Colère et boycott face à la présence russe à l’OSCE, une institution visant la sécurité et la coopération en Europe

Par Anais Duroy
30 novembre 2023 12:09 Mis à jour: 30 novembre 2023 12:26

L’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE) a ouvert jeudi en Macédoine du Nord son Conseil annuel, en l’absence remarquée des ministres des Affaires étrangères de l’Ukraine, de la Pologne et des pays baltes qui protestent contre la présence du chef de la diplomatie russe.

Le ton a été donné dès l’ouverture par le président en exercice, le ministre des Affaires étrangères de Macédoine du Nord, Bujar Osmani. « La guerre d’agression de la Russie contre l’Ukraine est une insulte » aux valeurs de l’OSCE, elle « sape la confiance, le dialogue et notre capacité à agir », a-t-il dit devant les représentants, dont son homologue russe Sergueï Lavrov.

Ce dernier est arrivé peu après 10h00 (09h00 GMT), sans s’adresser aux journalistes présents à l’entrée du conseil. Il doit, comme les autres représentants, prendre la parole dans la journée.

« Légitimer l’agresseur » par sa présence

Ses homologues estonien, letton et lituanien ne s’exprimeront pas : ils ont décidé de boycotter le sommet, estimant que sa présence « risque de légitimer l’agresseur qu’est la Russie en tant que membre à part entière de notre communauté de nations libres ».

« La place de M. Lavrov est dans un tribunal spécial, pas à la table de l’OSCE », a déclaré le ministre estonien des Affaires étrangères Margus Tsahkna.

Kiev boycotte aussi, fustigeant la venue « d’un État qui a déclenché la plus grande agression armée en Europe depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale ». Et la Pologne, qui avait refusé en 2022 de permettre au ministre russe de participer à la réunion de l’OSCE qu’elle accueillait, a qualifié d’« inacceptable » la présence de M. Lavrov à Skopje.

Une occasion de lui faire entendre

L’Organisation, créée en 1975 comme un forum de dialogue entre Est et Ouest traverse depuis l’invasion russe de l’Ukraine la plus grave crise de son histoire.

Sergueï Lavrov est arrivé dans la nuit en Macédoine du Nord « malgré les intrigues des ennemis », a écrit sur Telegram la porte-parole de la diplomatie russe, Maria Zakharova. La Bulgarie avait d’abord autorisé M. Lavrov –visé par des sanctions occidentales pour le conflit en Ukraine– à survoler son espace aérien, mais a ensuite révoqué cette autorisation en raison de la présence dans son avion de Mme Zakharova, sanctionnée elle aussi et interdite d’entrée dans l’Union européenne. C’est donc en passant au-dessus de la Grèce que l’avion de M. Lavrov est finalement arrivé en Macédoine du Nord, selon les agences de presse russes et le site FlightRadar.

La décision « d’autoriser (Sergueï) Lavrov à participer est conforme à notre objectif commun de maintenir le multilatéralisme en vie », a estimé mercredi soir le chef de la diplomatie de l’UE, Josep Borrell.

M. Lavrov « a besoin d’entendre de tout le monde, à nouveau, pourquoi la Russie est condamnée et isolée. Ce sera pour lui une bonne occasion d’écouter les participants à cette réunion lui dire pourquoi la Russie est condamnée et isolée. Il pourra alors rapporter au maître du Kremlin que l’Union européenne et l’OSCE restent unies pour déplorer le comportement agressif et illégal de la Russie », a-t-il ajouté.

Une plateforme de dialogue

Les États-Unis soutiennent également mordicus ce forum européen installé à Vienne dans le palais impérial des Habsbourg. Le chef de la diplomatie américaine Antony Blinken a fait un détour par Skopje mercredi soir pour montrer son soutien, mais ne sera pas présent jeudi et vendredi.

La France y est représentée par sa secrétaire d’État chargée de l’Europe, Laurence Boone. « Je suis ici pour rappeler notre soutien à l’Ukraine » a-t-elle dit à l’AFP, et pour « montrer que malgré l’obstruction russe, nous arrivons à faire fonctionner l’OSCE « .

L’OSCE, crée en août 1975, lorsque les blocs des Occidentaux et des Soviétiques s’étaient entendus pour créer une plateforme de dialogue entre les deux camps ennemis, réunit aujourd’hui 57 pays.

Elle a failli se retrouver sans présidence en 2024, avant que Malte accepte in extremis de prendre la présidence à la place de l’Estonie, Moscou ne voulant pas entendre parler d’un membre de l’Otan à ce poste stratégique. Cela devrait être entériné à Skopje.

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