Comment les « médias grand public » sont-ils devenus « l’ennemi du peuple » ?

24 août 2018 01:43 Mis à jour: 24 août 2018 11:00

Depuis les élections de 2016, Donald Trump appelle les soi-disant médias grand public « l’ennemi du peuple » et une grande partie de ce « peuple » a apprécié sa candeur dans ses propos.

Maintenant, l’« ennemi » riposte.

Au mois d’août, plus de 100 éditoriaux à travers les États-Unis apparaîtront pour rejeter les accusations du président Trump.

Orchestré par le comité éditorial du Boston Globe, chaque journal s’est engagé à publier son propre éditorial dénonçant l’affirmation du président selon laquelle les médias « sont l’ennemi du peuple américain ».

Plutôt que d’admettre leur culpabilité, leur repentir et se réformer, les « ennemis » redoublent de ferveur, confirmant au monde que le président, à tout le moins, n’exagère pas l’affaire.

Mais comment la nation la plus éprise de liberté sur la planète, les États-Unis d’Amérique, en est-elle arrivée au point où ses médias sont presque entièrement dominés par la gauche dure ?

Comment les « médias grand public » américains sont-ils passés d’un devoir sacré d’informer le « peuple » à une collusion ouverte pour le désinformer davantage ?

Les journaux américains ont imprimé de la propagande marxiste depuis l’époque où Karl Marx lui-même travaillait encore comme journaliste. Le 25 octobre 1851, la Tribune de New York de Horace Greeley, alors le principal quotidien américain du Parti whig (de la droite libérale), publia un article du philosophe allemand déplorant l’échec de la révolution communiste de 1848 en Allemagne.

« Le premier acte du drame révolutionnaire sur le continent européen est clos… Les ‘puissances qui étaient’ avant l’ouragan de 1848, sont à nouveau les ‘puissances qui sont (à l’œuvre)' ».

Des centaines de révolutionnaires allemands ratés s’enfuirent en Amérique où ils répandirent la nouvelle science du marxisme partout où ils le pouvaient, y compris dans les journaux.

Le co-leader de la Révolution russe Léon Trotsky lui-même vivait dans le Bronx, travaillant dans un journal communiste dans l’East Village de New York lorsque la révolution de 1917 a éclaté en Russie.

Et qui pourrait oublier l’infâme Walter Duranty qui a gagné un prix Pulitzer en déposant des rapports soviétiques de Moscou dans les années 1930, qui niait l’existence d’une famine délibérée en Ukraine, ce qui a causé la mort de 10 millions de personnes ?

Un homme sort du Boston Globe le 20 février 2013 à Boston. (Darren McCollester/Getty Images)

Ce n’est que des décennies plus tard, après une pression publique considérable, que le New York Times a reconnu les crimes de Duranty contre le peuple :

« Cette façon de prendre la propagande soviétique au pied de la lettre était tout à fait trompeuse, comme les discussions avec les Russes ordinaires auraient pu le révéler même à l’époque. Les articles primés de Duranty n’ont pas cité quiconque – sauf Staline, qui a forcé les fermiers de toute l’Union soviétique à s’installer dans des fermes collectives et a envoyé ceux qui résistaient aux camps de concentration. La collectivisation a été la cause principale d’une famine qui a causé le décès de millions de personnes en Ukraine, le grenier soviétique, en 1932 et 1933. »

Formation des journalistes

Mais les « ennemis » comme Duranty n’étaient qu’une infime minorité. La plupart des journalistes américains ont appris leur métier sur le tas. Ils ont commencé comme reporters cadets dans les journaux des petites villes. Ils ont couvert les foires de comté, les scandales locaux et les événements sportifs. C’étaient des Américains normaux avec des valeurs américaines normales.

Journaliste américain Curtis D. MacDougall. (Creative Commons / Wikimedia)

Ces militaires de retour au pays cherchaient à construire un monde sans besoin ni guerre – ils étaient très ouverts aux idées « libérales » et gauchistes.

Dans cette tempête parfaite entre en scène un nommé Curtis MacDougall.

William David Sloan, fondateur de l’Association américaine des historiens du journalisme, a dit de Curtis MacDougall : « ses nombreux livres, articles et discours ont contribué à donner le ton et à alimenter le débat autour du journalisme pendant un demi-siècle. »

Les journaux, la radio et la télévision recherchaient maintenant des journalistes titulaires d’un diplôme universitaire. M. MacDougall était heureux de les former.

En 1938, MacDougall avait publié son livre « Interpretative Reporting » qui a changé la donne. Pour paraphraser MacDougall, l’objectif du journalisme n’était pas de rapporter les nouvelles avec exactitude, mais de façonner l’histoire. Un bon journalisme doit donner au lecteur le contexte dans lequel les opinions « correctes » peuvent se former.

C’est la naissance de ce que nous appelons aujourd’hui le « journalisme de plaidoyer ». De jeunes étudiants idéalistes en journalisme l’ont accepté avec joie. Faire l’histoire allait être beaucoup plus excitant que de simplement rapporter des faits. La philosophie de MacDougall semble maintenant être la « norme » acceptée dans toutes les grandes écoles de journalisme.

Curtis MacDougall a obtenu sa maîtrise en journalisme de l’université Northwestern en 1926. En 1933, il obtient son doctorat en sociologie de l’université du Wisconsin.

De 1939 à 1942, il a été superviseur de l’État de l’Illinois pour le projet des écrivains fédéraux fortement infiltrés par le Parti communiste, avant d’enseigner le journalisme à l’Université Northwestern jusqu’à sa retraite en 1971.

Curtis MacDougall était un chef du Parti progressiste dominé par les communistes. Il a été l’un des parrains de la Conférence scientifique et culturelle pour la Marche mondiale pour la paix organisée par le Conseil national des arts, des sciences et des professions du Parti communiste des États-Unis à New York, en mars 1949. Au début des années 1960, MacDougall a appuyé le Comité national du Parti communiste pour abolir la House Un-American Activities Committee (« Commission parlementaire sur les activités antiaméricaines »). Aussi tard qu’en 1970, il était vice-président du comité communiste de Chicago chargé de défendre la Déclaration des droits.

Le journalisme américain moderne a été fondé par un homme qui était à tout le moins un « compagnon de voyage » engagé du Parti communiste.

Izzy

Une autre icône du journalisme américain était le regretté I.F. (Izzy) Stone. Aujourd’hui encore, les journalistes se disputent un prix annuel prestigieux nommé en son honneur, le Prix Izzy.

I.F. (Izzy) Stone. (Creative Commons/Wikimedia)

Le célèbre bulletin d’information hebdomadaire de Stone, I. F. Stone’s Weekly (1953-71), a été classé au 16e rang parmi les top meilleurs journalistes du siècle aux États-Unis par le Département de journalisme de l’Université de New York en 1999. Il s’est classé au deuxième rang parmi les publications de la presse écrite.

I. F. Stone était un des premiers membres du Parti socialiste, à entrer dans les cercles du Parti communiste dans les années 1930 et 1940. Il a terminé ses jours comme l’un des premiers partisans des socialistes démocrates d’Amérique.

En octobre 1988, I. F. Stone a écrit une lettre d’appui à son bon ami Bernie Sanders qui se présentait au Congrès du Vermont :

« J’ai été politiquement actif toute ma vie. J’étais membre du Comité exécutif du Parti socialiste du New Jersey avant même d’avoir l’âge de voter.

« J’aimerais maintenant vous demander de vous joindre à moi pour faire un pas en avant historique dans la politique américaine. Mon maire préféré – Bernie Sanders de Burlington, Vermont – se présente au Congrès, et avec notre aide, il peut remporter une victoire sans précédent pour nous tous. »

Izzy Stone était un ennemi majeur du sénateur Joseph McCarthy, le croisé anticommuniste du Wisconsin. Ce n’est que plus tard que les messages de renseignement soviétique de la Seconde Guerre mondiale ont révélé que pendant un certain temps, dans les années 1930 et 1940, Izzy Stone avait été un agent soviétique rémunéré.

Culture de gauche

Curtis MacDougall, I. F. Stone et leurs camarades de gauche dans les écoles de journalisme ont créé une culture de gauche dans le journalisme américain.

Selon le Centre de recherche sur les médias :

« Entre 1964 et 1992, les républicains ont remporté cinq fois la Maison-Blanche, contre trois victoires démocrates. Mais si uniquement les bulletins de vote des journalistes étaient comptés, les démocrates auraient gagné à chaque fois. »

« Les enquêtes de 1978 à 2004 montrent que les journalistes sont beaucoup plus susceptibles de dire qu’ils sont libéraux que conservateurs et qu’ils sont beaucoup plus libéraux que le grand public. »

« Aucun des sondages n’a constaté que les organismes de presse sont peuplés de penseurs indépendants qui mélangent des positions libérales et conservatrices. La plupart des journalistes offrent des réponses réfléchies et libérales à pratiquement toutes les questions qu’un enquêteur peut imaginer. »

Sarah Palin, ancienne gouverneure de l’Alaska, prend la parole lors d’un dîner célébrant le centenaire de la naissance de l’ancien président américain Ronald Reagan, au Reagan Ranch Center de Santa Barbara, en Californie, le 4 février 2011. (Robyn Beck/AFP/Getty Images)

JournoList (parfois appelée J-List) actif lors de l’élection présidentielle de 2008, était un forum privé de Google Group pour discuter de la politique et des médias d’information avec 400 journalistes, « progressistes » et socialistes, universitaires et activistes des « nouveaux médias ». Les membres de JournoList auraient coordonné leurs messages en faveur de Barack Obama et du Parti démocrate, et contre Sarah Palin et le Parti républicain.

Parmi les membres de JournoList figurait Jared Bernstein, économiste en chef du vice-président Joe Biden.

Parmi les autres membres figuraient des journalistes de The American Prospect, Newsweek, POLITICO, Mother Jones, LA Weekly, In These Times, The New Republic, Bloomberg, The New York Observer, The Guardian, The Daily Beast, Chicago Tribune, Slate, Brave New Films, The Nation, Alternet, Newsweek, Washington Post, The New York Times, Harper’s Magazine, The Hill, The Village Voice, Media Matters, The Baltimore Sun, National Public Radio, Salon, Huffington Post, et même le Columbia Journalism Review et Kaiser Health News.

De nombreux membres de JournoList étaient des socialistes, notamment Scott McLemee de l’Organisation socialiste internationale et les partisans des socialistes démocrates d’Amérique Joel Bleifuss (In These Times), Todd Gitlin (Université de Columbia), John Judis (rédacteur en chef de The New Republic), Michael Kazin (Dissent), Katha Pollitt (The Nation) et Robert Kuttner, co-rédacteur en chef de The American Prospect.

Les journalistes de ce forum étaient apparemment prêts à s’associer en privé pour tenter d’orienter l’opinion publique dans la direction politique souhaitée.

Rien ne s’est amélioré en 2016.

L’écrivain conservateur Jonah Goldberg a écrit que, selon une étude qui vient d’être publiée, plus de 96 % des dons des médias à l’un ou l’autre des deux principaux candidats à la présidence sont allés à Hillary Clinton.

Curtis MacDougall et Izzy Stone auraient été si fiers !

Le président Trump a raison. Les médias grand public sont « l’ennemi du peuple ». Le président le sait, et le peuple le sait. Seuls les « médias grand public » semblent inconscients de leur propre statut méprisable.

Les opinions exprimées dans cet article sont celles de l’auteur et ne reflètent pas nécessairement les opinions d’Epoch Times.

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