est parmi nous, et aucune quantité d’ail n’y changera rien.

(rafapress/Shutterstock)

Comme l’a dit M. Fitzpatrick, l’alphabétisation est un facteur souvent omis lors des discussions sur l’IA.

« Pour bien utiliser l’IA », a-t-il expliqué, « vous devez être bon en termes d’instructions (demander aux modèles génératifs de l’IA ce dont vous avez besoin) ».

Et pour être bon dans ce domaine, il faut posséder de réelles capacités en littératie, bien supérieures à celles de l’homme moyen actuel. Pour ce qui est de la génération d’IA, aussi évident que cela puisse paraître, la qualité de l’entrée dicte la qualité de la sortie.

Pour devenir véritablement compétents en IA, « les étudiants », a souligné M. Fitzpatrick, « vont avoir besoin d’une nouvelle série de compétences ». L’IA de demain ressemblera moins à un moteur de recherche Google, que n’importe quelle personne dotée de quelques neurones peut utiliser, qu’à un véhicule. En bref, les gens devront apprendre à le « conduire ».

M. Fitzpatrick, qui n’est pas du genre à mâcher ses mots, a lancé un avertissement : « Si nous ne commençons pas d’urgence à enseigner à nos étudiants des compétences spécifiques, au lieu de maîtriser l’IA, c’est l’IA qui deviendra leur maître. La chose la plus importante que nous puissions faire pour maintenir notre autonomie est de laisser l’IA faire ce qu’elle fait, afin que nous puissions réfléchir ».

Il semble qu’il s’agisse d’une question urgente, ai-je dit, sans doute la plus urgente dans le domaine de l’éducation. M. Fitzpatrick est d’accord.

« Il n’y a jamais eu de problème plus urgent dans l’histoire de l’éducation », a-t-il répondu. « Pour la première fois, le système éducatif traditionnel est sur le point de commencer à comprendre ce que signifie être sur un marché hautement compétitif. Les entreprises privées d’enseignement en ligne se préparent depuis quelques années à prendre de l’expansion et, grâce à la puissance de l’IA, elles vont désormais offrir une véritable alternative aux méthodes d’éducation de nos enfants. »

Dans ce monde hyper-darwinien, a-t-il ajouté, « il faut s’adapter rapidement ou mourir ».

Selon l’entrepreneur et auteur, la façon dont nous concevons les programmes d’études et gérons les écoles « doit être complètement remaniée« . Le système éducatif n’étant pas en mesure de suivre l’évolution rapide des technologies, « un changement de mentalité doit s’opérer dans le monde de l’éducation ».

J’ai demandé à quoi ressemblerait le monde de l’éducation dans deux ou trois décennies.

Il y a trente ans, a rappelé M. Fitzpatrick, « Microsoft a lancé Encarta, un nouveau moyen de trouver des informations sur notre monde. Il suffit de regarder le chemin technologique parcouru en trente ans et comment nous accédons aujourd’hui à l’information dont nous avons besoin depuis nos appareils et Internet ».

« Nous sommes en 1993 pour l’IA, » a-t-il ajouté. La forme moderne de l’enseignement, a-t-il suggéré, « disparaîtra probablement au profit d’une éducation plus diversifiée offrant un ‘menu’ d’options qui permettra aux parents et aux élèves de créer leurs propres expériences d’apprentissage ».

Devons-nous nous inquiéter ? M. Fitzpatrick pense qu’il y a plus de raisons d’être optimiste que pessimiste.

« D’une manière générale, le système éducatif actuel transforme nos enfants en robots. Il leur apprend à être les rouages de la machine. Beaucoup d’emplois fonctionnent également de cette manière. »

Même si l’IA entraînera de nombreuses « souffrances à court terme », M. Fitzpatrick prédit « que l’IA nous soulagera des mécanismes qui nous transforment en robots. L’action de l’IA nous libérera et nous permettra d’être « plus humains », de nous connecter aux autres et de développer des compétences qui nous donneront vie ».

Les prédictions de M. Fitzpatrick se révéleront-elles exactes ? En vérité, seul l’avenir nous le dira. Ce que nous savons, en revanche, c’est ceci : le système éducatif actuel est mal armé pour faire face à l’arrivée imminente de l’IA.

Pour reprendre les termes de M. Fitzpatrick, nous devons « nous adapter rapidement, ou mourir ».

Les opinions exprimées dans cet article sont celles de l’auteur et ne reflètent pas nécessairement celles d’Epoch Times.

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