Zemmour et le moment du choix : démocratie ou tyrannie ?

Par La Rédaction
31 octobre 2021 19:08 Mis à jour: 29 avril 2023 18:21

Éric Zemmour, comme beaucoup de phénomènes populaires, progresse dans l’opinion à la faveur des controverses qu’il engendre, du débat que sa propre personne déclenche, et de la façon presque gourmande avec laquelle il joue à l’amplifier.

À Nantes, le 30 octobre, des centaines de manifestants d’extrême-gauche ont violemment tenté d’empêcher la tenue d’une réunion de (pré)campagne du futur candidat. Attaques contre les policiers et les véhicules de forces de l’ordre, jets de pierre, appels au meurtre. Pour les militants du parti communiste français et les anarchistes présents dans le rassemblement, l’appel est simple : « Zemmour à mort, à mort les fachos. » En ville, graffitis et affiches répétaient à l’envi le besoin d’avoir la tête de Zemmour, coupable d’inciter à la haine tandis que ses opposants, eux, espèrent l’amour et la fraternité dans le genre humain.

Il faut le dire, Éric Zemmour n’est pas totalement victime, et à chaque violence verbale ou physique qu’il subit, profite d’un effet-levier pour montrer une société française dans laquelle l’ordre a disparu et où la République est menacée par la guerre civile. L’éditorialiste est arrivé dans l’arène politique avec un discours sciemment plus vigoureux – et plus construit – que celui du Rassemblement National ; à la différence d’une Marine Le Pen en recherche de respectabilité, lui n’a aucune intention de lisser son message. « J’assume, parce que je sais que j’ai raison », martèle à chaque intervention le polémiste.  Des migrants et des associations de solidarité manifestent pour demander « des maisons » ? Il réplique par tweet interposé qu’il va plutôt leur offrir « des avions » (de retour au pays d’origine). C’est direct, c’est brutal, mais c’est lisible, facilement compréhensible et cohérent avec l’ampleur du problème social posé par l’expansion de l’islam politique en France.

Les manifestants de Nantes étaient majoritairement de très jeunes personnes qui appellent à un autre modèle de société et visent à un « bien » futur émergeant après l’élimination du « mal » incarné par le vieux pouvoir blanc partisan de l’ordre et du respect des hiérarchies. Ce « fascisme » dénoncé comme anti-démocratique serait opposé au bien du peuple. Mais il semble ne pas venir à l’esprit de ces jeunes gens que, en démocratie, c’est le peuple qui décide, une fois que tout a été présenté et débattu. Le peuple, et pas 600 gamins chauffés à blanc par leurs pensées stéréotypées.

Éric Zemmour peut être combattu, il doit même nécessairement l’être dans une démocratie vivante et saine. Mais ceci doit se jouer sur le terrain des idées, dans l’agora où toutes peuvent être présentées, argumentées, débattues. C’est sur ce terrain que l’on peut, si on le souhaite, combattre la vision selon laquelle les deux principaux problèmes de la France en 2021 seraient l’islam et les limitations de vitesse sur les routes départementales. C’est aussi sur ce terrain que peuvent se confronter les visions sur l’identité française – un sujet qui a été si longtemps absent du débat qu’on le ferait presque remonter à grand-papa. C’est sur ce terrain, encore, que l’on peut refuser aussi bien d’être dans le camp égoïste de ceux qui veulent chasser tous les miséreux hors de France, que dans celui qui, sous prétexte d’accueil et de compassion, cherchent à mener à l’effacement de la nation. Sur ce terrain, enfin, on peut aussi défendre le respect de la terre mais pas l’écologisme sectaire, celui des femmes mais pas la déconstruction des genres. On y peut tout, si on accepte d’écouter, si on a des éléments pour convaincre, si on veut pouvoir partager des idées.

Platon, dans sa République, décrit la démocratie comme le stade pénultième de la dégénérescence d’une société, celui qui précède celui de la tyrannie. Les mouvements de la Cité ne sont alors plus que le mouvement de foules incultes – que dirigent savamment des tribuns experts en agitation. La démocratie finit alors par se détruire elle-même en portant au pouvoir un tyran capable de mettre fin au chaos.  On doit constater qu’en France, chaque élection présidentielle conduit à la création d’un nouveau héros incarnant la possibilité de salut, de fin de décadence du pays. Celui-ci, presqu’aussitôt élu, devient la nouvelle tête de massacre du peuple. Les réactions aux idées d’Éric Zemmour vont nous montrer si la France est encore à l’âge de la démocratie, ou si elle est déjà prête pour une tyrannie. Peut-être l’âge des tyrans attendra-t-il encore un peu si l’on aperçoit, dans les mois à venir, que la meilleure réponse à une opinion combattable n’est ni la destruction, ni le goulag, mais l’affichage patient d’une sagesse tolérante.

Les opinions exprimées dans cet article sont celles de l’auteur et ne reflètent pas nécessairement celles d’Epoch Times.

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