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Polyester recyclé

Les vêtements en polyester recyclé : une tromperie écologique

Une récente étude menée par l'ONG Changing Markets vient bouleverser les certitudes de l'industrie textile et remet en question le bien-fondé des vêtements en polyester recyclé. Contrairement aux promesses écologiques affichées par les enseignes de mode, ces textiles issus de bouteilles en plastique se révèlent être davantage nocifs pour l'environnement que leurs équivalents en fibres synthétiques vierges.

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Un enfant Bangladais trie des bouteilles en polyéthylène téréphtalate (PET) destinées au recyclage dans des conditions de travail précaires à Dhaka, le 21 août 2013.

Photo: UNIR UZ ZAMAN/AFP via Getty Images

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Durée de lecture: 4 Min.

Contrairement aux promesses écologiques affichées par les enseignes de mode, ces textiles issus de bouteilles en plastique se révèlent être davantage nocifs pour l’environnement que leurs équivalents en fibres synthétiques vierges.

Une pollution microplastique aggravée

Les conclusions de cette recherche, réalisée au sein de l’université Çukurova en Turquie, sont sans appel : pendant le cycle de lavage, les vêtements conçus à partir de polyester recyclé relâchent 55% de particules microplastiques supplémentaires comparativement aux textiles en polyester conventionnel. Plus préoccupant encore, ces particules présentent une taille inférieure de 20% à celles émises par les fibres vierges, ce qui facilite considérablement leur dispersion dans les écosystèmes. L’ONG souligne que cette contamination microplastique s’infiltre désormais partout : dans les sols, l’atmosphère, les cours d’eau et même au cœur des organismes vivants.

Adidas, H&M, Nike, Shein et Zara

L’investigation s’est appuyée sur l’analyse de 51 pièces vestimentaires représentatives des collections de grandes enseignes internationales : Adidas, H&M, Nike, Shein et Zara. Les résultats classent Nike comme le champion de la pollution, tous types de polyester confondus. Les articles de la marque américaine emblématique libèrent en moyenne plus de 30 000 fibres par gramme de textile, un chiffre quatre fois supérieur à celui observé chez H&M et sept fois plus élevé que chez Zara. Adidas se positionne en deuxième position de ce classement peu flatteur.
Concernant Shein, le géant chinois de l’ultra-fast fashion, les découvertes sont tout aussi troublantes. Les vêtements étiquetés comme étant en polyester recyclé diffusent approximativement la même quantité de microplastiques que leurs homologues en fibres neuves. L’étude révèle également une pratique pour le moins douteuse : certains articles initialement commercialisés comme contenant du polyester recyclé se retrouvaient quelques mois plus tard en rayons avec une simple étiquette « polyester », sans mention du caractère recyclé.

Une tromperie généralisée

Cette « fraude au polyester » constituerait une pratique répandue dans le secteur textile, selon les auteurs de l’étude. Des indices de comportements similaires auraient été détectés chez H&M et Nike également. Face à ces découvertes, Urska Trunk, responsable de campagne chez Changing Markets, affirme : « La mode vend du polyester recyclé comme étant une solution verte, or nos résultats montrent qu’il aggrave le problème de la pollution. » Elle préconise des mesures radicales : « Les vraies solutions consistent à réduire et éliminer progressivement la production de fibres synthétiques et arrêter de détourner des bouteilles en plastique pour en faire des vêtements jetables. »

Un modèle économique à repenser

Les statistiques du secteur révèlent qu’une écrasante majorité du polyester recyclé (98%) provient de bouteilles plastiques plutôt que de déchets textiles. Les matières synthétiques dérivées d’hydrocarbures fossiles constituent environ 69% de la production mondiale de textiles, dont 59% de polyester, parmi lequel seulement 12% est recyclé.
L’organisation non gouvernementale milite pour l’établissement d’un accord international contraignant sur les plastiques et interpelle l’Union européenne afin qu’elle intervienne pour « freiner la surproduction et d’encourager une véritable transition vers la fabrication de vêtements moins nombreux, de meilleure qualité et ayant un impact moindre ». Un appel qui résonne comme un avertissement face à l’urgence environnementale actuelle.
Avec AFP