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Comment Donald Trump a obtenu un accord de paix historique au Moyen-Orient

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Le président Donald Trump, entouré du secrétaire d’État Marco Rubio et du secrétaire à la Défense Pete Hegseth, s’exprime sur l’accord de cessez-le-feu Israël-Hamas lors d’une réunion du cabinet à la Maison-Blanche le 9 octobre 2025.

Photo: Anna Moneymaker/Getty Images

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Durée de lecture: 14 Min.

WASHINGTON — Le président Donald Trump a mené avec succès la négociation d’un accord de cessez-le-feu entre Israël et le groupe terroriste Hamas, considéré comme une chance historique de mettre fin à deux ans de conflit et d’instaurer une paix durable au Moyen-Orient.
À l’issue de plusieurs jours de négociations dans la ville égyptienne de Charm el-Cheikh, le Hamas a signé, le 9 octobre, un accord prévoyant la libération de l’ensemble des 48 otages — vivants et décédés — retenus à Gaza. On estime qu’environ 20 otages sont encore en vie.
Depuis son attaque contre Israël le 7 octobre 2023, le Hamas utilisait la détention des otages israéliens comme levier dans les négociations. Lors des précédentes discussions de paix, le groupe n’avait accepté que des libérations partielles. Sa décision de libérer aujourd’hui tous les otages représente une avancée décisive dans le processus de paix, nourrissant l’espoir d’une pacification durable de la région.
Trump a qualifié l’accord d’« avancée majeure ».
« C’est quelque chose que personne ne croyait possible, et nous allons aboutir à la paix au Moyen-Orient », a-t-il déclaré le 9 octobre lors d’une réunion de cabinet à la Maison-Blanche.
Il a annoncé que la libération des otages interviendrait en début de semaine prochaine — autour du 13 ou 14 octobre probablement.
« Ce sera un jour de joie », a dit Trump.
Il a également précisé son intention de se rendre en Égypte pour assister à la cérémonie officielle de signature du cessez-le-feu.
Si de nombreux espoirs sont permis, l’avenir de Gaza suscite encore des interrogations parmi les experts, notamment concernant la mise en œuvre de la deuxième phase du plan de paix en 20 points proposé par Trump.
Les dirigeants mondiaux ont publié le 9 octobre une vague de déclarations saluant Trump. Le Premier ministre britannique Keir Starmer a affirmé devant des journalistes que l’accord « n’aurait pas eu lieu » sans l’action du président américain.
L’ancien secrétaire général de l’OTAN Anders Fogh Rasmussen a affirmé que le plan de paix de Trump pourrait servir de modèle pour d’autres conflits.
« Trump mérite le crédit d’avoir conclu cet accord au Moyen-Orient, et je crois qu’il faudrait adopter exactement la même approche pour instaurer un processus de paix en Ukraine », a-t-il déclaré à Sky News, le 9 octobre.

Le président Donald Trump accueilli par le prince héritier saoudien Mohammed ben Salmane à son arrivée à l’aéroport international King Khalid de Riyad, le 13 mai 2025. (McNamee/Getty Images)

Instaurer la confiance au Moyen-Orient
Trump a mis son art de la négociation au service de la paix, élaborant un accord laborieusement négocié depuis des mois, selon le secrétaire d’État Marco Rubio.
Son premier geste fut de se rendre, en mai, dans les pays du Golfe afin de nouer des liens personnels avec les chefs d’État d’Arabie saoudite, du Qatar et des Émirats arabes unis.
Lors de la réunion du 9 octobre, M. Rubio a souligné la solidité des relations établies par Trump avec les dirigeants du Moyen-Orient, affirmant que sa visite en mai « avait jeté les bases » rendant le plan de paix réalisable.
« Il y a un mois, je n’aurais jamais imaginé cela possible », a reconnu M. Rubio.
[pullquote author= » » org= » »]Dans une démarche sans précédent, Trump a signé le 29 septembre un décret exécutif visant à protéger le Qatar.[/pullquote]
Il précise que le point de bascule intervint à l’ONU, où Trump a réuni dirigeants arabes et majoritairement musulmans pour soutenir son plan lors d’une « réunion historique ».
Dans une démarche sans précédent, Trump a également signé un décret présidentiel le 29 septembre, visant à protéger le Qatar. Cet engagement a suivi la frappe militaire israélienne du 9 septembre contre le Qatar ciblant des chefs du Hamas, ce qui avait provoqué une escalade dans la région.
« Les États-Unis considéreront toute attaque armée contre le territoire, la souveraineté ou les infrastructures vitales du Qatar comme une menace à la paix et à la sécurité des États-Unis », indiquait ce décret.
Ce texte témoignait de la détermination de Trump à renforcer les relations avec le Qatar et d’autres pays ayant joué un rôle clé pour débloquer les discussions avec le Hamas.

L’aval de Netanyahu

L’obtention du soutien des pays arabes et musulmans fut cruciale, mais la percée décisive eut lieu le 29 septembre, lorsque le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahou a apporté son soutien au plan proposé par le président américain, lors d’une visite à la Maison-Blanche.
L’accord stipulait qu’Israël renoncerait à annexer Gaza. Il reconnaît à l’État palestinien le statut « d’aspiration du peuple palestinien » et précise que l’émergence d’un État pourra être envisagée lorsque certains critères seront atteints.
Une semaine plus tôt, Netanyahou avait vivement critiqué les grandes puissances occidentales, parmi lesquelles le Royaume-Uni, la France, le Canada et l’Australie, pour leur reconnaissance de l’État palestinien.

Le président Donald Trump et le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahou tiennent une conférence de presse conjointe à la Maison-Blanche le 29 septembre 2025, consacrée aux plans pour mettre fin à la guerre de Gaza et à la libération des otages du Hamas. (Alex Wong/Getty Images)

« Octroyer aux Palestiniens un État à un kilomètre de Jérusalem, après le 7 octobre, c’est comme donner à Al-Qaïda un État à un kilomètre de New York après le 11 septembre », a-t-il déclaré lors de son discours à l’ONU, le 26 septembre, qualifiant cette idée de « pure folie ».
Aaron David Miller, expert senior à la Fondation Carnegie pour la paix internationale, critique habituel de Trump, a néanmoins salué les progrès accomplis dans la région lors d’un récent entretien accordé à News Nation.
« Donald Trump a manifesté une volonté qu’aucun autre président, républicain ou démocrate, n’a affichée », estime-t-il.
M. Miller a servi sous plusieurs secrétaires d’État de 1978 à 2003, et pris part aux négociations arabo-israéliennes sur cette période.
[pullquote author= »Aaron David Miller, chercheur principal » org= »Fondation Carnegie pour la paix internationale »]Donald Trump a fait preuve d’une volonté que n’a manifestée aucun autre président, républicain ou démocrate.[/pullquote]
« Il a mis une pression sans précédent sur un Premier ministre israélien, concernant un enjeu que ce dernier considère comme vital pour sa propre survie politique et la sécurité d’Israël », poursuit M. Miller.
L’historien militaire britannique Lawrence Freedman écrit, dans un récent post, qu’« à la différence de Biden, Trump a su obtenir des concessions majeures de la part des Israéliens ».

Et maintenant ?

Selon les analystes, le dernier accord entre Israël et le Hamas offre une occasion rare de mettre un terme à des années de conflit. Son succès dépendra de la capacité à franchir la prochaine étape : la reconstruction de Gaza, le désarmement du Hamas, et la question, sans cesse débattue, de la création d’un État palestinien.
Daniel L. Davis, ancien officier de l’armée américaine et expert à Defense Priorities, a déclaré à Epoch Times espérer que l’accord mettra fin aux morts de civils à Gaza. Il garde cependant des doutes sur la gestion des questions « épineuses » à venir.
« Il y a beaucoup de risques de déraillement. Mais aujourd’hui, je me réjouis simplement que les tueries semblent avoir cessé », confie M. Davis.

Des citoyens se rassemblent et agitent des drapeaux en réaction à l’annonce de l’accord de paix Israël-Hamas sur la place dite « des Otages », à Tel Aviv, le 9 octobre 2025. (Crédit photo : Chris McGrath/Getty Images)

Le Hamas avait remis un premier contingent d’otages durant la première phase de l’accord, plus tôt cette année, mais le cadre s’était écroulé à cause de profonds désaccords sur la suite du processus. Le groupe terroriste aspirait à engager la deuxième phase de l’accord, tandis qu’Israël appuyait une proposition avancée par l’émissaire spécial Steve Witkoff, en vue de prolonger la trêve et poursuivre les négociations.
En mars, la trêve a volé en éclats et les opérations militaires israéliennes ont repris dans toute la bande de Gaza.
« Il appartient à la communauté internationale de garantir que les prochaines étapes de cet accord mèneront à la reconstruction de Gaza sans occupation israélienne ni tutelle coloniale occidentale, et qu’elles traceront la voie vers la fin de l’occupation et de l’oppression du peuple palestinien, afin d’instaurer une paix juste et durable », a plaidé Nihad Awad, directeur exécutif du Conseil des relations américano-islamiques, dans une déclaration, le 9 octobre.
[pullquote author= »Daniel Flesch, analyste en politiques publiques » org= »Heritage Foundation »]Une fois les otages de retour chez eux, cela lève une immense pression sur le gouvernement israélien et le pays tout entier.[/pullquote]
Retrouver et identifier les corps des otages décédés à Gaza constituera un défi dans les prochains jours. Le plan de paix prévoit que « tous les otages, vivants comme décédés », devront être libérés dans les 72 heures suivant l’acceptation publique de l’accord par Israël.
Selon la presse israélienne, une task force mixte, associant Israël, les États-Unis, l’Égypte, le Qatar et la Turquie, a été créée et pourrait employer des engins lourds pour retrouver les corps si besoin.

Des visiteurs observent des rangées de chaises vides portant les photos des victimes et otages israéliens, lors d’une veillée commémorative devant la porte de Brandebourg à Berlin, le 7 octobre 2025. L’installation, avec plus de 1 000 chaises, a été organisée par la Jewish Student Union Germany pour commémorer les victimes de l’attaque du Hamas contre Israël le 7 octobre 2023. (Stefan Frank/Middle East Images/AFP via Getty Images)

Daniel Flesch, analyste senior spécialiste du Moyen-Orient à la Heritage Foundation, a confié que sa première réaction fut « la joie et le soulagement » à l’idée du retour des otages de Gaza.
Certes, de nombreux obstacles pourraient entraver le processus de paix à long terme, mais M. Flesch considère que la libération des otages donnera à Israël davantage de latitude politique.
« Une fois les otages à la maison, cela fera retomber énormément de pression sur ce gouvernement et sur tout le pays », estime-t-il.
Dalia Ziada, universitaire égyptienne et analyste à l’Institut pour l’étude de l’antisémitisme mondial et de la politique en la matière, également chercheuse principale au Centre de Jérusalem pour la sécurité et les affaires étrangères, juge la prochaine phase « fragile », en raison des incertitudes qui pèsent sur la mise en œuvre du plan de paix de Trump.
« Sur le papier, le plan est excellent. Il est très complet », confie-t-elle à Epoch Times. « Je sais qu’il est succinct, mais il traite tous les sujets. J’espère que sa mise en œuvre correspondra à ce qui a été écrit, mais, comme toujours, le diable se cache dans les détails. »
Ilan Berman, vice-président du Conseil américain de politique étrangère, partage ces réserves. À ses yeux, la réussite de l’accord dépendra d’« un soutien international durable, d’investissements, de la mise en place d’un cadre pour une réforme réelle de l’Autorité palestinienne, et du fait de s’assurer que l’Iran ne pourra jouer les trouble-fêtes », a-t-il précisé à Epoch Times dans un courriel.
« Rien de tout cela n’est acquis. »
Jackson Richman a également contribué à la rédaction de cet article.
Emel Akan est journaliste spécialiste de la politique économique à la Maison-Blanche à Washington, D.C. Auparavant, elle a travaillé dans le secteur financier en tant que banquière d'investissement chez JPMorgan et en tant que consultante chez PwC. Elle est titulaire d’une maîtrise en administration des affaires de l’université de Georgetown.

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