Dans le Gers, un bus dentaire comme remède au déficit de praticiens

Par Epoch Times avec AFP
15 juin 2023 10:20 Mis à jour: 15 juin 2023 13:51

Sous les platanes, les pensionnaires de la maison de retraite attendent pour monter dans le bus : à Simorre, village gersois au cœur d’un désert dentaire, c’est dans ce véhicule imaginé par la Croix-Rouge locale qu’il faut prendre place pour soigner ses dents.

L’habitacle mesure à peine plus de 9 m2. Mais « il y a tout le matériel que l’on retrouve dans un cabinet dentaire », se félicite Sébastien Delmotte, 44 ans, bénévole de la Croix-Rouge en charge de l’aménagement du mini-bus qui depuis un mois sillonne les « zones blanches » de ce bout de Gascogne, à un peu plus d’une heure de Toulouse.

« Ici faut pas tomber malade : y a plus de docteur, la pharmacie a fermé et pour le dentiste, y a un seul cabinet à 25 minutes, et il faut vraiment cracher du sang pour qu’ils vous prennent », rigole Jean-Luc Laval, un habitant de Simorre qui, voyant le bus, a garé son vélo pour faire contrôler une couronne.

Des soins gratuits 

Le véhicule, où les soins sont gratuits, dessert huit villages ayant « pour point commun d’être éloignés de tout », souligne Marie-José Zago, 68 ans, vice-présidente de la Croix-Rouge du Gers et cheville ouvrière du projet.

À Simorre, le mini-bus Peugeot Boxer aménagé s’est installé au bord d’un carrefour, sous le regard d’une statue de la Vierge, avec en vis-à-vis une vieille bâtisse en pisé, sur laquelle l’inscription « forgeron » et la silhouette d’un cheval dessiné sont encore visibles.

C’est grâce à un autre véhicule de la Croix-Rouge, dédié à l’aide alimentaire, que l’idée du bus dentaire a fait son chemin. « La responsable du camion nous a dit « il y a plein de problèmes de personnes qui n’ont pas de dentiste et qui souffrent beaucoup des dents », explique Mme Zago.

Luna travaille sous la surveillance du Docteur Daher. (Photo VALENTINE CHAPUIS/AFP via Getty Images)

Avec son équipe, elle contacte alors la faculté de chirurgie dentaire de Toulouse, dans l’idée de solliciter des étudiants pour faire fonctionner le bus. Les autorités universitaires donnent leur accord, à condition que ces futurs dentistes soient accompagnés par un professionnel référent.

« J’ai un ami dentiste à la retraite qui est en même temps viticulteur. Le gars, il fait le vin qui s’appelle le Rince-quenottes, et quand on a eu besoin de trouver des dentistes, c’est lui qui s’en est chargé », raconte la truculente Mme Zago que tout le monde dans l’équipe appelle Marie-Jo.

Il a aussi fallu trouver des financements, relever le défi technique de limiter au maximum le poids du bus pour qu’il puisse être conduit sans permis poids lourd sur les petites routes du Gers, puis discuter avec différents partenaires : Agence régionale de santé (ARS), Caisse primaire d’assurance-maladie (CPAM) ou encore l’ordre des dentistes.

Sept dentistes et des étudiants en fin de cursus 

Depuis le lancement du projet début mai, sept dentistes (quatre retraités, deux en mi-temps et une active participant sur ses congés) se relaient dans le bus chaque début de semaine aux côtés de deux étudiants de sixième et dernière année de faculté dentaire.

« Je regarde juste la bouche pour voir si tout va bien »: Luna Desnot, 25 ans et son diplôme de chirurgienne-dentiste bientôt en poche, tente de rassurer une dame âgée et inquiète qui a pris place dans le fauteuil du bus dentaire.

« En tant qu’étudiant, on est content de pouvoir faire cette expérience, de voir le terrain, de travailler un petit peu partout pour avoir un point de vue sur les alentours de Toulouse et voir comment aider les patients », explique-t-elle à l’AFP.

Le docteur Daher (au c.) discute avec les étudiants en dernière année d’odontologie, Luna Desnot et Maxime Bellocq, et Sébastien Delmotte (à g.) le coordinateur du bus dentaire de la Croix-Rouge, à Simorre. (Photo VALENTINE CHAPUIS/AFP via Getty Images)

« Je trouve que c’est génial »

Côté patients, le sourire – après la visite – est également de mise. « Je trouve que c’est génial. Une très belle initiative ! », déclare Jacques Retrus, 82 ans, soulagé alors qu’une « dent bien endommagée (lui) faisait mal ». Il estime cependant « un peu dommage » que la Croix-Rouge doive pallier le manque de praticiens sur le terrain.

Une situation que déplore aussi « Marie-Jo »: « On réduit le numerus clausus (…) mais on ne réfléchit pas que dans la campagne, et peut-être d’ailleurs dans les villes, il n’y a plus de dentiste et les gens restent avec leurs douleurs et personne pour les soigner ».

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