De récentes activités secrètes suggèrent que les autorités du Xinjiang prévoient une inspection internationale

Des sources disent qu'une inspection est attendue d'ici quelques semaines

7 janvier 2019 02:58 Mis à jour: 7 janvier 2019 03:05

Les responsables du Xinjiang prévoyant une inspection internationale redoubleraient d’efforts pour dissimuler les preuves de l’ampleur et de la véritable nature des « centres de rééducation professionnelle » où au moins un million d’Ouïghours à prédominance musulmane seraient détenus.

Epoch Times a réussi à obtenir un accord de confidentialité auquel les prisonniers détenus dans un établissement situé dans le canton d’Awat, Xinjiang doivent se soumettre. L’accord, écrit en alphabet arabe ouïghour, stipule que les prisonniers ne doivent pas « révéler les études, la vie, le nombre de personnes et le fonctionnement interne des centres de formation », sinon ils seraient tenus malheureusement responsables « conformément aux lois et règlements pertinents de notre pays ».

Pour dissimuler la vraie nature des installations de détention de masse, dites « centres de formation professionnelle », les autorités retirent les clôtures de barbelés. Une source du Xinjiang a confirmé au Dajiyuan (l’édition d’Epoch Times en chinois) en septembre 2018, que les policiers locaux avaient signé des accords de confidentialité pour ne pas révéler qu’ils transportaient les Ouïghours ailleurs. Environ 1 500 Ouïghours dans la région où la source réside auraient été envoyés ailleurs, dit-elle.

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Des sources ont déclaré à Radio Free Asia (RFA) en octobre qu’elles estimaient que jusqu’à 300 000 Ouïghours avaient été secrètement transférés du Xinjiang vers des prisons de la province du Heilongjiang et d’autres régions de Chine depuis le début des réinstallations, début 2018.

Sous le couvert de l’anonymat, une source a informé la chaîne radio RFA, dès décembre 2018, que les habitants de la région sont également intimidés par les efforts des autorités locales pour réprimer les fuites d’informations à l’extérieur au sujet des camps. Dans l’espoir de contraindre au silence, les habitants doivent signer des accords de confidentialité, qui menacent à l’emprisonnement jusqu’à « trois générations de leur famille, qui sera sur la liste noire » s’il y a des fuites ou commentaires négatifs lors de l’inspection.

Une copie d’un autre accord de confidentialité du PCC obtenu par le magazine en ligne Bitter Winter exige que les résidents ne « répandent pas de rumeurs », ne donnent pas d’interviews aux médias ni ne divulguent des informations par les médias sociaux ou par SMS « qui contredisent les politiques du Parti et du gouvernement ».

Les habitants du Xinjiang doivent dire « seulement de bonnes choses au sujet du gouvernement » et  » féliciter la politique du Parti [communiste] », a expliqué, à la RFA, un homme d’affaires de la ville de Ghulja dans la préfecture autonome kazakhe d’Ili, qui fait actuellement le commerce au Kazakhstan voisin.

« On apprend aux gens à dire ce qu’ils doivent dire, et on leur a dit de ne pas mentionner les difficultés auxquelles ils sont confrontés. »

Une photo de l’accord de confidentialité du PCC distribué aux détenus du canton d’Awat, Xinjiang. Traduction (fournie) Traduction de l’accord de confidentialité du PCC distribué aux détenus du canton d’Awat, Xinjiang.
Traduction en anglais de l’accord de confidentialité du PCC distribué aux détenus du canton d’Awat, Xinjiang.

Les détails du texte ci-dessus seront cités en français plus loin.

Une visite internationale dans la région nord-ouest de la Chine est attendue d’ici quelques semaines, selon le rapport de la RFA.

Plusieurs États membres de l’ONU ont demandé à la Chine d’autoriser l’entrée d’observateurs dans la région lors de l’examen périodique universel du Conseil des droits de l’homme de l’ONU, le 6 novembre dernier, alors que la communauté internationale est de plus en plus consciente et sous les preuves de construction rapide de centres de détention massive dans le Xinjiang, recueillies par les images satellite provenant des chercheurs en ligne.

Le camp couvre une superficie de plus de 700 000 m² de construction depuis juin.

La taille du réseau de camps de rééducation du Xinjiang a plus que doublé l’année dernière.

À lire (en anglais) : l’analyse la plus récente de 28 camps de détention distincts sur https://t.co/541qluIjUR

De nombreux témoignages d’anciens détenus ouïghours ont également révélé les violations généralisées des droits de l’homme dont sont victimes les personnes détenues dans les camps, que la diaspora ouïghoure qualifie de génocide de leur peuple par le Parti communiste chinois (PCC).

Les Ouïghours, aux côtés d’autres minorités ethniques du Xinjiang et du Tibet, ainsi que les croyants religieux qui restent en dehors du contrôle de l’État, sont depuis longtemps la cible du PCC au pouvoir pour une transformation de la pensée par la « rééducation » – ce que les observateurs extérieurs appellent un lavage de cerveau.

En octobre, les autorités du Xinjiang ont légalisé les centres de détention en disant qu’elles allaient « éduquer et transformer » ceux que le PCC considère comme exposés aux « trois forces du mal » soi-disant « l’extrémisme, le séparatisme et le terrorisme ».

Voir aussi :

Les installations ont été rebaptisées « centres de formation professionnelle » et aujourd’hui, de plus en plus de preuves suggèrent que les détenus travaillent contre leur gré dans des installations de travaux forcés dans les camps devenus des soi-disant centres de formation.

VOIR aussi :

L’horreur de la répression des Ouïghours : Cartographie des lieux de détentions de masse au Xinjiang

Des témoins craignent que le régime chinois n’assassine des Ouïghours pour leurs organes

Le président du Congrès mondial Ouïghour alerte sur le prélèvement d’organes en Chine

Le plan de la Chine derrière la répression des Ouïghours du Xinjiang

Voir aussi en anglais :

Ex-Prisoner Says China’s ‘Vocational Training Centers’ a Complete Lie
(Une ancienne détenue dit que « les centres de formation professionnelle » en Chine sont un mensonge complet)

Prisoners Tortured, Drugged, Killed by Injection in Xinjiang ‘Re-Education Camps,’ Ex-Inmate Reveals
(Des prisonniers torturés, drogués et tués par injection dans des « camps de rééducation » du Xinjiang, révèle d’anciens détenus)

US Reviews Report of Imports from Forced Labor in China Camp
(Les États-Unis examinent le rapport sur les importations provenant du travail forcé dans un camp en Chine)

West Calls on China to Close Uyghur Detention Camps
(L’Ouest appelle la Chine à fermer les camps de détention ouïghours)

Gulbakhar Jalilova, 54 ans, ressortissante ouïgoure du Kazakhstan, a déclaré avoir été témoin des atrocités commises au cours de son internement de 15 mois dans un camp entièrement féminin à Urumqi, capitale du Xinjiang

Jeu de la tromperie

L’homme d’affaires ouïghour Abdurahman Hasan, qui a fui le Xinjiang en janvier 2017 après avoir été inscrit sur la liste noire du PCC, estime que Pékin s’efforce de reloger les prisonniers pour tromper les équipes internationales d’inspection.

« Maintenant, ils déplacent beaucoup de gens vers la Chine intérieure. Je pense que la Chine essaie de tromper les organisations internationales« , a déclaré A. Hasan à Epoch Times lors d’une interview téléphonique depuis Istanbul, en Turquie.

Les provinces chinoises du Heilongjiang, de la Mongolie intérieure, du Shaanxi et du Gansu ont chacune un quota de prisonniers à accueillir, ont indiqué des sources du PCC à Bitter Winter. La province du Shaanxi se serait vue attribuer un quota de 25 000 habitants.

Des initiés au courant de ces transferts ont rappelé au magazine que des milliers d’Ouïghours avaient été transférés de la préfecture de Kashi en septembre, et que le PCC était méticuleux dans la dissimulation des mouvements des détenus.

Les bus sont couverts d’étiquettes trompeuses, les fenêtres sont noircies et les Ouïghours sont transférés la nuit, la tête couverte de sacs noirs, selon des initiés.

Pendant le déménagement, les agents communiquent en faisant un geste de la main, les uniformes sont dépouillés de leur insigne et de leur numéro d’identification, et les plaques d’immatriculation sont dissimulées.

L’homme d’affaires Ghulja a déclaré à la RFA que lorsqu’il était dans le Xinjiang, il voyait régulièrement des véhicules de police près de son domicile qui, selon lui, transféraient des prisonniers par les « routes de la région ».

Destruction des preuves : fil barbelé, caméras de sécurité, drapeaux de la République populaire de Chine

Nathan Ruser, chercheur à l’Australian Strategic Policy Institute (ASPI), a déclaré à Epoch Times qu’il pensait que le PCC se préparerait avant toute inspection attendue pour éliminer les preuves qui pourraient indiquer que les installations sont de nature punitive et améliorer l’apparence des aspects existants des camps pour qu’ils correspondent à leur description d’installations pédagogiques pour les « compétences professionnelles ».

« Ils pourraient abattre quelques clôtures pour que les détenus aient plus de mouvement à l’intérieur de l’établissement », a dit M. Ruser. « Nous pourrions remarquer qu’il y a davantage d’accent sur les usines en particulier et je pense que nous verrions qu’il y a eu un nettoyage récent – ils rendront les usines beaucoup plus agréables et de meilleure qualité. »

« Je pense qu’ils vont essayer de mettre en valeur les salles de classe et les bâtiments administratifs plutôt que les dortoirs. »

Un agent du poste de police du canton de Tazghun a déclaré à la RFA que les autorités avaient déjà retiré les barbelés des murs du camp, les barreaux métalliques des portes et fenêtres des cellules et les caméras de vidéosurveillance.

Ces dernières semaines, les drapeaux chinois ont été retirés des rues du Xinjiang et remplacés par des « reproductions décoratives d’instruments de musique ouïghours », a déclaré l’homme d’affaires de la ville de Ghulja à RFA.

Il a ajouté que les résidents sont formés à chanter et à danser, et qu’on leur dit de « sourire joyeusement » tout en ayant l’air « heureux, enthousiaste… et satisfaits de leur vie ».

« Personne ne doit avoir l’air triste, sinon il y aura des conséquences », a-t-il fait remarquer.

Voir aussi :

Le plan de la Chine derrière la répression des Ouïghours du Xinjiang

Le régime chinois tente d’utiliser les attentats de Paris pour légitimer sa répression de la minorité ouïghoure

Voir en anglais seulement:

Beijing’s Role: Inciting Ethnic Violence in Xinjiang
(Le rôle de Pékin : incitation à la violence ethnique dans le Xinjiang)

Les responsables du Xinjiang pourraient tenter de « camoufler le nombre » de détenus en focalisant l’attention sur « l’aspect formation professionnelle », a ajouté Ruser.

« On dirait qu’ils vont jouer avec les mots pour faire penser que les installations ne sont pas contraignantes pour la vie des détenus et au lieu de cela, présenter la situation comme une opportunité. »

Voyez aussi la vidéo suivante (en anglais) :

Anastasia Lin-Le Parti communiste chinois ne représente pas le peuple chinois:

Version originale

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