Le musicien Bob Geldof critique l’affirmation selon laquelle les Jeux olympiques sont « positifs pour le climat »

Par Daniel Y. Teng
12 juillet 2023 07:04 Mis à jour: 12 juillet 2023 07:04

Le chanteur et militant politique irlandais Bob Geldof met en doute les affirmations selon lesquelles les Jeux olympiques de 2032 seraient « positif pour le climat » (ou climate positive, signifiant des actions allant au-delà du net-zéro, retirant même des GES de l’atmosphère, NDLT) et « verts ».

« À ma connaissance, il faut encore extraire des minerais pour parvenir à une politique verte : cela semble étrange et contradictoire, mais c’est ainsi », a-t-il déclaré lors d’une interview avec Annastacia Palaszczuk, premier ministre de l’État du Queensland, en Australie, sur la nouvelle station de radio Disrupt Radio.

Bob Geldof s’est montré sceptique quant à la nécessité de construire de nouvelles infrastructures pour les Jeux olympiques, affirmant que cela nécessiterait davantage de ressources de la planète.

« Pour autant que je m’en souvienne, il n’y a eu que deux Jeux olympiques qui ont rapporté de l’argent : Barcelone et Los Angeles », a-t-il déclaré.

Le 21 juillet 2021, le site olympique de Brisbane, en Australie, affiche « BNE 2032 » sur un bâtiment lors de l’annonce de la ville hôte des Jeux olympiques de 2032, suivie en direct à Tokyo (Albert Perez/Getty Images).

« Comment ont-ils gagné de l’argent ? Bien sûr, personne d’autre ne s’est porté candidat pour les Jeux olympiques de Los Angeles, donc ils n’ont rien eu à faire. Ils ont simplement dit : ‘Nous avons tout ce qu’il faut ici. Nous n’allons pas faire grand-chose d’autre. Et à cette époque, les droits de retransmission télévisée valaient bien sûr beaucoup d’argent », ajoute-t-il.

« Pourquoi ne pas se contenter d’utiliser les installations existantes ? », a demandé Bob Geldof au premier ministre du Queensland.

Dites au Comité international olympique : « Voici notre candidature. Nous nous contentons d’utiliser ce qu’il y a ici. Nous avons des stades. Ce ne sont pas les meilleurs. Ils ne sont pas d’une architecture dernière mode. Mais nous aurons les meilleurs athlètes – ils resteront dans une banlieue. Et s’ils n’aiment pas ça, qu’ils ne viennent pas ».

Mme Palaszczuk a maintenu sa décision de s’engager à construire de nouvelles infrastructures, malgré le fait que le processus de candidature olympique initial soulignait que les hôtes potentiels pouvaient utiliser les stades et les installations existants.

« Notre stade Gabba doit être reconstruit », a-t-elle dit à Bob Geldof. « Il est en fin de vie. »

La ville de Brisbane, en Australie, n’a remporté l’organisation des Jeux olympiques de 2032 qu’après qu’aucun autre hôte ne se soit porté candidat et que les exigences du comité international olympique ait été revues à la baisse.

À partir de 2032, une région, et non plus une seule ville (comme c’est le cas pour les Jeux de 2024 et 2028) pourra accueillir les Jeux olympiques. Les régions hôtes pourront utiliser les infrastructures existantes au lieu d’en construire de nouvelles. Ces règles ont été modifiées afin de réduire les coûts pour les contribuables.

Pourtant, les organisateurs des Jeux olympiques se sont engagés à construire de d’imposantes infrastructures pour accueillir les millions de personnes attendues dans la ville et à lancer dans d’importants projets de rénovation des stades existants.

Le Brisbane Cricket Ground (ou The Gabba), qui est censé servir de stade olympique principal, qui compte actuellement 32.000 places, sera agrandi pour en accueillir 50.000.

Alors que le projet devait coûter 1 milliard de dollars australiens (610 millions d’euros), 12 mois plus tard, il en coûtera plutôt 2,7 milliards de dollars (1,64 milliard d’euros).

À cette charge s’ajoutent celles de l’État, confronté à des problèmes d’endettement à long terme, et qui a instauré de nouvelles taxes pour faire face à la montée en flèche des coûts des services publics.

La « positivité climatique » se traduira par davantage d’exploitation minière et de construction

Les organisateurs des Jeux s’engagent à atteindre une « positivité climatique » en minimisant l’empreinte carbone de l’événement et en « compensant plus de 100% des émissions résiduelles », peut-on lire sur leur site Web.

Alors que le concept de « net zero » a été adopté à l’échelle mondiale et que des efforts concertés ont été déployés pour réduire les émissions de carbone, il apparaît de plus en plus clairement que le mouvement de lutte aux changements climatiques, censé protéger l’environnement, conduira également une augmentation substantielle de l’activité minière.

De plus, le processus d’extraction de certains minéraux critiques peut engendrer une empreinte carbone plus importante que l’exploitation minière classique.

Une saumure riche en lithium sèche dans un bassin d’évaporation dans une mine de lithium à Salar de Atacama, au Chili, le 24 août 2022. (John Moore/Getty Images)

Parallèlement, les PDG présents au Congrès mondial de l’exploitation minière à Brisbane ont fait état de l’ampleur de l’exploitation minière nécessaire à la demande mondiale de minéraux critiques pour la production de batteries rechargeables et de panneaux solaires.

« [La superficie nécessaire à la production de] cuivre d’une teneur de 5%, qui est la teneur moyenne pouvant être exploitée, est de 31 kilomètres carrés, soit 12 fois la taille du quartier des affaires dans lequel nous nous trouvons aujourd’hui », a déclaré Sherry Duhe, PDG par intérim de Newcrest Mining.

« Ceci est pour une seule mine. Mais nous avons besoin de plusieurs dizaines de mines [comme celles-là] pour pouvoir répondre à la demande de cuivre », ajoute Mme Duhe. « Cela signifie que nous devons aller plus loin, que les mines doivent être plus grandes et que nous devons être beaucoup, beaucoup plus rapides que jamais auparavant. »

Selon une modélisation interne de Newcrest Mining, révélée par Mme Duhe, une voiture électrique moyenne nécessite beaucoup plus de métaux, et donc d’exploitation minière, que les véhicules conventionnels.

« Lorsque vous regardez la quantité de terre à déplacer pour produire un véhicule électrique, c’est dix tonnes », a-t-elle déclaré. C’est « six fois la somme des matériaux » nécessaires à la production de voitures ordinaires.

« Cela montre l’énormité du problème et du défi auquel nous sommes confrontés. Et il ne s’agit là que de l’électrification des véhicules. Seulement un élément du réseau d’énergie électrique. »

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