Dans sa lutte contre les croyances religieuses, le régime chinois brûle des livres et emprisonne les croyants

Par Eva Fu
25 février 2021 20:11 Mis à jour: 1 avril 2021 15:28

Le Parti communiste chinois a poursuivi sa vaste attaque contre la foi pendant la pandémie, en brûlant et en détruisant des livres à caractère religieux tout en emprisonnant des croyants pour possession de littérature religieuse.

Bien que le régime chinois officiellement athée reconnaisse explicitement cinq religions (à savoir le bouddhisme, le taoïsme, l’islam, le catholicisme et christianisme), il impose des règles strictes sur le fonctionnement de ces organisations religieuses. Des cadres du Parti sont d’ailleurs en charge de contrôler ces différents groupes religieux, forçant des millions de croyants à entrer dans la clandestinité.

Le groupe de défense des droits de l’homme Freedom House a estimé qu’au moins 100 millions de personnes – soit environ un tiers des croyants en Chine – ont été confrontés à des niveaux « élevés » ou « très élevés » de persécution en 2017. Leur situation a continué à s’aggraver, a constaté le groupe l’année dernière.

Pour ces personnes pratiquantes (bouddhistes tibétains, chrétiens, musulmans ouïgours ou pratiquants de Falun Gong), la lecture, l’impression ou la distribution de documents religieux peuvent entraîner des peines de prison, des travaux forcés et d’autres formes d’abus. Nombre d’entre eux sont soumis à une surveillance et à un harcèlement réguliers de la part des agents de l’État, qui s’introduisent souvent chez eux sans prévenir pour saisir et détruire leurs livres.

Ces violations de la liberté religieuse ont conduit le ministère des Affaires étrangères américain à désigner le régime chinois comme « pays particulièrement préoccupant » chaque année depuis plus de deux décennies.

Les politiques répressives n’ont fait que s’intensifier ces dernières années. En 2016, le régime a adopté un règlement interdisant explicitement à ses 90 millions de membres du Parti d’avoir des convictions religieuses, de se livrer à des activités relevant de l’époque « féodale et de la superstition » ou encore de soutenir des extrémistes religieux ou des séparatistes raciaux. Ce terme de « séparatistes raciaux » est fréquemment utilisé pour décrire des minorités religieuses telles que les musulmans ouïgours pratiquants du Xinjiang ou les bouddhistes tibétains. Et ce, malgré le fait que la Constitution chinoise garantisse à ses citoyens le droit à la « liberté de croyance religieuse » et le droit d’exercer « normalement des activités religieuses ».

Il y a quelques jours, Pékin, dans une directive politique de premier plan, a inscrit la promotion du socialisme et l’élimination des « superstitions » comme l’une de ses principales priorités pour la modernisation des campagnes.

Une publication contrôlée par l’État a déclaré en 2016 que les membres du Parti communiste chinois (PCC) sont des personnes qui ont choisi de suivre la voie matérialiste décrétée par le Parti, et sont donc « incompatibles avec des idéologies superstitieuses comme le feu et l’eau ».

Des livres religieux incendiés

En octobre 2019, une bibliothèque d’État du comté de Zhengyuan, dans la province du Gansu au nord-ouest de la Chine, a suscité un tollé pour avoir brûlé publiquement des dizaines de publications illégales ou de médias à contenu religieux ou « tendancieux ». Les internautes ont comparé la scène à l’époque de la Révolution culturelle, où des livres étaient brûlés et des objets religieux brisés alors que le PCC tentait d’éradiquer la culture traditionnelle chinoise pour renforcer son contrôle idéologique sur la population.

Mais l’action de la bibliothèque n’est pas un incident isolé.

Deux travailleuses sont en train de brûler des livres devant la bibliothèque du comté de Zhenyuan à Qingyang City, dans la province du Gansu, le matin du 22 octobre 2019. (Site officiel du comté de Zhenyuan)

Environ deux décennies après la Révolution culturelle, en 1999, le PCC a ordonné une campagne massive pour éradiquer le Falun Gong, une pratique de méditation spirituelle basée sur les principes moraux d’Authenticité, de Bienveillance et de Patience. Du jour au lendemain, on estime que 70 à 100 millions de pratiquants de Falun Gong dans le pays ont été désignés comme ennemis de l’État. Ils ont fait face à la détention, la torture, le harcèlement et le prélèvement forcé d’organes s’ils refusaient de renoncer à leur croyance.

Peu après le début de la persécution, une campagne a été lancée pour forcer les pratiquants de Falun Gong à remettre leurs livres et leurs cassettes vidéo relatifs à la pratique. Ces matériels étaient ensuite passés au broyeur, sous un rouleau compresseur ou brûlés, souvent lors de démonstrations publiques qui étaient ensuite utilisées à des fins de propagande.

Des millions de publications ont été détruites de cette manière, selon Minghui, un site web qui retrace la persécution du Falun Gong, qui a établi cette estimation sur la base de rapports de journalistes étrangers, de médias d’État et de témoignages.

Des livres sur le Falun Gong écrasés sous un rouleau compresseur lors de la destruction des publications et du matériel de la pratique spirituelle dans tout le pays en 1999. (Minghui.org/CC0 1.0)

Un communiqué de juillet 2019, publié sur le site web du gouvernement de la Ligue Xilingol dans la région de la Mongolie-intérieure, offrait des récompenses monétaires allant de 50 à 500 yuans (7,73 à 77,30 dollars) à toute personne qui signalerait des tracts, des livres, des souvenirs, des messages sur les réseaux sociaux ou des bannières liés au Falun Gong et à d’autres groupes que le PCC jugeait illégaux. Il a également offert jusqu’à 300 000 yuans (46 392 $) pour des indices permettant de les « démanteler ».

Bien que le bouddhisme et le christianisme soient des religions officiellement approuvées, leurs fidèles n’ont pas été à l’abri des pressions du régime. Dans le comté de Jingdezhen, dans la province de Jiangxi, au sud-est de la Chine, un abbé bouddhiste a raconté comment le gouvernement local a mis tous les CD des temples locaux sur la route, et a utilisé une pelleteuse pour les écraser, selon un article de décembre de Bitter Winter, un magazine sur la liberté religieuse et les droits de l’homme en Chine. En octobre dernier, les autorités de la province du Shanxi, dans le nord du pays, ont fermé le temple Fengci local et confisqué environ 400 kg de livres religieux et des dizaines de milliers de CD, selon le même article.

Dans l’est de la province d’Anhui, au moins 250 églises sanctionnées par l’État ont vu leurs croix retirées entre janvier et avril 2020, parfois sous prétexte « d’être trop grandes, trop larges, trop vastes ou trop voyantes », rapporte le magazine. Les responsables ont affirmé que cette action s’inscrivait dans le cadre d’une vaste campagne visant à éliminer les symboles religieux.

Le pilier d’une église catholique démolie est visible à Puyang, dans la province centrale du Henan, en Chine, le 13 août 2018. L’église a été démolie pour faire de la place à une infrastructure commerciale. (Greg Baker/AFP/Getty Images)

Wen Weiquan, un chrétien de l’Église de maison du comté autonome de Wufeng Tujia, dans la province centrale du Hubei, s’est suicidé en février 2019 après que la police l’a forcé à remettre sa Bible et à jeter au feu des croix dans sa maison.

« Le dirigeant communiste chinois [actuel] Xi Jinping et son régime ont mis en place la pire persécution religieuse depuis la fin de la Révolution culturelle du président Mao dans les années 1960 », a déclaré Bob Fu, un pasteur sino-américain et fondateur de China Aid, une organisation chrétienne à but non lucratif basée aux États-Unis, dans un courriel à Epoch Times.

En guerre contre la foi religieuse

Pendant la pandémie, les politiques anti-religieuses radicales du régime se sont poursuivies car les fidèles de la Chine continuent de subir les représailles du gouvernement pour le simple fait de détenir, produire ou faire circuler des documents en lien à leurs croyances.

« Le régime de Xi utilise constamment la pandémie comme prétexte pour poursuivre la répression contre toute foi ou religion indépendante en Chine », a déclaré Fu. Il a souligné la fermeture des services religieux virtuels dans une église du sud-ouest du Sichuan, et le cas du pasteur Li Juncai dans la province du Henan, en Chine centrale, qui a été condamné à une peine de 5 ans et demi en janvier pour avoir tenté d’empêcher l’installation d’un drapeau du PCC et de bannières de propagande dans son église.

Une femme lit la Bible à l’église Christian Glory à Wuhan, une ville de la province chinoise du Hebei, le 23 septembre 2018. (Nicolas Asfouri/AFP/Getty Images)

Chen Yu, propriétaire d’une librairie chrétienne en ligne de la ville chinoise de Taizhou, dans la province orientale du Zhejiang, a été condamné à sept ans de prison en octobre 2020 et à une amende de 200 000 yuans (29 450 dollars). Ses clients de trois provinces ont signalé des descentes de police dans leurs maisons, qui ont saisi leurs livres religieux. Le crime présumé de Yu était la vente de livres religieux non approuvés importés d’autres pays.

En septembre dernier, un tribunal de Shanghai a condamné 16 personnes pour avoir exploité une entreprise « illégale » qui imprimait sans licence plus de 200 000 livres religieux, dont le « Sutra du diamant », une écriture bouddhiste.

En décembre dernier, Guo Suling, une femme âgée de 77 ans qui pratique le Falun Gong, a été condamnée à trois ans de prison avec sursis pour avoir présumément accroché trois banderoles de Falun Gong dans des lieux publics. C’est la troisième fois qu’elle est condamnée à une telle peine depuis 2007. Sun Qian, un autre pratiquant détenteur d’un passeport canadien, a été condamné en Chine à huit ans de prison en juin dernier. La police a arrêté Sun après être entrée par effraction dans sa maison de Pékin et avoir trouvé des livres sur le Falun Gong.

Des lanternes portant les mots « le Falun Dafa est bon » suspendues à l’arbre dans un endroit non précisé de Chine continentale, en mai 2015. (Avec l’aimable autorisation de Minghui.org)

Un autre pratiquant, Sun Zhongqin, de la province du Liaoning, dans le nord-est du pays, a été condamné à trois ans et demi de prison en novembre pour avoir distribué des calendriers et des brochures sur le Falun Gong, selon Minghui.

Parce qu’ils ne voulaient pas que leurs livres tombent entre les mains des autorités, certains musulmans kazakhs de l’extrême-ouest de la région du Xinjiang ont enfermé hermétiquement leur Coran dans des sacs en plastique, puis ont jeté les livres dans la rivière Ile, dans l’espoir qu’ils puissent être transportés au Kazakhstan voisin et être préservés, a rapporté Radio Free Asia en octobre 2020.

Pour échapper à la censure sur Internet, deux groupes chrétiens approuvés par le gouvernement ont remplacé les termes religieux par des abréviations dans leur librairie en ligne, par exemple en remplaçant « Christ » (prononcé « Ji Du » en chinois) par « JD », et « Bible » par « SJ », la forme abrégée du terme en chinois, « Sheng Jing », selon China Aid.

« C’est une guerre contre la foi religieuse », a déclaré Fu. « L’histoire nous montre que cette guerre est vouée à l’échec. »

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