Découverte d’un variant du VIH hautement infectieux et plus dangereux aux Pays-Bas

Les personnes touchées risquent d'évoluer vers le sida « beaucoup plus rapidement »

Par Mimi Nguyen-ly
8 février 2022 01:18 Mis à jour: 2 mai 2023 21:01

Un variant du virus de l’immunodéficience humaine (VIH) a été découvert aux Pays‑Bas par des chercheurs de l’université d’Oxford. Ils affirment que ce variant hautement infectieux et plus virulent que les autres souches de VIH peut faire courir aux individus le risque de développer le sida « beaucoup plus rapidement ».

Le VIH est un virus qui attaque le système immunitaire de l’organisme, ce qui peut, mais pas toujours, conduire au sida s’il n’est pas traité. L’Organisation mondiale de la santé (OMS) a estimé qu’entre 30,2 et 45,1 millions de personnes vivaient avec le VIH à la fin de 2020, dont plus des deux tiers (25,4 millions) en Afrique.

Le variant nouvellement découvert, nommé « VB », pour variant virulent du sous‑type B, présente d’importantes différences avec les autres variants du VIH. Plus précisément, avant de recevoir un traitement antirétroviral, les personnes avec le variant VB ont une charge virale (niveau de virus dans le sang) entre 3,5 et 5,5 fois plus élevée. Elles présentent également un risque plus élevé de transmettre le virus à d’autres personnes.

Le taux de diminution des cellules CD4 – considéré comme le marqueur des dommages causés au système immunitaire par le VIH – est deux fois plus rapide chez les personnes atteintes du variant VB, ce qui leur fait courir le risque de développer le sida « beaucoup plus rapidement », selon un communiqué d’Oxford.

« Avant cette étude, on savait que la génétique du virus VIH jouait un rôle dans la virulence, ce qui impliquait que l’évolution d’un nouveau variant pouvait modifier son impact sur la santé. La découverte du variant VB l’a démontré, fournissant un exemple rare du risque posé par l’évolution de la virulence virale », a déclaré l’auteur principal Chris Wymant dans le communiqué.

Heureusement, les personnes présentant le variant VB réagissent pareillement au traitement antirétroviral, le traitement standard du VIH, et ont des taux de survie similaires à ceux atteints par d’autres variants du VIH.

Le variant récemment découvert peut endommager le système immunitaire plus rapidement, c’est pourquoi les chercheurs ont déclaré qu’il était « essentiel » pour les personnes présentant un risque élevé de contracter le VIH d’avoir accès à des tests de dépistage fréquents afin d’être diagnostiquées au plus vite et de commencer un traitement dès que possible.

La détection et le traitement précoces « limitent la durée pendant laquelle le VIH peut endommager le système immunitaire d’une personne et mettre sa santé en danger », selon l’auteur principal Christophe Fraser.

« Ils permettent également de supprimer le VIH le plus rapidement possible, ce qui empêche sa transmission à d’autres personnes. »

Sans traitement, les personnes atteintes du variant VB pourraient évoluer vers le sida dans les deux à trois ans suivant leur diagnostic initial de VIH, contre six à sept ans en moyenne pour les autres variants du VIH.

L’étude a été publiée dans la revue Science le 3 février.

Les scientifiques ont noté qu’ils ne pouvaient pas déduire une cause génétique unique pour le variant VB, qui comporte de nombreuses mutations réparties dans le génome.

On estime que ce variant est apparu à la fin des années 1980 ou dans les années 1990. Les chercheurs ont été informés de l’existence du variant VB par une autre étude en cours, le projet BEEHIVE, qui recueille des échantillons de tests en Europe et en Ouganda.

Ils ont découvert que 17 des personnes séropositives participant à l’étude BEEHIVE présentaient un « variant viral distinct de sous–type B », avec des charges virales « très élevées » au cours de la période de 6 à 24 mois suivant un test positif au stade précoce de l’infection. Sur ces 17 personnes, 15 étaient originaires des Pays‑Bas.

À partir de là, les chercheurs ont analysé les données d’une cohorte de 6 706 personnes séropositives aux Pays‑Bas. Parmi celles‑ci, ils ont trouvé 92 autres personnes infectées par le variant viral, ce qui porte à 109 le nombre total de personnes chez qui le variant VB a été confirmé.

Le « premier individu touché par le VB » a été diagnostiqué séropositif en 1992, ont écrit les chercheurs.

Après avoir analysé les schémas de variation génétique parmi les échantillons, les scientifiques ont estimé que le variant VB est apparu pour la première fois à la fin des années 1980 ou au début des années 1990 aux Pays‑Bas, après quoi il a connu une propagation plus rapide que les autres variants dans les années 2000, bien que la propagation ait diminué depuis environ 2010.

« L’équipe de recherche pense que le variant VB est apparu en dépit de la généralisation du traitement aux Pays‑Bas, et non en raison de celui‑ci, car un traitement efficace peut supprimer la transmission », peut‑on lire dans le communiqué d’Oxford.

« Les personnes avec le variant VB présentaient des caractéristiques typiques des personnes vivant avec le VIH aux Pays‑Bas, notamment l’âge, le sexe et le mode de transmission présumé. Cela indique que la transmissibilité accrue du variant VB est due à une propriété du virus lui‑même, plutôt qu’à une caractéristique des personnes atteintes du virus. »

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