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plus-iconPrélèvement forcé d’organes en Chine

Dans les coulisses du combat d’un élu pour interdire aux Américains toute implication dans le prélèvement forcé d’organes en Chine

Le représentant Neal Dunn a comparé le prélèvement forcé d’organes à la Shoah et réclame des sanctions contre toute implication américaine.

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Le représentant Neal Dunn (R Fla.) prend la parole lors d’une conférence de presse et d’un rassemblement devant l’America ChangLe Association, pour dénoncer la répression transnationale orchestrée par Pékin, à New York, le 25 février 2023.

Photo: Samira Bouaou/Epoch Times

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Durée de lecture: 7 Min.

Le 6 novembre, le représentant Neal Dunn (Républicain de Floride) était l’invité de Jan Jekielek, rédacteur en chef d’Epoch Times, dans l’émission American Thought Leaders, pour évoquer ce qu’il considère comme l’un des crimes les plus graves de notre époque : le prélèvement forcé d’organes, pratiqué sous l’égide de l’État par le Parti communiste chinois (PCC).
« Je fais partie des rares membres du Congrès à avoir déjà pratiqué une greffe », explique M. Dunn. « J’y suis particulièrement sensible. L’idée de tuer quelqu’un pour prélever ses organes et les donner à un autre est aussi effroyable que les pires crimes de l’histoire. C’est du même ordre que les exactions nazies et la Shoah », affirme-t-il.
Chirurgien de formation et membre de la commission spéciale de la Chambre sur le PCC, M. Dunn fait de la lutte contre le prélèvement forcé d’organes en Chine une priorité absolue. Au cours de l’entretien, il détaille son projet de loi « Block Organ Transplant Purchases from China Act of 2025 » (Loi de 2025 visant à interdire les achats d’organes destinés à la transplantation en Chine, ndlr), surnommé Block Act, qui vise à ce qu’aucun citoyen ou institut américain ne puisse participer ou profiter du marché chinois des greffes.

Un crime à visage découvert

Depuis plus de vingt ans, de nombreux éléments prouvent que des prisonniers d’opinion chinois – notamment des adeptes de Falun Gong, discipline spirituelle persécutée depuis 1999 – sont tués à la demande pour prélever leurs organes. Tribunaux indépendants, défenseurs des droits de l’homme et médecins ont documenté des milliers de cas, estimant que des dizaines de milliers de greffes sont effectuées chaque année sans source de donneur identifiée.
« Désormais, il est même possible de prendre rendez-vous depuis les États-Unis pour obtenir un cœur ou un poumon en Chine. Or je veux que cela devienne illégal », déclare M. Dunn.
Le Block Act prévoit des sanctions civiles et pénales, allant jusqu’à l’amende et la prison, contre tout Américain ayant reçu à l’étranger un organe obtenu par des moyens forcés ou contraires à l’éthique.
La loi interdirait également à ces personnes l’accès aux soins post-opératoires aux États‑Unis, tout comme l’importation de tissus ou de matériaux biologiques – os, cornées, placenta, etc. – s’ils proviennent de filières contraires à l’éthique.
« Il est possible aujourd’hui de conserver certains tissus prélevés lors du décès – greffes osseuses, placentaires, cornées », poursuit-il. « Je ne veux pas que ce genre de produits entre sur le marché américain de la greffe non plus. »
Mais la tâche s’annonce ardue au Congrès.

Briser la paralysie politique

Malgré la montée des inquiétudes bipartites sur le PCC, M. Dunn reconnaît que la question du prélèvement d’organes reste l’un des sujets les plus difficiles à traiter au Capitole.
« C’est très compliqué d’aborder ce sujet, même entre parlementaires », explique-t-il. « Et pour cause : rares sont ceux prêts à en parler, tant c’est abominable. Dès que vous dites “parlons du prélèvement forcé d’organes”, tout le monde détourne les yeux, se crispe, s’éloigne… »
Pourtant, M. Dunn constate une évolution. Depuis trois ans, il observe une meilleure conscience du public et une prise de parole accrue de la part des élus.
« Ils finissent par dépasser leur révulsion, mais il faut un véritable effort pour y parvenir », juge-t-il.
La Chambre des représentants a déjà adopté le Stop Forced Organ Harvesting Act et le Falun Gong Protection Act, deux textes visant à exposer et sanctionner ces pratiques. Le Block Act de M. Dunn s’appuie sur cette dynamique en durcissant vraiment la répression pénale.

Une fenêtre sur la mécanique du PCC

La position de M. Dunn découle autant de son passé de médecin que d’une analyse plus large : pour lui, cette industrie révèle la nature morale du régime.
« Pour eux, une vie humaine n’a aucune valeur », martèle-t-il. « Un membre du Parti communiste chinois sera protégé. Mais un pratiquant de Falun Gong : bonne chance – pour vous, vous n’êtes qu’un ensemble de reins, cœur, poumons en sursis, promis au prélèvement », explique-t-il.
Jan Jekielek, qui a enquêté sur le sujet, note que le prélèvement forcé d’organes est devenu une grille essentielle pour comprendre le fonctionnement du PCC – ce que M. Dunn confirme.
« Ils maintiennent littéralement ces corps en vie juste pour les tuer et prélever les organes », assène M. Dunn. « C’est totalement contraire à l’esprit américain. Notre réaction naturelle est la répulsion absolue. »
M. Dunn établit un parallèle direct entre le mépris chinois de la vie humaine et ses autres dérives : persécutions religieuses, internement massif au Xinjiang…

De l’isolement à l’action

Malgré ses compétences médicales et son statut d’élu, M. Dunn reconnaît qu’affronter cette réalité est source d’isolement.
« Impossible de parler de prélèvement forcé d’organes avec ma famille, ma femme, mes enfants », confie-t-il. « On m’évite. Ce qui compte, c’est d’avoir le courage de regarder les pires réalités en face et d’agir. »
Pour lui, ce courage moral doit désormais se traduire en action politique. D’après les estimations des renseignements américains, jusqu’à 100.000 personnes seraient tuées chaque année pour leurs organes en Chine, chiffre compatible avec les enquêtes internationales.
Aux yeux de M. Dunn, l’enjeu dépasse la législation : « C’est l’expression même du combat pour les droits de l’homme », conclut-il. « Nous sommes en train de retrouver le courage, la lucidité et l’élan nécessaires pour affronter ce sujet. »