Dans un contexte de resserrement de ses liens avec la Chine, la Russie perquisitionne le domicile de pratiquants du Falun Gong

Par Eva Fu
5 mai 2024 09:55 Mis à jour: 5 mai 2024 18:32

Le 3 mai, les autorités russes ont perquisitionné les domiciles de cinq pratiquants de la discipline spirituelle du Falun Gong et ont arrêté quatre d’entre eux, en vertu d’une loi russe controversée interdisant de « mener toute activité liée à une organisation indésirable ».

Ces perquisitions par la police moscovite ont eu lieu après l’annonce d’une visite de Vladimir Poutine en Chine et constituent le plus récent épisode de l’escalade des mesures répressives visant les pratiquants de cette méthode spirituelle. Auparavant, ces mesures incluaient l’interdiction et la confiscation de livres, le harcèlement de pratiquants et les interrogatoires.

Les perquisitions du 3 mai ont été rendues publiques par les autorités et les médias d’État russes. En décrivant le Falun Gong, ces médias se sont fait le porte-voix de la campagne diffamatoire et mensongère menée par le Parti communiste chinois (PCC) à l’encontre de cette pratique pacifique.

Le Falun Gong est une méthode traditionnelle chinoise adaptée à la vie moderne qui est aujourd’hui pratiquée dans le monde entier. Elle comprend cinq exercices, dont la méditation, ainsi que l’application dans la vie quotidienne des principes universels d’authenticité, de bonté et de patience. Selon les estimations officielles, environ 70 millions de personnes pratiquaient cette méthode en Chine au début de 1999.

La popularité du Falun Gong parmi la population chinoise, le retour prôné aux valeurs traditionnelles et le fait que ces principes rentraient en contradiction avec l’idéologie du PCC ont contrarié le chef du Parti de l’époque. Voulant préserver le monopole de la pensée unique du régime, il lance en 1999 une immense campagne pour éliminer le Falun Gong : désinformation, incitation à la haine, emprisonnements, lavage de cerveau, tortures, travaux forcés et même prélèvements forcés d’organes.

En février 2022, à la veille de l’invasion russe de l’Ukraine, la Chine et la Russie ont conclu un « partenariat sans limites » dans le cadre duquel il n’y a « aucun domaine de coopération prohibé ». Depuis lors, les deux pays ont conclu une série d’accords visant à renforcer leur « coopération stratégique ». Pékin a manifesté, d’une façon ou d’une autre, son soutien à la Russie dans sa guerre en Ukraine et lui fournit des fonds et des équipements militaires et à double usage. Vladimir Poutine prévoit de se rendre en Chine d’ici la fin du mois pour son premier voyage à l’étranger depuis sa réélection en mars.

La dépendance croissante du Kremlin à l’égard de la Chine semble être à l’origine de l’intensification de la répression du Falun Gong en Russie.

« Les pratiquants ont agi légalement en utilisant une organisation enregistrée », a expliqué à Epoch Times un pratiquant du Falun Gong qui habite à Moscou et qui a requis l’anonymat pour des raisons de sécurité.

La loi pénale russe sur laquelle s’appuient les perquisitions – avoir « mené des activités liées à une organisation indésirable » – a été adoptée en 2015. Elle a été utilisée par les autorités russes pour cibler plus de 100 organisations, ainsi que des journalistes et des défenseurs des droits de l’homme.

Cette loi prévoit une peine pouvant aller jusqu’à six ans de prison.

« Il est consternant que les autorités russes arrêtent des pratiquants du Falun Gong simplement parce qu’ils cherchent à méditer, étudier les enseignements du Falun Gong et vivre en suivant les principes d’authenticité, de bonté et de patience dans leur vie quotidienne », a déclaré Levi Browde, directeur exécutif du Centre d’information sur le Falun Dafa.

« Nous implorons les autorités russes de résister à toute pression exercée en coulisses par le Parti communiste chinois et de protéger les droits et les libertés de leurs propres citoyens. »

« Aujourd’hui, le Falun Gong est librement pratiqué dans plus de 100 pays à travers le monde, où il est apprécié et souvent encouragé. Seule la Chine communiste a cherché à diaboliser et à persécuter les pratiquants de Falun Gong », a-t-il souligné.

Une descente très médiatisée

Des vidéos publiées sur le compte Telegram officiel de la police moscovite montrent des policiers ouvrant la porte d’un appartement à coups de pied et plaquant un jeune homme au sol près de la porte de sa chambre. Un agent s’est agenouillé sur le dos de l’homme.

« Les mains dans le dos », ordonne un policier. « Tu n’as pas compris du premier coup ? »

Epoch Times a appris des gens au courant de l’affaire que ce jeune homme était le frère d’un pratiquant de Falun Gong.

Dans une autre vidéo, un agent demande à une femme pourquoi elle a mis du temps à ouvrir la porte.

« Parce que je devais m’habiller », a-t-elle répondu.

La police russe effectue une descente au domicile d’un pratiquant de Falun Gong à Moscou, le 3 mai 2024. La vidéo a été mise en ligne par la police de Moscou. (Capture d’écran Epoch Times)

La même vidéo montre un homme avec deux enfants à ses côtés, expliquant aux agents qu’ils n’ont rien fait de mal ou d’illégal.

« Nous faisons seulement les exercices, c’est tout », a-t-il affirmé à la police.

Les autorités ont saisi des livres et des brochures d’introduction à la pratique comme éléments de preuve. Epoch Times a appris de source moscovite que quatre pratiquants ont été arrêtés et détenus pour interrogatoire.

Nataliya Minenkova, l’une des détenues, devrait comparaître devant le tribunal le 4 mai, a appris Epoch Times d’une autre source.

M. Browde a exhorté les gouvernements des pays démocratiques a « demander la libération immédiate des pratiquants détenus à tort ».

Répression accrue

Au fil des ans, les pratiquants du Falun Gong en Russie ont été victimes de coercition de la part des autorités. Le livre principal du Falun Gong, Zhuan Falun, a été interdit dans le pays en 2011 – une décision condamnée par le Parlement européen. En 2023, la Cour européenne des droits de l’homme a jugé illégale l’interdiction en Russie des documents relatifs au Falun Gong.

En Russie, les pratiquants de Falun Gong chinois qui avaient obtenu le statut de réfugié auprès des Nations unies, ont été rapatriés de force en Chine – comme dans le cas de Ma Hui et de sa fille Ma Jing de 8 ans, déportées en 2017.

En novembre 2023, la police a perquisitionné les domiciles de pratiquants de Falun Gong dans plusieurs endroits, notamment à Moscou, à Saint-Pétersbourg, à Irkoutsk et dans sa région.

Li Xiaohua et sa mère Ju Reihjong participe dans une veillée aux chandelles organisée à Washington pour commémorer les victimes de la persécution du Falun Gong en Chine, qui se poursuit depuis 1999.  Mme Ju tient la photo de Li Delong, son mari et  père de Li Xiaohua,  qui est mort à la suite de cette persécution (Samira Bouaou/Epoch Times).

On pourrait noter à ce sujet que dans son dernier rapport sur les droits de l’homme, le département d’État américain indique que la Russie a « abusé des lois antiterroristes et anti-extrémistes, ainsi que d’autres mesures » pour cibler, entre autres, l’association locale du Falun Gong et sept ONG qui lui étaient liées « sans aucune preuve crédible d’actions ou d’intentions violentes ».

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