Espaces sans enfants : le gouvernement s’attaque aux offres commerciales « no kids »

Photo: NICOLAS GUYONNET/Hans Lucas/AFP via Getty Images
Quelle place pour les enfants dans la société ? Le gouvernement réunit mardi plusieurs fédérations du secteur du tourisme et des transports pour évoquer la tendance « no kids » (« sans enfants »), des offres commerciales jugées « brutales » par l’exécutif qui appelle à ne pas les « laisser s’installer » en France.
Prévue à 14h30, la table ronde doit réunir des représentants de la Fédération nationale de l’hôtellerie de plein air (FNHPA), de la Fédération nationale des résidences de Tourisme (FNRT), de l’Association nationale des élus des territoires touristiques (Anett) ou encore de l’Union nationale pour la promotion de la location de vacances (UNPLV).
La plateforme Airbnb, la Fédération nationale des transports de voyageurs (FNTV) et l’Union des métiers et des industries de l’hôtellerie (Umih) seront également présentes.
Estimé à « 3% de l’offre »
« Il s’agit de faire le point sur l’avancée de cette offre ‘no kids’ et de cette tendance », a déclaré la Haute commissaire à l’Enfance Sarah El Haïry sur RTL. « Considérer de manière brutale qu’un enfant est avant tout une nuisance, ce n’est pas acceptable. »
Cette tendance, qui est « beaucoup plus développée dans d’autres pays européens, dans d’autres pays asiatiques », ce n’est pas « notre philosophie et ce n’est pas ce qu’on a envie de voir dans notre pays », a-t-elle ajouté, précisant avoir « saisi les services juridiques de nos ministères pour faire l’étude de notre droit actuel ».

Un hôtel sur la côte, le 29 juillet 2023 à Lardos sur l’île de Rhodes, en Grèce. Illustration. (Dan Kitwood/Getty Images)
En France, les offres commerciales « adult only » (« adultes seulement ») sont pour l’heure limitées. Interrogé par l’AFP en 2024, le syndicat Entreprises du voyages estimait « à vue de nez » qu’elles représentaient « 3% de l’offre ».
« Un droit des enfants à faire du bruit »
Loin d’être nouvelle, la question de la place des enfants dans la société agite depuis plusieurs années le débat public en France, où la Fédération française des entreprises de crèches interpelle régulièrement les parlementaires pour qu’ils créent « un droit des enfants à faire du bruit ».
Au printemps 2024, un rapport remis à Emmanuel Macron appelait, lui, le chef de l’État à « peupler » l’espace public d’alternatives aux écrans pour les enfants « et redonner à ces derniers toute leur place, y compris bruyante ».
Quelques mois plus tard, le Haut Conseil de la famille, de l’enfance et de l’âge (HCFEA) enfonçait le clou en alertant sur la moindre place des enfants dans l’espace public et dans la nature, pointant les « conséquences néfastes sur leur santé physique et mentale ».
« On ne peut pas accepter que certains décident de ne plus de ne plus supporter telle ou telle partie de la population en l’occurrence les enfants et que la société s’organise autour de ces intolérances », déclare à l’AFP la sénatrice socialiste Laurence Rossignol.
« Les enfants ne sont pas une nuisance », martèle l’élue, qui a déposé une proposition de loi visant à « reconnaître la minorité comme un facteur de discrimination afin de promouvoir une société ouverte aux enfants ». « C’est très bien que Sarah El Haïry se saisisse du sujet, mais maintenant il faut aller plus loin, il faut que le camp présidentiel inscrive cette question à l’ordre du jour » parlementaire.

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