De Marseille à Bruxelles, Emmanuel Macron face à une crise explosive tangue entre apaisement et fermeté

Par Epoch Times avec AFP
30 juin 2023 19:35 Mis à jour: 30 juin 2023 19:45

Retour sur une semaine explosive qu’a vécu la France et la gestion de cette crise par Emmanuel Macron.

Il est à Marseille, lundi, entre bains de foule bon enfant et échanges houleux, il défend ses efforts pour les quartiers sensibles de la cité phocéenne, sorte de laboratoire d’une politique de la ville souvent considérée comme un angle mort de sa présidence.

Quelques heures plus tard, tout va basculer : avec la mort de Nahel mardi à Nanterre, ces mêmes quartiers vont s’enflammer à travers le pays, contraignant le chef de l’État à affronter une nouvelle crise grave en quête de l’impossible équilibre entre apaisement et fermeté. Le plus souvent à distance, de Marseille puis Bruxelles.

C’est donc en pleine immersion marseillaise qu’il est rattrapé par le drame. Une visite de trois jours, conçue comme le point d’orgue des « cent jours » censés lui permettre d’« apaiser » le pays après la crise des retraites.

« Inexplicable », « inexcusable »

Mercredi matin, après une première nuit agitée à Nanterre, il prend la parole au pied de barres d’immeubles fatiguées. « C’est inexplicable, inexcusable », s’indigne-t-il au sujet de cet adolescent de 17 ans tué par un policier à bout portant après avoir refusé d’obtempérer à un contrôle.

Le ton est donné d’un exécutif décidé à montrer qu’il prend la mesure de « l’émotion de la Nation ».

Depuis les heurts nocturnes, encore circonscrits, le président est en contact « en permanence » avec la Première ministre Élisabeth Borne et le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin. Ainsi qu’avec le garde des Sceaux Éric Dupond-Moretti, au moment où le gouvernement mise sur des décisions de justice rapides concernant le policier pour montrer qu’il ne bénéficie d’aucun traitement de faveur.

De retour à Paris, il s’autorise une escapade avec son épouse au concert d’Elton John à l’Accor Arena. Des photos circuleront le lendemain sur les réseaux sociaux, suscitant les critiques d’élus du Rassemblement national. Comme le député Jean-Philippe Tanguy, qui raille cette sortie « pendant que la France brûlait ».

« Il est allé saluer Elton John pour sa dernière représentation en France », répond son entourage, soulignant qu’ils se connaissent et « ont partagé des combats notamment pour le climat ».

Ce début de soirée, mercredi, est jugé relativement calme au sommet de l’État. C’est à partir de minuit que l’escalade commence. Après avoir échangé par messagerie avec ses équipes toute la nuit, il convoque aux aurores une réunion de la cellule interministérielle de crise.

L’objectif est double : durcir le ton, en dénonçant des violences « injustifiables » contre « les institutions de la République », mais aussi montrer qu’il est bien aux commandes. Car Emmanuel Macron doit à nouveau s’absenter de Paris jeudi. Un Conseil européen de deux jours l’attend à Bruxelles.

Or à ce moment-là, l’exécutif a compris qu’il se trouve face au risque d’une répétition des émeutes de 2005. C’était la grande crainte de la Macronie : qu’après la page mouvementée des retraites, « une étincelle » imprévue vienne embraser le pays.

Élisabeth Borne et ses ministres se déploient sur le terrain pour constater les dégâts de la nuit – une mairie et une école incendiées – et réitérer les appels au calme.

Dans l’austère bâtiment du Conseil européen, Emmanuel Macron suit la situation « minute par minute », selon son entourage.

Les heures passent et le chef de l’État est coincé par des luttes entre Hongrois et Polonais d’une part et Italiens d’autre part, sur l’immigration, qui bloquent la conclusion du sommet. Les Français, qui espéraient pouvoir expédier les débats dans la soirée, déchantent.

Pas encore d’état d’urgence

Alors que se joue une troisième nuit d’émeutes, Emmanuel Macron tranche : il rentrera vendredi en fin de matinée avant la fin des discussions et en annulant, fait rarissime, sa conférence de presse, pour présider une autre réunion de crise à Paris.

C’est dans les sous-sols de la place Beauvau qu’il prend finalement la parole « avec la plus grande fermeté » pour annoncer de nouvelles mesures. Sans toutefois aller jusqu’à l’état d’urgence réclamé par la droite et l’extrême droite, très critiques sur la gestion présidentielle.

Dans la matinée, des déclarations de l’exécutif avaient semblé ouvrir la porte à cette solution. Mais si elle a été mise sur la table, elle a finalement été exclue à ce stade.

Vendredi soir, Emmanuel Macron devait inaugurer en grande pompe la Grande Exposition du Fabriqué en France à l’Elysée. L’événement a finalement été réduit au strict minimum, tant la crise parasite désormais tout l’agenda présidentiel.

Le président français Emmanuel Macron prononce un discours lors de l’inauguration d’une exposition sur le thème du « Made in France » au palais de l’Élysée, à Paris, le 30 juin 2023. (Photo MICHEL EULER/POOL/AFP via Getty Images)

Dans ce contexte, sa visite d’État en Allemagne, de dimanche à mardi, pourra-t-elle être maintenue ? Une annulation, trois mois après celle de la visite du roi Charles III en France pour cause, déjà, d’agitation sociale, serait du plus mauvais effet à un an des Jeux olympiques de Paris.

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