Disney sous le feu des critiques en Turquie, le pays dénonce une « propagande LGBTQ »

Par Adam Morrow
24 mai 2022 11:00 Mis à jour: 25 mai 2022 10:01

Le service de streaming Disney+ se prépare à être lancé dans 42 pays cet été. Soudain la controverse autour du groupe Disney dépasse le cadre de guerre culturelle américano‑américaine.

En Turquie, où Disney+ doit commencer à diffuser à partir du 14 juin, nombreux sont ceux qui s’indignent du contenu de la plateforme face à l’importance croissante que prennent les thèmes lesbiens, gays, bisexuels, transgenres et queers (LGBTQ). Il s’agit, selon eux, d’une « attaque » contre la culture et les valeurs traditionnelles du pays.

« Nous sommes opposés à cette propagande [LGBTQ], qui déclare la guerre à notre nation et à nos enfants », explique pour Epoch Times Dilek Çınar, responsable de l’Union de la jeunesse turque basée à Istanbul. « Avec ce contenu, Disney+ cherche à empoisonner l’esprit de la jeunesse turque. »

De nombreux parents turcs expriment des réserves sur ce qu’ils perçoivent comme un contenu inapproprié pour le jeune public. « Mon mari et moi ne voulons pas que notre fils de 4 ans soit exposé à des films et des émissions de télévision qui contiennent des idées sexuelles ou des idées [LGBTQ] », déclare Betul Alver, 30 ans, à Epoch Times. « Nous sommes profondément inquiets avec Disney+ et nous demandons instamment aux autorités d’interdire sa diffusion en Turquie. »

Des messages subtils

En décembre dernier, le Conseil suprême de la radio et de la télévision de Turquie a accordé à Disney+ une licence pour diffuser son contenu dans tout le pays pendant dix ans. L’Union de la jeunesse turque, qui compte plus de 80 000 membres, a réagi en organisant une campagne en ligne pour sensibiliser le public à cette question et faire pression sur le conseil pour qu’il revienne sur sa décision.

« Il est très important que les parents aient cette prise de conscience pour s’assurer que nos enfants sont protégés », poursuit Mme Çınar. « Nous nous opposons également à d’autres plateformes médiatiques, comme Netflix, qui diffusent une propagande similaire. »

Lorsqu’on lui a demandé de citer des exemples spécifiques de thèmes LGBTQ dans le contenu de Disney, Mme Çınar a indiqué plusieurs productions récentes de Disney, notamment Gravity Falls, Onward, 9‑1‑1 : Lone Star et Owl House. Les affirmations de Mme Çınar sont fondées : le créateur de Gravity Falls, Alex Hirsch, a confirmé qu’il y avait une relation homosexuelle dans sa série comique animée. Dans le même temps, Onward a été salué par les médias occidentaux lors de sa sortie en 2020 pour avoir introduit le « premier personnage ouvertement LGBTQ de Disney ».

Selon Mme Alver, de nombreux parents en Turquie « sont conscients que ces géants multinationaux des médias utilisent des messages subtils pour pousser des idéologies étrangères sur des téléspectateurs jeunes et impressionnables ». Appelant à ce que toutes les plateformes médiatiques qui s’adressent aux enfants soient « étroitement surveillées », elle déclare : « Nous ne voyons pas cela comme une restriction de nos libertés. Il s’agit bien plus de protéger nos enfants, notre avenir. »

Le 23 avril, journée nationale de l’enfance en Turquie, l’Union de la jeunesse turque a organisé une manifestation à Ankara, la capitale du pays, pour protester contre la « propagande LGBTQ » perçue sur des plateformes médiatiques populaires telles que Disney, Netflix et YouTube. Des centaines de lycéens venus de tout le pays ont assisté à la manifestation. Les participants ont brandi des pancartes sur lesquelles on pouvait lire : « Netflix et Disney+, nous n’avalerons jamais votre poison ! » et « Nous ne sommes pas la ‘génération Z’ ! Nous sommes la jeunesse turque ! »

Les dirigeants de l’Union des jeunes ont rencontré des responsables du Conseil de la radio et de la télévision, explique Mme Çinar, pour discuter de leurs inquiétudes. Lorsqu’on lui a demandé si elle nourrissait l’espoir que le conseil revienne sur sa décision concernant le lancement de Disney+, elle a répondu : « Les préoccupations du Conseil coïncident avec les nôtres. »

Le Conseil de la radio et de la télévision n’a pas répondu aux demandes de commentaires répétées d’Epoch Times.

L’Union de la jeunesse turque n’a pas été la seule à exprimer des objections au lancement prochain de la plateforme. Dans une déclaration récente, l’Association des femmes de la République, basée à Ankara, qui milite pour la préservation de la culture et des principes fondateurs turcs, s’est également positionnée contre la promotion des thèmes LGBTQ par Disney : « [C’est] une attaque idéologique contre notre pays et notre peuple. »

Mondialisation et malaise

Pour sa part, la Walt Disney Company, dont le siège est en Californie, n’a jamais caché ses positions concernant « l’identité de genre » et d’autres questions liées aux LGBTQ. Lors d’une réunion Zoom organisée en mars dans l’ensemble de l’entreprise, Karey Burke, présidente du divertissement général de Disney, a appelé à augmenter considérablement le nombre de personnages LGBTQ dans le contenu Disney.

L’Union de la jeunesse turque a rapidement reposté la vidéo – avec des sous‑titres turcs.

La réunion de Zoom se tenait dans le cadre de l’initiative « Reimagine Tomorrow » [Réimaginer demain, ndt.] de Disney, qui, selon son site, « s’appuie sur l’engagement de longue date de Disney en faveur de la diversité, de l’équité et de l’inclusion ». Mais selon l’Association des femmes de la République, des phrases nobles comme celles‑ci ne servent qu’à dissimuler une volonté de programmer les mentalités.

« La promotion de cette idéologie [LGBTQ] n’a rien à voir avec la ‘liberté’ ou les ‘droits de l’homme’ », a déclaré l’association dans un communiqué. « Il s’agit de réduire les gens à des esclaves du système sans cervelle en les aliénant d’eux‑mêmes et de leurs valeurs. »

Malgré les efforts continus de la Turquie pour rejoindre l’Union européenne, de nombreux Turcs, quelle que soit leur orientation politique, regardent d’un mauvais œil ce qu’ils considèrent comme la « décadence » de l’Occident.

« Cette corruption [des valeurs traditionnelles] a déjà commencé aux États‑Unis et dans les sociétés occidentales », affirme Mme Çınar. « Et cette corruption est exportée et imposée à l’ensemble de la planète sous la bannière de la mondialisation. »

Mme Çınar ajoute que ces dernières années les « réactions augmentent » contre la mondialisation et ses idéologies, en particulier celles qui concernent l’orientation sexuelle et l’identité de genre.

Le projet de loi sur les droits parentaux dans l’éducation récemment adopté en Floride, auquel Disney s’est ouvertement opposé, interdit aux enseignants de discuter de ces sujets avec les jeunes élèves. Ce projet de loi « n’est qu’un exemple de ces réactions », affirme Mme Çinar. « Il est inévitable qu’il y ait une résistance à cette corruption, même dans les endroits d’où elle provient », conclut‑elle.

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