Champagne : chez De Sousa, le cheval est l’avenir de la vigne

Par Epoch Times avec AFP
13 août 2019 15:25 Mis à jour: 13 août 2019 15:44

« Marche », « à droite », « dedans » : Vidoc, un solide percheron de dix ans, obéit calmement et s’engage avec placidité dans la rangée de vignes non sans manger quelques feuilles au passage : dans la maison de champagne De Sousa, le recours aux chevaux de trait n’a rien d’un retour vers le passé.

L’animal à la robe blanche est indifférent au vrombissement continu d’un tracteur viticole tout proche. A Avize, non loin de Reims dans le nord-est de la France, sur cette prestigieuse Côte des Blancs qui s’étire au sud d’Épernay, deux viticultures coexistent soudain. Et l’avenir n’est pas forcément à la belle mécanique de l’enjambeur diesel.

« Le cheval tasse moins le sol que le tracteur et il ne marche pas toujours au même endroit. Du coup, le sol est beaucoup plus souple et sa vie microbienne beaucoup plus riche aussi. En augmentant la qualité du sol, on augmente celle du raisin. On a pu le constater en dégustation », explique Julie de Sousa, l’un des trois enfants ayant repris l’exploitation familiale.

  • Le cheval s’arrête et n’arrache pas la vigne.

« Travailler avec un cheval a un autre avantage » ajoute-t-elle : « Dès qu’il y a une tension, il s’arrête et n’arrache pas la vigne. Ce qui arrive parfois avec les enjambeurs ». Idéal aux yeux de la viticultrice pour travailler avec précision les trois hectares de vieilles vignes, certaines plantées dans les années 1930.

Le domaine familial couvre au total dix hectares pour une production annuelle de 100.000 bouteilles dont plus de 60% sont exportées.

Annoncée par un faire-part en avril dernier, l’arrivée de Vidoc et de Capucine, une femelle grise de sept ans de race auxoise, tous deux achetés dressés en Bourgogne, ne renvoie donc nullement au folklore passéiste pour groupe d’oenotouristes.

Loin de la carte postale, le travail des deux chevaux  équipés de la charrue du grand-père récupérée dans le grenier  participe intimement de la philosophie de la maison ainsi résumée par Erick de Sousa, le père de Julie : « La chimie est la viticulture du passé ».

  • Dix ans de certification bio officielle

En 2020, la maison fêtera d’ailleurs dix ans de certification bio officielle et plus de vingt ans d’un travail acharné qui aura exclu absolument tout recours à la chimie phytosanitaire.

Capucine et Vidoc arrivent également au moment où, petit à petit, une autre génération  prend les commandes. « Nous sommes un peu la génération du changement climatique », confie Charlotte de Sousa, 30 ans, la sœur de Julie, 26 ans, et de Valentin, 24 ans.

Tous trois diplômés d’Avize Viti Campus, le lycée viticole de la Champagne, ils sont retournés sur l’exploitation familiale après avoir parcouru pendant plusieurs mois les grandes régions viticoles du monde.

« Nous sommes là pour perpétuer et consolider cette maison parmi les pionnières de la viticulture bio en Champagne » assure Charlotte. Un seul mot d’ordre : « Ne pas faire de mal à la terre ! ».

  • Des tonneaux de bois renouvelable offrant de nouveaux arômes

Outre le retour du cheval de trait  encore très marginal dans le vignoble selon les professionnels  et, dans les celliers, celui des tonneaux de bois renouvelable offrant de nouveaux arômes au vin, la recherche d’une solution alternative au plastique ou la réflexion autour de l’utilisation d’un robot viticole électrique participent de ces « grands changements » qu’elle pressent.

Pas question pour autant de se priver des atouts de la modernité : le traditionnel bâtonnage des tonneaux (remise en suspension des lies -levures morte et résidus de raisins- pour donner plus de corps au vin) n’exclut pas la contre-étiquette connectée qui renvoie à une vidéo sur le domaine et ses cuvées.

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