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Donald Trump met la pression sur l’Arc Minier de l’Orénoque au Venezuela, pièce maîtresse cédée à la Chine

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Un mineur vénézuélien travaille avec une barre pour extraire de l'or dans une mine à ciel ouvert, qui sera ensuite vendu à El Callao, dans l'État de Bolívar, au Venezuela, le 3 septembre 2023. Dans la ville d'El Callao, extraire de l'or du sol est d'abord un jeu d'enfant, mais devient rapidement un travail à temps plein que les militants des droits humains qualifient d'exploitation infantile.

Photo: Magda GIBELLI/AFP via Getty Images

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Durée de lecture: 10 Min.

Pour la première fois depuis des décennies, le Venezuela se retrouve au cœur d’une confrontation géopolitique ouverte. Le président des États-Unis, M. Donald Trump, a déclaré formellement le cartel des Soleils «organisation terroriste mondiale» et a désigné MM. Nicolás Maduro, Diosdado Cabello et Vladimir Padrino López comme principales cibles d’une opération internationale contre le narcoterrorisme. Cette décision ouvre un nouveau front qui met en péril non seulement le régime chaviste, mais aussi son principal partenaire stratégique : la Chine.
Dans ce contexte, l’Arc Minier de l’Orénoque (AMO) émerge comme le cœur économique et géopolitique du chavisme : un projet de 111.843 km² — équivalant à 12 % du territoire national — décrété en 2016, conçu pour l’extraction de minerais critiques tels que l’or, le coltan, les diamants, le fer et la bauxite. Sous la narration de «diversifier» l’économie au-delà du pétrole, l’AMO est devenu une enclave où se rencontrent les intérêts chinois, des groupes armés et des entreprises mixtes de l’État vénézuélien.

Une affaire désavantageuse : l’hypothèque du sous-sol vénézuélien à la Chine

Depuis 2016, les investissements chinois dans l’AMO dépassent 1 milliard d’euros — principalement dans l’exploration et l’exploitation. Des sociétés comme CITIC Metal, China Minmetals Corporation, Zijin Mining et Shandong Gold Group dominent 15 des 34 blocs miniers. Le modèle est connu sous le nom de «minerais contre financement» : le Venezuela reçoit des crédits chinois remboursables en or et en coltan, avec réductions et exonérations fiscales en échange d’un contrôle opérationnel.
Le régime chaviste a présenté l’AMO comme le «moteur du nouveau développement productif», mais les chiffres révèlent une autre réalité. En 2025, l’AMO génère entre 422 et 600 millions d’euros par an — un montant modeste face au coût environnemental et social — et n’apporte guère que 5 % du PIB non pétrolier. La dette liée à ces accords opaques fait partie d’un ensemble de prêts d’environ 57 milliards d’euros par la Chine au Venezuela, garantis par des minerais stratégiques.

Coltan : le joyau caché de l’AMO et le talon d’Achille du chavisme

Le coltan (columbite-tantalite) est aujourd’hui l’une des ressources les plus stratégiques de l’AMO. Le Venezuela produit environ 3000 tonnes annuelles en 2025, pour une valeur exportée de 127 millions d’euros), destinée à 90 % à la Chine. Les réserves estimées (100.000–150.000 tonnes) placent le pays comme potentiel cinquième producteur mondial.
La China Minmetals Corporation, opérant à Las Cristinas (Bloc Cuyuní), a investi 253 millions d’euros depuis 2018. En mars 2025, elle a signé une nouvelle coentreprise pour 84 millions d’euros afin de doubler la production. Une partie des paiements se fait en nature, ce qui signifie que le Venezuela livre du coltan raffiné en échange de liquidités immédiates.
Cependant, 40 % de la production est illégale, contrôlée par des groupes armés tels que l’ELN et des dissidences des FARC. Un rapport confidentiel de l’OFAC (2025) accuse le régime de financer des réseaux de narcoterrorisme avec du coltan et de l’or illégaux, tandis que la Chine bloque au Conseil de sécurité de l’ONU des résolutions sur la traçabilité de ces minerais.

La dévastation silencieuse

Entre 2016 et 2025, l’AMO a déboisé 150.000 hectares — le double de la superficie du Grand Caracas — et contaminé des rivières au mercure et au cyanure à des niveaux dix fois supérieurs aux normes de l’OMS. À Cuyuní, les niveaux de tantale dans l’eau dépassent 5 fois les limites internationales. Bien que les entreprises chinoises promettent des mesures d’atténuation environnementale et aient entrepris un reboisement sur 10 % des zones, des ONG comme SOS Orinoco et WWF dénoncent l’absence d’évaluations indépendantes.
Sur le plan social, l’AMO génère 50.000 emplois directs (70 % locaux, avec formation chinoise selon les rapports officiels), mais les salaires moyens s’établissent à 338 euros par mois, soit à peine quatre fois le salaire national et très en deçà des standards miniers internationaux. En 2025, on a recensé environ 12 conflits avec des communautés autochtones, incluant des expulsions forcées et des affrontements avec les forces de sécurité.

La Chine et la BRI : l’AMO comme pièce maîtresse de la « Route de la Soie » en Amérique latine

Il convient de souligner que l’AMO n’est pas un projet isolé mais s’aligne sur l’Initiative la Ceinture et la Route (BRI). En 2025, 22 pays d’Amérique latine ont adhéré à la BRI. Le Venezuela est l’un des cas emblématiques, utilisant l’AMO comme «monnaie d’échange» pour maintenir le soutien chinois face à l’isolement occidental.
Par ailleurs, la Chine a fait du Venezuela sa plateforme de métaux rares dans l’hémisphère occidental, réduisant sa dépendance au coltan africain (le Rwanda et le Congo fournissent 70 % du marché mondial). Cela explique pourquoi Pékin a opposé son veto en septembre 2025 à des résolutions de l’ONU sur l’exploitation minière illégale dans l’AMO et continue d’accorder des crédits stratégiques à Caracas.

Donald Trump, le cartel des Soleils et la nouvelle phase du conflit

La décision de M.Trump de déclarer le cartel des Soleils organisation terroriste mondiale marque un tournant. Pour la première fois, un appareil militaro-étatique (MM. Maduro, Cabello, Padrino López) est placé au même niveau que des réseaux de narcoterrorisme. Cela menace directement la principale source de liquidités du régime : l’or et le coltan de l’AMO (outre le pétrole et le gaz).
Selon des sources de renseignement consultées pour cet article, les opérations minières chinoises au Venezuela sont surveillées par des agences américaines, préoccupées par la triangulation de minerais critiques vers l’industrie de défense chinoise. Un scénario de sanctions élargies pourrait geler des actifs, saisir des cargaisons et contraindre la Chine à opérer dans l’ombre.

Scénarios futurs

Un rapport de renseignement stratégique identifie trois scénarios possibles pour le Venezuela sur la période 2026–2030.
– Scénario de continuité : le régime chaviste demeure au pouvoir et approfondit son alliance avec la Chine. Les investissements chinois augmenteraient d’environ 10 % par an, tandis que la production minière et énergétique croîtrait d’environ 15 %. Ce scénario consoliderait un modèle économique dépendant de Pékin et renforcerait la présence d’entreprises chinoises dans les secteurs stratégiques.
– Scénario de transition : dans ce scénario, on prévoit un allégement progressif des sanctions internationales et une ouverture du pays aux investisseurs occidentaux. Cela créerait une concurrence directe avec la Chine, diversifierait les sources de financement et de technologie et permettrait une hausse de la production jusqu’à 30 %, favorisant la reprise économique.
– Scénario de crise : une escalade géopolitique entre les États-Unis et la Chine pourrait entraîner la suspension de projets stratégiques, une chute de 20 % des exportations et un impact sévère sur les recettes fiscales et la stabilité politique du pays.
Le rapport souligne que les signaux clés permettant d’anticiper le scénario qui se réalisera incluent la délivrance de licences par l’OFAC (Office of Foreign Assets Control, Bureau de contrôle des avoirs étrangers), l’adoption de technologies blockchain pour la traçabilité — avec un projet pilote chinois prévu pour 2025 — et le respect d’objectifs de production critiques, tels qu’atteindre 20 tonnes d’or et 3500 tonnes de coltan en 2025.

La dévastation

Dans chacun des scénarios envisagés par l’analyse stratégique sur l’Arc Minier de l’Orénoque, il apparaît sans équivoque que celui-ci est l’épicentre de la lutte géopolitique au Venezuela. Sous la narration de la diversification, le chavisme a hypothéqué sa souveraineté minière en échange du soutien politique chinois. Le pays obtient des revenus limités et subit une dévastation environnementale, tandis que la Chine sécurise des métaux critiques pour sa transition énergétique et son industrie technologique.
Avec la nouvelle offensive du président Trump et l’encerclement international du cartel des Soleils, l’AMO pourrait se transformer en talon d’Achille du régime chaviste et en prochain champ de bataille entre les États-Unis et la Chine en Amérique latine.

Les opinions exprimées dans cet article sont celles de l’auteur et ne reflètent pas nécessairement celles d’Epoch Times.

Maibort Petit est politologue et chercheuse spécialisée dans la criminalité transnationale organisée et le terrorisme en Amérique latine. Ses travaux portent sur la conception de cadres réglementaires communs renforçant la coopération régionale, le partage de renseignements et la coordination des réponses étatiques aux menaces à la sécurité nationale et continentale. Forte de plus de vingt ans d'expérience, elle a contribué à des forums internationaux sur la gouvernance pénale et la protection des victimes dans des contextes d'emprise institutionnelle.

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