Comment « des dommages irréversibles » affectent une génération de filles

L'écrivain Abigail Shrier ouvre le débat sur le transgenrisme

Par Catherine Yang
20 mars 2021 18:00 Mis à jour: 10 mai 2021 06:25

Abigail Shrier inclut dans toutes ses interviews quelque chose que personne d’autre ne semble dire : les militants transgenres d’aujourd’hui ne semblent pas du tout représenter la population adulte transgenre. Par définition, les militants se situent à l’extrême des problèmes, mais ces dernières années, les récits des militants trans ont pris le dessus sur toutes les discussions, et le résultat a été coûteux.

Dans des centaines de cas, le résultat a été un dommage irréversible causé à une population croissante d’adolescentes, comme l’explique Mme Shrier dans son récent livre intitulé Irreversible Damage : The Transgender Craze Seducing Our Daughters (dommage irréversible : la folie transgenre qui séduit nos filles).

Après avoir écrit un article d’opinion en 2017 sur le militantisme transgenre, qui portait en réalité sur des questions de liberté d’expression, Abigail Shrier a entendu une mère dont la vie de la fille avait été détournée par le récit. Il faudra attendre quelques mois pour que Mme Shrier décide de s’attaquer au problème, et une deuxième tribune qu’elle a écrite a suscité un millier de commentaires.

Depuis lors, Abigail Shrier s’est entretenue avec un large éventail de personnes touchées par cette folie – des experts dont les professions ont été bouleversées aux influenceurs trans populaires, en passant par les personnes qui introduisent l’idéologie du genre dans les écoles – et les quelque 200 entretiens réalisés donnent forme à une histoire qui a trop longtemps été censurée.

« L’histoire ici, c’est que nous avons une épidémie absolue chez des adolescentes qui ne semblent pas du tout souffrir d’une dysphorie de genre typique, qui se convainquent néanmoins qu’elles ont une dysphorie de genre, qui convainquent leurs amis, et qui se précipitent vers les hormones et les opérations chirurgicales. Elles constituent le groupe démographique le plus important et celui qui connaît la croissance la plus rapide, et ce dans tout l’Ouest [des États-Unis] », a constaté Abigail Shrier.

Autrefois, les filles – et leurs camarades – pouvaient s’auto-diagnostiquer boulimiques ou anorexiques. Aujourd’hui, elles peuvent se convaincre qu’elles souffrent de dysphorie de genre alors que ce n’est pas le cas. Les médias sociaux ont amplifié la portée de ce phénomène. (Hannamariah/Shutterstock)

Faux diagnostic

Nous savons à quoi ressemble la dysphorie de genre, car nous disposons de données à ce sujet depuis plus de 100 ans. Ce que les adolescentes présentent aujourd’hui n’est pas cela.

Le Dr Lisa Littman, également interviewée dans le livre, a été la première à publier un rapport sur le pic des cas d’adolescentes, inventant le terme « dysphorie de genre à apparition rapide » (DAGR), et elle a été rapidement réduite au silence. Les insultes sur les médias sociaux se sont accumulées, et les conséquences professionnelles ont suivi, puisque son article évalué par des pairs a été retiré. Mais pendant ce temps, des centaines de familles ont réalisé pour la première fois que le cauchemar qu’elles vivaient n’était pas unique.

La dysphorie de genre est un trouble qui peut être traité. Elle survient généralement à un très jeune âge (2 à 4 ans), et presque toujours chez les garçons. Ces enfants, qui représentent historiquement 0,01 % de la population, présentent une détresse extrême vis-à-vis de leur sexe biologique. Environ 70 % de ces cas se résolvent dans l’enfance, mais d’autres persistent douloureusement à l’âge adulte. Parfois, ce trouble est lié à un traumatisme, et parfois pas du tout. Les hormones et la chirurgie visant à modifier esthétiquement le corps physique du patient ne sont qu’une des voies qu’il peut emprunter pour faire face à sa dysphorie.

Au cours de la dernière décennie, nous avons assisté à un phénomène d’adolescents et d’adolescentes qui n’avaient pas d’antécédents de dysphorie de genre pendant l’enfance et qui, soudainement et en groupe, se déclarent transgenres, ce qui les conduit rapidement vers les hormones et la chirurgie. Au Royaume-Uni, par exemple, d’une année à l’autre, les cas ont augmenté de 4,5 %. En fait, ce phénomène suit un schéma observé chez les adolescentes à de nombreuses reprises au cours de l’histoire.

« C’est une hystérie contemporaine. Nous voyons ces cas périodiquement », a déclaré Abigail Shrier. « À une époque antérieure, elles auraient pu dire : ‘Oh, le problème, c’est que je suis si grosse.' » Il y a dix ans, ces mêmes filles auraient pu être diagnostiquées boulimiques ou anorexiques. Avant cela, elles auraient pu s’auto-diagnostiquer et commencer à présenter des symptômes de trouble de la personnalité multiple. Et ces événements ont toujours été des épidémies localisées, mais aujourd’hui, avec la grande portée des médias sociaux et la vitesse du feu de brousse, c’est une épidémie qui a balayé tout l’Ouest.

« Ces jeunes femmes ont beaucoup d’autres problèmes de santé mentale : dépression, anxiété, et elles sont impliquées dans les scarifications ; il y a beaucoup d’automutilation dans cette population. Et cette population, qui a déjà des problèmes de santé mentale, s’auto-diagnostique une dysphorie de genre.

« Il y a beaucoup de façons différentes par lesquelles nous avons vu cette même population d’adolescentes se convaincre d’un diagnostic qu’elles n’ont pas. »

Au lieu de cela, ce dont les filles souffrent souvent, c’est d’anxiété, de dépression, de l’adolescence elle-même – une période émotionnellement turbulente où les enfants grandissent dans de nouveaux corps – et d’une culture qui a rétrogradé les femmes.

Abigail Shrier s’est entretenue avec une cinquantaine de familles dont les filles se sont auto-diagnostiquées comme étant transgenres, et leurs histoires se ressemblent de façon frappante. Les histoires sont si similaires, en fait, qu’Abigail Shrier s’est inquiétée du fait qu’une autre fille pourrait confondre sa famille avec une famille totalement distincte de la sienne, qui serait décrite dans le livre, et la ressemblance risque de lui paraître si particulière que, se sentant trahie, la fille extérieure au récit risquerait d’aller jusqu’à couper les ponts avec sa propre famille. Si le récit habituel veut que les adolescents qui s’avouent transgenres soient coupés par leur famille qui ne les soutient pas, Abigail Shrier renverse complètement ce mensonge.

Au contraire, il s’agit généralement de familles extrêmement solidaires et progressistes qui sont de véritables pom-pom girls pour leurs filles. Mais lorsque les familles se demandent si leurs enfants devraient vraiment commencer à prendre de la testostérone ou se faire opérer tout de suite, les filles peuvent se braquer et cesser de communiquer avec leurs parents (qui continuent ensuite à les soutenir financièrement).

« Les familles ne s’inquiètent pas de la façon dont les autres les perçoivent », explique Abigail Shrier. Elles ont pris l’initiative de partager leur histoire dans l’espoir que d’autres familles puissent éviter le même sort. « Ce qui les inquiète, c’est le bien-être de leurs filles. L’idée que leurs filles puissent rompre avec elles si elles découvrent qu’elles m’ont même parlé, ou qu’elles n’ont pas complètement soutenu leur transition de genre, est vraiment effrayante pour les parents, pour de bonnes raisons. »

Un inconfort permanent

Si les filles ne faisaient que se déclarer trans, ces parents ne manifesteraient pas la terreur absolue et le déchirement qu’ils partagent dans des histoires anonymes en ligne et dans le livre d’Abigail Shrier. Mais contrairement aux hystéries passées, ces filles vivent également dans une culture et un système qui semblent tout à fait prêts à les aider dans leur parcours biologiquement dommageable. Cela commence dès le plus jeune âge, dans les écoles.

Le livre d’Abigail Shrier traite le sujet de manière rationnelle, avec sensibilité et empathie, et elle en est venue à sympathiser avec nombre de ses interlocuteurs. Mais lorsqu’il s’agit des écoles, elle est choquée.

« Les écoles sont incroyablement difficiles à atteindre », a déclaré Abigail Shrier. Les écoles excluent intentionnellement et efficacement les parents ou les induisent volontairement en erreur. Dans son État, les parents ont protesté pour faire retirer certains livres qu’ils jugeaient inappropriés, et elle a découvert par la suite qu’au moins un de ces livres avait été secrètement réintroduit par la bibliothèque virtuelle de l’école. On a raccroché au nez d’Abigail Shrier à plusieurs reprises et on lui a interdit d’assister à une formation destinée aux directeurs d’école sur l’idéologie du genre ; même les législateurs qui font pression sur les politiques scolaires n’ont pas voulu lui parler. Mais les entretiens qu’elle a obtenus et inclus dans le livre sont éclairants.

« La quantité de secrets dans le système scolaire et les efforts déployés pour s’assurer que les parents ne disposent pas de l’information sont légion », a-t-elle déclaré. « Il y a tellement de choses qui se jouent malheureusement parmi nos éducateurs avec la direction et l’encouragement des militants. »

Afin d’enseigner ce que signifie être « non conforme au genre » (un signe que vous êtes peut-être trans), les écoles doivent d’abord enseigner ce que signifie être conforme au genre, et elles le font d’une manière déconcertante et régressive.

« Cela réduit toutes les femmes à des stéréotypes. Si tu n’aimes pas le rose, tu es non conforme au genre ; si tu aimes les maths, tu es non conforme au genre ; si tu excelles en sport, tu es non conforme au genre », a expliqué Abigail Shrier. « Ils enferment les jeunes filles dans les plus petits espaces d’acceptabilité. C’est vraiment l’une des idéologies les plus cruelles et les plus anti-féminines que j’aie vues dans ma vie. »

Elle écrit que toute l’histoire des réalisations des femmes est effacée dans les écoles, car ces figures sont plutôt célébrées pour avoir osé être non conformes au genre.

À une époque où les adolescents, et la culture en général, semblent plus progressistes que jamais, on pourrait supposer que tous les membres de la communauté LGBT sont considérés comme ayant un statut égal, mais les femmes ont également été rétrogradées. Une adolescente a confié à Abigail Shrier que les lesbiennes sont simplement considérées comme des filles masculines qui ne peuvent pas admettre qu’elles sont des garçons, que ce n’est « pas cool » et que c’est « une catégorie pornographique ».

Ainsi, lorsque ces filles – qui sont généralement intellectuellement précoces, artistiques et anxieuses – subissent un revers social (par exemple, lorsque leurs photos sont jugées sur les médias sociaux, ou lorsqu’elles ressentent des brimades ou sont laissées pour compte par leur groupe d’amis), il n’est pas difficile de comprendre pourquoi elles s’accrochent à un groupe minoritaire qui leur donne le statut de victime (une amélioration dans la hiérarchie sociale) et à un groupe de pairs qui célèbre avec enthousiasme leur nouvelle identité. C’est une théorie qui explique pourquoi 40 à 50 % des étudiants d’un campus entier déclarent être LGBT, alors qu’historiquement, ce groupe démographique représente 10 % de la population.

Certaines de ces adolescentes ont rencontré un nouvel ami à l’école qui, ont-elles appris plus tard, était transgenre. D’autres de ces adolescentes sont tombées dans des communautés de médias sociaux qui poussent à l’activisme transgenre. Ces mentors en ligne poussent les adolescentes à préparer une histoire sur le fait qu’elles ont toujours souffert de dysphorie de genre, mais qu’elles n’en ont jamais parlé parce qu’elles ne se sentaient pas en sécurité chez elles. Les adolescentes apprennent que si elles disent qu’elles risquent de se suicider, elles sont pratiquement assurées d’obtenir ce qu’elles demandent de la part des écoles, des thérapeutes et de leurs parents.

Les militants nous apprennent que le mot clé ici est « affirmer ». Si une fille de 12 ans se déclare trans, sa parole doit être traitée comme parole d’évangile. L’école doit confirmer ses pronoms et son nouveau nom (sans le dire à ses parents, qui pourraient ne pas soutenir cela, bien sûr), les thérapeutes doivent confirmer son auto-diagnostic, et les parents doivent confirmer leur nouveau fils s’ils ne préfèrent pas avoir une fille morte.

Les thérapeutes sont placés dans une position étrange ; certains sont eux-mêmes des militants et sont trop heureux de dire à une fille et à ses parents qu’elle est trans. D’autres craignent de ne pas avoir l’expertise nécessaire pour traiter la dysphorie de genre, d’autres se disent que s’ils ne sont pas suffisamment « affirmatifs » ils vont être accusés de pratiquer la « thérapie de conversion » de perdre leur licence. D’autres encore peuvent être trompés par les récits soigneusement construits par les adolescentes et leurs menaces de suicide.

Si une fille n’a pas encore atteint la puberté, on conseille à ses parents de la mettre sous inhibiteurs de puberté. Ces médicaments sont recommandés aux parents comme un « bouton de pause » bénin sur la puberté pour leur faire gagner du temps, sans aucun avertissement que ces médicaments, développés à l’origine comme un castrateur chimique, imitent les effets d’une tumeur hypophysaire. Le blocage de la puberté n’arrête pas seulement la croissance physique, il retarde également le développement neurologique. Et si la jeune fille ne se sentait pas à l’aise avec son corps avant la puberté, elle risque de l’être encore moins lorsque tous ses amis autour d’elle commenceront à passer à la puberté et qu’elle se sentira délaissée et déconnectée.

Les parents ne savent généralement pas que près de 100 % des enfants qui commencent à prendre des bloqueurs de puberté finissent par utiliser des hormones transsexuelles.

Si les filles sont plus âgées et ont déjà traversé la puberté, elles essaieront probablement d’acheter des bloqueurs de poitrine, ce qui peut leur causer des difficultés respiratoires et même des lésions tissulaires. Ensuite, elles commencent à prendre de la testostérone (« T », dans la terminologie argotique), qui a des effets permanents, comme une voix plus grave et la croissance des poils, qui demeurent et persistent même après l’arrêt de la prise d’hormones. Et si les parents n’aident pas ces filles à se procurer des hormones, les écoles le font – secrètement, et parfois sans même avoir besoin de quitter le campus.

Le médicament s’accompagne de graves risques pour la santé, ce qui est souvent passé sous silence.

« J’ai interviewé beaucoup d’influenceurs transgenres – des personnes d’une vingtaine d’années, en général – qui influencent et encouragent la transition chez les jeunes de manière très efficace et très agressive », explique Abigail Shrier. Ils partagent et surpartagent avec leurs adeptes, et les encouragent nonchalamment à essayer les hormones transsexuelles même s’ils ne sont pas sûrs d’être trans, mais seulement parce qu’ils semblent ne pas saisir pleinement les complications non plus. « J’en suis venu à avoir plus de sympathie pour eux parce que j’ai vu à quel point certains de ces jeunes étaient perdus, bien intentionnés mais perdus. »

La testostérone a également pour effet initial d’atténuer l’anxiété et la dépression, qui sont souvent les raisons pour lesquelles ces filles ont besoin d’un traitement en premier lieu. Elles ressentent donc une euphorie dès qu’elles commencent, ce qui les convainc qu’elles sont sur la bonne voie.

Mais la testostérone doit aussi être prise très régulièrement. Elle interrompt le cycle menstruel et ordonne l’élimination de la muqueuse utérine, de sorte que si la jeune fille oublie de prendre ses injections d’hormones à temps, son cycle menstruel reprend et la muqueuse utérine qui se développe rapidement augmente le risque de mutation cellulaire, ce qui entraîne un cancer de l’endomètre. Cela signifie que de nombreuses personnes qui commencent à prendre de la testostérone opteront, quelques années plus tard, pour une intervention chirurgicale visant à retirer également leur utérus et leurs ovaires, ce qui les rendra stériles.

Les militants rassurent souvent les gens en leur disant que toutes les personnes transgenres ne subissent pas d’interventions chirurgicales, ce qui est vrai, mais celles qui le font subissent souvent de multiples interventions, et il s’agit généralement d’interventions risquées et spécialisées qui ne devraient pas être pratiquées par n’importe quel chirurgien.

« Parce qu’il s’agit d’un malaise lié au fait de ne pas ressembler à son sexe biologique, les interventions chirurgicales se multiplient. Ce n’est pas une seule opération qui vous fait ressembler à un homme ; très souvent, les patients reviennent pour plusieurs opérations », a déclaré Abigail Shrier. Après la « chirurgie du haut », une double mastectomie volontaire (une procédure à l’éthique douteuse, car les chirurgiens suppriment une fonction biologique), ces filles se rendent compte que leurs hanches sont trop larges, car ce n’est pas seulement que chaque cellule du corps contient la preuve du sexe biologique d’une personne – la structure osseuse est également très révélatrice. Et puis les chirurgies génitales (« chirurgie du bas ») sont des microchirurgies si spécialisées que le fait de ne pas travailler avec les meilleurs chirurgiens garantit pratiquement une opération bâclée.

Les hormones et la chirurgie ne sont pas seulement présentées comme une solution rapide aux problèmes de ces filles ; si elles déclarent être transgenres, elles subissent également la pression de leurs pairs pour le prouver.

Abigail Shrier note, à travers des conversations avec certains de ces influenceurs, que toutes les filles qui tentent une transition ne veulent pas devenir des garçons. En fait, les adolescentes qui affichent le ROGD (Rapid-Onset Gender Dysphoria : dysphorie de genre à déclenchement rapide) ne semblent pas du tout vouloir être des garçons. Ce qu’elles veulent, c’est « ne pas être une fille », ne pas voir chaque partie de leur corps jugée et humiliée publiquement et ne pas souffrir de faire partie d’une classe sociale « inférieure ».

Il y a aussi des histoires de « désisteurs » et de « détransitionneurs » – des personnes qui, généralement au milieu de la vingtaine (le moment où leur cerveau finit enfin de se développer, note une mère), se rendent compte qu’elles ont fait une erreur en changeant de sexe. Les activistes ne veulent pas que les gens entendent ces histoires ; ils disent souvent que personne ne revient en arrière après une transition, mais ce n’est pas vrai. Abigail Shrier note que cela va de soi que les militants insistent sur ce caractère « immuable » de la transidentité, car c’est le langage utilisé dans la clause de protection égale. C’est également ce qui fait qu’en vertu de la loi sur les soins abordables de 2010, les assureurs sont tenus de fournir de la testostérone si d’autres hormones, comme la pilule contraceptive, sont couvertes.

Le problèmes avec les enfants

Abigail Shrier savait qu’elle racontait une histoire qu’une population de parents voulait désespérément partager, mais elle n’avait pas réalisé l’ampleur du soutien qu’elle recevrait également de la part d’adultes transgenres.

D’une certaine manière, ce qui m’a le plus surprise, c’est le nombre de merveilleux adultes transgenres qui m’ont contactée et m’ont dit : « Écoutez, je suis d’accord avec vous ; ce que j’ai vécu n’a rien à voir avec cette soudaine explosion d’enthousiasme transgenre chez les adolescentes, et c’est difficile pour moi de le dire publiquement, mais ces adolescentes ne devraient pas pouvoir entrer dans une clinique basée sur le consentement éclairé et en ressortir le jour même avec de la testostérone. C’est irresponsable. » Ils ne pensent pas que ce phénomène soit quelque chose dont on doive se réjouir.

Il n’est pas étonnant que ces adultes transgenres se sentent réduits au silence, lorsque les médias grand public ignorent leurs histoires, a déclaré Abigail Shrier. Lorsque son livre a été publié, Amazon a refusé de diffuser des publicités pour celui-ci et a vendu des termes de recherche à des livres qui racontaient l’histoire inverse, qui célébraient la transition des adolescentes. Irreversible Damage est tout de même devenu le livre LGBT le plus vendu. Il est rare de trouver un livre qui parle du genre sans être politique, mais Abigail Shrier évite la politique et l’idéologie au profit de la vérité.

Si le livre d’Abigail Shrier jette un regard intérieur sur le parcours médical de la transition, il s’agit surtout d’une exploration de la culture, qui examine où nous en sommes et comment nous en sommes arrivés là.

« N’oubliez pas que nous n’avons plus beaucoup d’enfants dans notre société », dit-elle. « La croissance de notre population a chuté de façon vertigineuse et nous ne semblons pas faire preuve de beaucoup de bon sens en ce qui concerne les enfants.

« Ainsi, pour une raison ou une autre, nous prenons très au sérieux l’annonce faite par une jeune fille en ligne à l’âge de 11 ans. Elle est presque traitée comme un prophète. »

Cela a encore moins de sens quand on sait que les adolescents d’aujourd’hui se comportent émotionnellement et mentalement de manière plus jeune que ne l’auraient fait ceux de leur âge il y a une génération.

« Et bien sûr, si vous avez déjà élevé un enfant, vous êtes plutôt sceptique sur le fait que les enfants de 11 ans en savent beaucoup sur eux-mêmes. Mais malheureusement, nous n’avons pas beaucoup de personnes qui ont le sens des enfants dans notre société actuelle », a-t-elle ajouté.

Les parents de la génération X ont tendance à être progressistes et thérapeutiques. Les mêmes parents qui sont décontenancés lorsque leur fille déclare qu’elle est un garçon ont été d’un grand soutien lorsqu’elle s’est déclarée pansexuelle, bisexuelle ou lesbienne un an auparavant. Abigail Shrier est elle-même un parent de la génération X, et entendre ces histoires les unes après les autres l’a fait réfléchir. Qu’est-ce qu’une enfant de 11 ans qui n’a jamais embrassé ou fréquenté quelqu’un sait vraiment de sa sexualité ? L’identité n’est pas quelque chose que l’on obtient après avoir fait quelques recherches sur les médias sociaux.

« Ils sont là pour donner des directives et imposer des limites à leurs enfants », a précisé Abigail Shrier. Les parents ne doivent pas accepter toutes les annonces de leurs enfants et, surtout, ils ne doivent pas les laisser publier ces annonces en ligne, « où ils peuvent être contactés par toutes sortes d’adultes, dont certains sont prêts à en profiter ».

« De plus, lorsqu’ils font des annonces en ligne, sur les médias sociaux, à propos de leur genre ou de leur sexualité, cela tend à donner à un adolescent le sentiment d’être enfermé dans cette identité, [comme si] il ne pouvait jamais changer d’avis », a-t-elle ajouté.

Dans cet ordre d’idées, les jeunes adolescents ne devraient probablement pas être sur les médias sociaux de toute façon. Abigail Shrier fait référence à des recherches présentées dans le livre de Jean Twenge, iGen, qui ont montré une explosion de l’anxiété, de la dépression et de l’automutilation liée à l’utilisation des médias sociaux. Les conclusions de Jean Twenge ont mis mal à l’aise et suscité la controverse au départ, mais elles se sont imposées parce qu’elles sont indéniablement vraies.

« Il y a des écoles qui ont conclu des pactes dans lesquels tous les élèves acceptent de ne pas utiliser les médias sociaux pour pouvoir fréquenter l’école. Je ne vois pas pourquoi il ne pourrait pas y en avoir plus », a estimé Abigail Shrier.

Les parents ne sont pas les seuls à pouvoir s’opposer à l’idéologie du genre dans les écoles, ajoute-t-elle.

« J’ai parlé à des parents dans les écoles privées les plus prestigieuses qui m’ont dit qu’en l’espace d’un an, leurs filles ont eu trois ou quatre orateurs transgenres qui se sont adressés au corps étudiant, et voilà que la classe de septième année a ensuite connu une explosion d’identifications transgenres. Il n’y a aucune raison à cela. C’est une confusion pour toute une population d’enfants », a affirmé Abigail Shrier.

Cela rappelle les cas où les écoles qui organisent de grandes assemblées sur la prévention du suicide se retrouvent avec des pics de suicides d’élèves. La solution à l’intimidation devrait être simple : punir les intimidateurs. « Il n’y a aucune raison pour que nous ne puissions pas faire preuve de compassion envers un élève transgenre dans les écoles sans endoctriner toute une population dans la confusion des genres », a-t-elle ajouté.

« Et une autre chose est que les gens doivent dire à leur fille à quel point c’est génial d’être une fille et une femme. Parce que c’est le cas.

« Malheureusement, nous avons oublié cela. Nous avons oublié que les femmes ont vraiment la belle vie en Amérique, et qu’il y a eu tant de femmes courageuses qui n’étaient pas toujours parfaitement féminines, et qu’elles sont d’excellents modèles pour nos filles, et qu’être une femme est une chose merveilleuse. »

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