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Chine : une équipe de démolition détruit un hôpital en service

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Des ouvriers chinois démolissent une maison dans le village de Gucheng, district de Tongzhou à Pékin, le 16 octobre 2015. Les bureaux municipaux de la capitale vont quitter le centre-ville, pour s’installer en banlieue dans le cadre d'un projet gouvernemental ambitieux de créer une mégapole dans le nord de la Chine

Photo: Kevin Frayer/Getty Images

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Durée de lecture: 6 Min.

Le Dr Liu Chunguang, directeur du service de radiologie d’un hôpital de Zhengzhou en Chine, procédait à une radiographie lorsque une grue de chantier a subitement défoncé la paroi de son bureau.
« Le patient a eu la peur de sa vie », a-t-il expliqué à Xinhua, l’agence de presse officielle de l’État chinois, « il s’est enfui et a définitivement refusé de poursuivre l’examen. »
Le 7 janvier, près d’une douzaine d’hommes non identifiés portant des tenues de camouflage ont commencé, sans aucun préavis, à démolir les bâtiments du quatrième hôpital affilié de l’Université de Zhengzhou. Ils ont démoli le service de radiologie et la morgue, alors que les deux étaient encore opérationnels. Six corps ont été enterrés sous les débris, la morgue ayant été réduite en ruines.

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Au journal shanghaïen en ligne The Paper, Yuan Fang, employé du service des relations publiques de l’hôpital, a raconté : « Nous avons essayé de nous précipiter à l’intérieur pour sauver nos appareils, mais ils nous ont empêché d’entrer. »
Trois employés ont été légèrement blessés et des équipements d’une valeur de plus de 900 000 $ (plus de 828 000 euros), dont un appareil d’analyse gastro-intestinal numérique d’une valeur de 607 000 $ (559 042 euros), ont été détruits par les bulldozers.
C’était la deuxième fois que des équipes de démolition s’en prenaient à cet hôpital. Selon le personnel, le 2 janvier dernier, le bâtiment résidentiel principal de l’hôpital avait déjà été démoli de la même façon.
L’hôpital fait partie d’un grand complexe hospitalier de la province du Henan en Chine centrale. Le complexe occupe environ 6,7 hectares de terres appartenant à l’État et est situé sur la route de Jiangshan englobée dans un projet d’expansion locale.
« L’hôpital avait déjà concédé près de deux hectares de terres aux autorités pour répondre aux besoins de construction de la ville », ont confié les responsables de l’hôpital à Caixin, un groupe de presse installé à Pékin. « Les autorités n’ont fourni aucune justification à leur acte et l’hôpital attend toujours la compensation des 202 000 euros pour les équipements endommagés. »
Dans le journal The Paper, Xiong Zhi Liang, directeur adjoint de la réquisition des terres du district de Huizhou, a déclaré que l’entretien des routes est un projet d’intérêt public, avant d’ajouter ne pas avoir été mis au courant de la démolition de l’hôpital en raison d’un voyage d’affaires.
Un villageois se promène au milieu des maisons détruites, le 16 octobre 2015, dans le village de Gucheng, district de Tongzhou à Pékin. Les bureaux municipaux de Pékin déménageront du centre-ville vers les zones périphériques dans le cadre d'un ambitieux projet de créer une mégapole dans le nord de la Chine. Depuis des décennies, le développement chinois a provoqué la démolition ou le déplacement de villages pour permettre la construction de nouvelles infrastructures. (Kevin Frayer/Getty Images)

Un villageois se promène au milieu des maisons détruites, le 16 octobre 2015, dans le village de Gucheng, district de Tongzhou à Pékin. Les bureaux municipaux de Pékin déménageront du centre-ville vers les zones périphériques dans le cadre d’un ambitieux projet de créer une mégapole dans le nord de la Chine. Depuis des décennies, le développement chinois a provoqué la démolition ou le déplacement de villages pour permettre la construction de nouvelles infrastructures. (Kevin Frayer/Getty Images)

Les autorités locales ont émis l’ordre de démolition en janvier 2015. L’hôpital n’ayant pas engagé de demande de révision administrative et n’ayant pas introduit d’appel de la décision devant le tribunal, « la décision de réquisition des terres est entré en vigueur », a déclaré Xiong Zhi Liang.
En Chine, il existe un processus juridique complexe avant une réquisition effective des terres. Même une démolition entreprise de force nécessite une ordonnance du tribunal. Ce n’était pas le cas pour cet hôpital.
Chen Lei, directeur du département de la logistique de l’hôpital, a confirmé que l’hôpital avait reçu l’avis de réquisition des terres. « Les deux parties étaient en négociation, pour déterminer si le service de radiologie devait ou non être démoli », a expliqué Chen Lei. Le 29 décembre, l’agence locale des autorités avait décidé que la démolition serait lancée, sans préciser de date.
« Une indemnisation devrait être concédée à la fois pour la démolition et la réinstallation des équipements. Nous avons tellement d’appareils qui doivent être réinstallés. Les procédures de protection des rayons x sont compliquées et coûteuses… Nous ne savions pas qu’ils venaient démolir aujourd’hui »,  s’est attristé Chen Lei auprès du journal en ligne The Paper.
Le bureau de presse du district de Huiji a publié un communiqué sur son compte Weibo (la version chinoise de Twitter interdit en Chine), affirmant que les agents avaient vérifié et confirmé qu’il n’y avait personne dans le bâtiment, ajoutant que tout comportement violant la loi ou le règlement serait sérieusement sanctionné.
Les nouvelles de la démolition ont déclenché de vives réactions sur Internet. Une blague circule suggérant la démolition des bureaux des autorités locales parce qu’ils « gênent l’évolution du trafic et des affaires locales ».
Article rédigé avec l’aide de Frank Fang.