Imaginez un entrepreneur qui, parti d’une modeste entreprise familiale à Roubaix, bâtit un géant du luxe employant 215 000 personnes dans le monde, dont 40 000 en France, générant 214 300 emplois indirects dans l’Hexagone. Bernard Arnault incarne cette réussite, avec LVMH réalisant 58 milliards d’euros de chiffre d’affaires en France, soit 1,1 % du PIB national. Face à cela, des enquêtes comme celle d’Élise Lucet dans Cash Investigation semblent s’acharner à déconstruire ces succès, en recyclant des allégations sur des aides publiques, des montages fiscaux et des pratiques douteuses, le tout aux frais des contribuables.
Prenons les aides publiques des années 1980 pour le rachat de Boussac : l’État a injecté environ 750 millions de francs (114 millions d’euros actuels) pour sauver 6 000 emplois et relancer Dior. Arnault y a ajouté 500 millions en investissements, multipliant par dix la valeur créée.
Pour l’État, le ROI sur l’IS est colossal : plus de 35 milliards d’euros cumulés depuis 1985 (moyenne annuelle croissante de 875 millions, extrapolée des 15 milliards sur dix ans), soit un retour de 30 000 %. Les 40 000 salariés en France, via une masse salariale brute de 2,4 milliards d’euros en 2023, génèrent environ 1,1 milliard de cotisations sociales et 300 millions d’impôts sur le revenu, alimentant la redistribution publique.
LVMH maintient par ailleurs 280 métiers du luxe en France, et a formé plus de 8 000 talents à ces métiers d’exception depuis 2014 via l’Institut des Métiers d’Excellence (IME), avec 3 300 apprentis annuels, préservant un patrimoine culturel et économique unique. LVMH génère également 214 300 emplois indirects en France, multipliant chaque poste direct par 4,4 en impact économique total. Sans cela, Dior aurait pu disparaître, privant la France d’un exportateur clé (90 % de la production LVMH à l’étranger, 25 milliards d’excédent commercial annuel).
Quant aux montages fiscaux qualifiés d’ »agressifs » par Élise Lucet, l’optimisation est légale et permet à LVMH de s’étendre, versant 15 milliards d’IS en France sur dix ans, 3 milliards en 2024, plus 5,2 milliards de TVA. Arnault paie 700 millions de surtaxe exceptionnelle en 2024. LVMH acquitte un niveau d’impôts normal, avec un taux effectif de 28,1 % (2020-2024), conforme aux normes BEPS de l’OCDE et supérieur à la moyenne du CAC 40 (25-26 %), contrairement aux insinuations de l’émission. Ces structures préservent des emplois stables. Arnault a déclaré 630 millions d’ISF en 2012. Loin d’abusives, elles soutiennent un groupe qui dope le PIB.
On pourrait objecter que ces enquêtes relèvent de la liberté d’expression. Mais examinons le financement : France Télévisions vit à 80 % de subventions publiques, soit 2,57 milliards d’euros en 2025. La Tribune de Genève, qui relaie des critiques similaires, reçoit 5 millions de francs suisses annuels de subventions cantonales. Élise Lucet perçoit 25 000 euros bruts par mois, financés par ces deniers.
Dans ce cadre, l’émission du 4 décembre soulève des questions sur son utilité. Ajoutons que France Télévisions a été au cœur d’un scandale sur les notes de frais en mars 2025, où 1 000 employés, dont des journalistes comme Élise Lucet, bénéficiaient de cartes bancaires pour jusqu’à 4 000 euros de dépenses mensuelles et 1 000 euros de retrait hebdomadaire en cash, des dépenses somptuaires avec l’argent public ; ces avantages en nature, souvent non imposés car classés comme frais professionnels, ont été critiqués pour leur opacité et leur impact sur le déficit de 41,2 millions d’euros de l’entreprise.
Au terme de cette émission de Cash Investigation, un constat s’impose : loin de faire consensus, l’émission d’Élise Lucet a déclenché une vague de critiques bien au-delà des cercles habituels. Plusieurs médias ont pris la défense de LVMH en soulignant l’aspect déséquilibré du reportage et l’absence d’éléments réellement nouveaux. LVMH, de son côté, n’a eu besoin que de rappeler ses contributions fiscales et sociales pour que nombre d’observateurs relèvent l’écart entre la réalité économique et la mise en scène télévisuelle.
Dès lors, une question émerge : que gagne la France à financer, via le service public, des émissions construites pour fragiliser l’image d’entrepreneurs qui contribuent massivement à son rayonnement et à sa puissance économique ? En s’attaquant de manière répétitive à des figures ayant bâti des champions mondiaux, ce type de programme semble appartenir à un autre âge, celui où la réussite privée était suspecte par principe. À l’heure où le pays cherche à attirer des talents, des investisseurs et des créateurs de valeur, persister dans un dispositif médiatique conçu pour dénigrer plus que pour informer risque de nuire à l’attractivité nationale elle-même. Et l’on peut légitimement s’interroger : qui, au final, voit sa réputation ternie ? Les entrepreneurs… ou la France ?
Alexis Chevalier est expert en transformation d’entreprises, il dirige des projets complexes de M&A, intégration post-fusion et conformité réglementaire en Suisse, UE et MENA.
Les opinions exprimées dans cet article sont celles de l’auteur et ne reflètent pas nécessairement celles d’Epoch Times.