Les propos du député de l’Essonne Jérôme Guedj – qui a qualifié Jean-Luc Mélenchon de « salopard antisémite » ce samedi lors d’un congrès du Parti socialiste – ont provoqué de vives réactions du côté de La France insoumise.
Lors du 81ᵉ congrès du Parti socialiste, qui s’est tenu à Nancy (Meurthe‑et‑Moselle) du 13 au 15 juin dernier, le député socialiste Jérôme Guedj s’en est violemment pris à celui qui était auparavant son mentor. Il a en effet accusé Jean-Luc Mélenchon de sombrer dans l’antisémitisme, ravivant de plus belle les tensions entre La France insoumise et le Parti socialiste.
« Je mets au défi Jérôme Guedj »
« J’ai une meurtrissure terrible à dire devant ce congrès que, pour la première fois de ma vie, j’ai dû dire de l’homme que j’ai aimé profondément qu’il est devenu un salopard antisémite, avec des propos qui sont pour nous absolument insupportables », a également lancé l’élu francilien en faisant référence à Jean-Luc Mélenchon. Quelques minutes plus tard, il a confié : « Ce n’était pas prévu mais c’est sorti ». Il s’est aussi dit « inquiet de constater cette contamination des cœurs et des esprits, même ici ».
Je mets au défi Jérôme Guedj et quiconque de ceux qui l’ont applaudi de trouver dans mes écrits ou discours une seule fois au cours des quarante dernières années les expressions qu’il m’attribue. Et de même aux journalistes qui répètent à longueur d’intervention les injures de…
— Jean-Luc Mélenchon (@JLMelenchon) June 15, 2025
Si cette sortie a provoqué de vifs applaudissements au sein du public, elle n’a pas manqué de faire réagir le principal intéressé. « Je mets au défi Jérôme Guedj et quiconque de ceux qui l’ont applaudi de trouver dans mes écrits ou discours une seule fois au cours des quarante dernières années les expressions qu’il m’attribue », a pointé Jean-Luc Mélenchon sur X ce dimanche. Et d’ajouter : « Et de même aux journalistes qui répètent à longueur d’intervention les injures de Guedj. Le PS s’excuse ou assume ? » « Vous ne pourriez pas vous disputer à propos d’un autre sujet que LFI ou moi ? », a encore mentionné le leader Insoumis dans un autre tweet, appelant à un débat sur des « sujets de fond ».
Manuel Bompard qualifie ces propos d’« inacceptables »
De son côté, sur BFMTV ce dimanche, le coordinateur national des Insoumis Manuel Bompard a demandé au patron des socialistes Olivier Faure de présenter des excuses publiques « au nom du PS », qualifiant les propos de Jérôme Guedj d’« inacceptables ». « S’il ne le fait pas je prendrai acte que ces propos sont la position du PS », a-t-il ajouté, estimant que « l’insulte ne peut pas être un mode de traitement politique ». Il a encore souligné que de tels propos « rendent impossibles toute possibilité de travail commun ». « Comment travailler avec une formation dont un membre insulte le dirigeant d’un autre parti de salopard ? » s’est-il demandé.
Les propos de Jérôme Guedj sont inacceptables.
J’appelle solennellement Olivier Faure à présenter des excuses publiques. pic.twitter.com/2X1yp82j4q
— Manuel Bompard (@mbompard) June 15, 2025
« Je me languis de le croiser à l’Assemblée… », a par ailleurs écrit sur X le député des Bouches-du-Rhône Sébastien Delogu. La porte-parole du gouvernement, Sophie Primas, a quant à elle réagi sur LCI, dénonçant : « La violence qui a été engagée par Jean-Luc Mélenchon, aujourd’hui, entraîne d’autres violences. Les termes sont très forts. »
« Sur le rapport avec LFI, on est encore dans l’ambiguïté, et c’est assumé »
Avant qu’un fossé ne se creuse, le député de l’Essonne et le chef des Insoumis étaient très proches. La scission entre les deux hommes politiques remonte au 7 octobre 2023, lorsque le Hamas a lancé sa sanglante attaque contre Israël. Jérôme Guedj, qui a été parmi les premiers membres du PS à dénoncer l’absence de condamnation claire des attaques du Hamas par LFI, estime avoir été réduit depuis à « un sioniste génocidaire » aux yeux de Jean-Luc Mélenchon et des siens.
Depuis cette rupture, le fondateur de La France insoumise n’a eu de cesse de s’en prendre au député socialiste. Il l’avait qualifié en 2024 de « lâche de cette variété humaine que l’on connaît tous, les délateurs », comme le rappelle Le Parisien.
Plus largement, au sein du Parti socialiste, la question d’une rupture claire avec les Insoumis reste à ce jour irrésolue, mais le congrès est attendu pour clarifier cette situation dans les jours à venir. « Sur le rapport avec LFI, on est encore dans l’ambiguïté, et c’est assumé », a en effet déclaré Jérôme Guedj avant son intervention lors du congrès du Parti socialiste. Ce samedi, il a pourtant exhorté les militants du Parti socialiste à rompre « le moindre point de contact avec ceux qui abîment la gauche, l’universalisme, la République… »
« Un grand Parti socialiste ne s’abaisse pas à la polémique permanente avec la gauche »
À la fin du congrès du Parti socialiste ce dimanche, lors du discours de clôture, Olivier Faure a quant à lui déclaré : « Je rêve, un jour, du retour d’une fédération qui regroupe toute la gauche. » Il a également mentionné qu’une candidature unique à gauche à l’élection présidentielle de 2027 sera envisageable « de François Ruffin à Raphaël Raphaël Glucksmann, avec les socialistes, écologistes et communistes ».
Comment peut-on aujourd’hui, à ce point, avoir un débat qui oppose la gauche à la gauche en permanence, alors que vous avez l’extrême droite aux portes du pouvoir ?
Jérôme Guedj et Jean-Luc Mélenchon trouvent un intérêt commun à se taper dessus l’un sur l’autre, à un moment où… pic.twitter.com/UYuD4TLXDm
— Olivier Faure (@faureolivier) June 16, 2025
Olivier Faure – qui a été officiellement réélu samedi premier secrétaire du PS avec 51,15% des voix – ne s’est pas excusé publiquement des propos prononcés par Jérôme Guedj. Il a néanmoins martelé qu’un grand Parti socialiste « ne s’abaisse pas à la polémique permanente avec la gauche » et « parle à toute la gauche, à tous ses électeurs, sans opérer de tri ».
Ce lundi, dans « Les 4 V », le député de Seine-et-Marne est revenu sur l’intervention de Jérôme Guedj ce samedi, se demandant si ce dernier et Jean-Luc Mélenchon ne trouvaient pas « un intérêt commun à se taper dessus l’un sur l’autre », alors même que, selon lui, la gauche devrait « mobiliser la gauche face à la vraie menace, au vrai danger qui est l’extrême droite ».
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