Le Covid ravage l’élite communiste en aggravant la crise de pouvoir de Xi Jinping

Selon les experts, ces décès permettraient aux hauts responsables du Parti de rejeter la faute sur Xi Jinping

Par Justin Zhang et Lynn Xu
10 février 2023 18:11 Mis à jour: 10 février 2023 18:11

Au début de l’année 2023, Xi Jinping est aux prises avec l’une des crises les plus graves de son règne. L’épidémie du Covid-19 est hors de contrôle dans le pays, tandis que les récents décès en masse des hauts fonctionnaires et autres membres de l’élite chinoise ont déclenché un mécontentement à l’égard des politiques de Xi Jinping dans les échelons supérieurs du Parti communiste chinois (PCC).

Au début de décembre dernier, sans préparation médicale suffisante ni avertissement préalable, le régime a soudainement levé les restrictions extrêmes, mettant fin à la politique du « zéro Covid » qui durait depuis trois ans. Ce revirement drastique a provoqué une épidémie explosive dont le nombre de morts est monté en flèche.

Parmi ces décès, on compte de nombreux politiciens et fonctionnaires âgés, ainsi que des universitaires et des scientifiques de haut niveau qui étaient de fervents défenseurs du régime communiste. Par exemple, au cours du premier mois de la « réouverture », deux des universités les plus prestigieuses de Chine – l’université de Pékin et l’université de Tsinghua – ont publié environ 200 avis de décès de leurs enseignants et professeurs.

« Cela donne aux opposants politiques de Xi Jinping un prétexte pour lui demander des comptes », a expliqué à Epoch Times Shi Shan, expert de la Chine basé aux États-Unis.

Les décès en masse des membres de l’élite pourraient n’être que le prélude à l’effondrement du règne de Xi Jinping et du Parti communiste, a-t-il ajouté.

Transplantations d’organes

Notamment, il y a de plus en plus de preuves qu’une grande partie des fonctionnaires et d’autres membres d’élite récemment décédés avaient reçu des transplantations d’organes au cours de leur vie. Certains en ont même reçu plusieurs. La plupart d’entre eux avaient bénéficié de privilèges médicaux à vie.

Un cas typique est celui de Gao Zhanxiang, ancien vice-président de la Fédération de la littérature, à qui on a diagnostiqué le Covid avant sa mort le 9 décembre 2022.

Un responsable du gouvernement a mentionné que presque aucune des « parties » de son corps n’était la sienne, c’est-à-dire que beaucoup de ses organes ont été transplantés.

Un autre cas est celui de l’écrivain militaire Xiao Yun, qui a contracté le Covid à la mi-décembre et est décédé à l’âge de 48 ans à la fin de janvier. Selon un rapport publié le 30 janvier par la société internet chinoise NetEase, il avait subi une transplantation rénale avant de contracter le Covid.

Xiao Yun était l’auteur de nombreux ouvrages de propagande du PCC. Le jour où il a été infecté par le Covid, il a posté un message sur son compte Weibo de 1,5 million de followers exprimant sa gratitude envers le gouvernement pour l’avoir « protégé pendant trois ans ».

Selon une étude médicale publiée le 2 juin 2022 et disponible dans la National Library of Medicine, les patients ayant subi une transplantation ont besoin d’agents immunosuppresseurs pendant une longue période pour supprimer le rejet de l’organe. Toutefois, cela réduit considérablement l’immunité du corps contre les virus, les bactéries et d’autres agents pathogènes.

« L’une des raisons de l’insistance du PCC pour continuer la politique du zéro-Covid à tout prix était de protéger ces receveurs d’organes transplantés », a noté le Dr Xiaoxu Lin, un virologue basé aux États-Unis, lors de l’émission Elite Forum de la chaîne NTD. Il a ajouté que ces gens ont tendance à être plus sensibles aux infections et que le Covid-19 et les vaccins présentent ou contiennent des virus.

La Chine est la plus grande banque d’organes au monde – le régime chinois est depuis longtemps accusé de perpétrer au niveau étatique le crime des prélèvements forcés d’organes sur des prisonniers, des pratiquants de Falun Gong et des Ouïghours.

Le personnel médical transporte un patient sur une civière dans une clinique des maladies contagieuses de Pékin, le 9 décembre 2022. (Kevin Frayer/Getty Images)

Dissimulation du nombre de décès

Sur la base des données officielles du nombre de fours crématoires en Chine, des chiffres de décès au cours des années précédentes et de la charge actuelle des crématoires, Epoch Times en langue chinoise a estimé, le 19 janvier, que l’épidémie a tué au moins 25 millions de personnes au cours du premier mois après l’assouplissement soudain des restrictions liées au Covid.

« Les citoyens chinois font face à ce qui pourrait être le plus important cas de morts en masse dans leur pays depuis le Grand Bond en avant », a déclaré Ben Lowsen, expert sur les affaires politiques et la sécurité chinoises, dans un article publié le 5 janvier dans The Diplomat.

Le Grand Bond en avant, un mouvement politique directement initié par Mao qui prétendait « rattraper la Grande-Bretagne et les États-Unis et entrer dans la société communiste » entre 1958 et 1961, a entraîné une famine provoquant la mort de plus de 20 millions de Chinois.

« En dressant une parallèle sinistre, le gouvernement de Xi Jinping a aujourd’hui pratiquement renoncé à fournir les statistiques sur le Covid-19 », a noté Ben Lowsen.

Une économie proche de l’effondrement

Au cours des trois dernières années, les mesures draconiennes du zéro Covid ont lourdement frappé l’économie chinoise et ont ébranlé les fondements du pouvoir du Parti communiste.

Si la récession économique ne s’est pas produite au cours des 30 dernières années environ, aujourd’hui « c’est la question de la fin du règne des communistes en Chine », a souligné Shi Shan. D’après lui, l’économie sous le système autoritaire du PCC est semblable à un avion : « une fois qu’il perd la vitesse, il s’effondre ».

Selon les chiffres officiels, en 2022, le taux de croissance économique de la Chine a glissé à 3%, bien en deçà de son objectif de 5,5%. Toutefois, en tenant compte de la falsification constante des données par l’État-parti, la situation pourrait être bien pire, a indiqué Shi Shan.

En outre, le fardeau financier des gouvernements locaux a été exacerbé par le confinement prolongé et les tests Covid effectués sur tous les employés. Au début janvier, le ministre des Finances Liu Kun a cependant déclaré aux médias que le gouvernement central n’effectuerait aucun renflouement pour les dettes locales.

Les conditions de vie misérables et la crise de subsistance des Chinois provoquées par les mesures extrêmes anti-Covid ont également déclenché une vague de résistance civile, comme les mouvements des « feuilles blanches » et des feux d’artifice « rebelles », accompagnée de slogans dirigés contre le régime du PCC et Xi Jinping.

Intensification des luttes intestines

La campagne de lutte contre la corruption menée par Xi Jinping à l’encontre de ses opposants au sein du Parti, associée à la centralisation de son pouvoir après le 20e Congrès du Parti en octobre dernier, ont mis le chef du PCC en confrontation avec sa bureaucratie.

Lors d’Elite Forum du 29 janvier, le commentateur Qin Peng a laissé entendre que Xi Jinping avait perdu son autorité au sein du PCC après ses échecs dans la prévention de l’épidémie et dans les sphères économique et diplomatique.

« Mais, d’un autre côté, Xi Jinping ne veut pas le perdre [son pouvoir], donc cette lutte intestine va s’intensifier et ne s’arrêtera pas car c’est une lutte à mort », a poursuivi Qin Peng.

Certains signes montrent que Xi Jinping s’efforce de lancer une nouvelle purge au sein du Parti. Le 9 janvier, lors de la réunion de la Commission centrale d’inspection de la discipline (CCID), il a annoncé que la nouvelle CCID devrait « assurer la gouvernance stricte du Parti à tout moment ». La même idée a été soulignée dans un article paru le 31 janvier dans le magazine du PCC Qiushi – l’article soulignait qu’une telle gouvernance était importante pour la stabilité du règne du PCC et le sort de son régime.

Li Xi, secrétaire du CCID, a déclaré lors d’une réunion du 3 février : « Nous devons comprendre en profondeur la position politique de Xi Jinping. » Li Xi est l’un des représentants de la faction de Xi Jinping dans la province du Shaanxi. Depuis l’arrivée au pouvoir de Xi Jinping en 2012, le CCID est devenu pour lui un outil important pour purger le Parti de ses opposants politiques.

D’après Shi Shan, Xi Jinping est en situation difficile dans les domaines des affaires intérieures et de la diplomatie, ses ennemis politiques ne ménageront aucun effort pour l’attaquer dans ses moments de vulnérabilité.

« C’est comme ‘prendre votre vie pendant que vous êtes malade’ – la lutte interne va s’intensifier et ses adversaires politiques ne le laisseront pas s’en sortir. Xi Jinping n’a aucun moyen de revenir en arrière dans les luttes internes du Parti – s’il recule d’un pas, il mourra et sera enterré sans tombe. »

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