En Bosnie, les olives s’épanouissent à la faveur du changement climatique

Par Epoch Times avec AFP
17 novembre 2022 15:30 Mis à jour: 17 novembre 2022 15:59

Autrefois à l’automne, les terres de Jure Susac étaient recouvertes d’une gelée blanche, voire d’une couche de neige. Mais il faisait 28 degrés Celsius quand ce vigneron et oléiculteur du sud de la Bosnie-Herzégovine a réuni récemment famille et ses amis pour cueillir ses olives.

Sous un ciel radieux et dans la bonne humeur, la petite troupe peigne à l’aide de râteaux les branches qui ploient sous le poids de beaux fruits verts et violets. Quelques heures plus tard, ils seront transformés en huile dans un moulin du coin.

Pendant que le changement climatique fait des ravages ailleurs sur la planète, comme en Espagne –plus grand producteur mondial d’huile d’olives dont les oliveraies ont subi cette année de graves dégâts–, cette culture est en plein essor en Herzégovine, région méridionale du petit pays balkanique, grâce à la hausse des températures.

« Nous n’avons quasiment plus de gel »

« Le climat a changé par ici. Les hivers ne sont plus extrêmes, les printemps non plus. Nous n’avons quasiment plus de gel », raconte à l’AFP Jure Susac, 68 ans, propriétaire à Cerno, près de Ljubuski, d’environ 200 arbres.

Jure Susac, un oléiculteur bosniaque de la ville de Ljubuski, dans l’ouest de l’Herzégovine, livre ses cueillettes à un moulin à huile, pendant la saison des récoltes, le 29 octobre 2022. Photo ELVIS BARUKCIC/AFP via Getty Images.

La dernière neige remonte à février 2012. « Les oliviers ne risquent pas d’être gelés en hiver et de subir des dégâts ».

Il projette de doubler le nombre d’arbres après une année particulièrement bonne, cinq tonnes récoltées et des rendements d’environ 16 litres d’huile pour 100 kilogrammes de fruits.

Avoir osé planter quelques oliviers, en 1989

Le vigneron est l’un des premiers de la région à avoir osé planter quelques oliviers, en 1989.

« J’avais demandé conseil à de vieux voisins qui m’avaient dit que ça ne se faisait jamais ici et ils s’en moquaient même un petit peu, mais je les ai démentis », raconte l’agriculteur qui gère avec son épouse une propriété de trois hectares, à une trentaine de kilomètres à vol d’oiseau de la côte Adriatique croate.

D’après une analyse récente de l’Institut agro -méditerranéen bosnien (FAZ), « les tendances montrent que le réchauffement mondial fait bouger les plantations d’oliviers vers le nord ».

Bénéficiant d’un ensoleillement, de terres vierges et de vastes eaux souterraines, le sud de la Bosnie pénètre le marché de l’huile d’olive. Photo ELVIS BARUKCIC/AFP via Getty Images.

Les statistiques météorologiques confirment les constats sur le terrain.

« La longueur de la période avec des températures moyennes journalières supérieures à 15°C est très importante pour les olives », explique Nedzad Voljevica, chef du département d’agrométéorologie à l’Institut météorologique de Sarajevo.

Les pluies sont « devenues très rares »

Il y a désormais 192 de ces journées par an dans la région concernée, soit 18 de plus que la moyenne enregistrée entre 1961 et 1990, précise-t-il.

Mais c’est un « avantage à double tranchant », tempère Jure Susac. Car les pluies sont « devenues très rares » et les olives ont quand même besoin d’eau.

L’oléiculteur s’en tire malgré tout car cette région karstique est située au-dessus d’abondantes nappes phréatiques dans un pays qui, selon la Banque mondiale, dispose des réserves d’eau parmi les plus importantes en Europe par habitant.

Les « tendances montrent que le réchauffement climatique déplace les oliveraies vers le nord » alors que le changement climatique fait des ravages sur toute la planète. Photo ELVIS BARUKCIC/AFP via Getty Images.

Comme beaucoup d’oléiculteurs de la région, il a foré un puits de 300 mètres de profondeur, ce qui lui permet de désaltérer ses olives par un système d’irrigation au goutte à goutte.

Les oliveraies couvrent désormais 350 hectares pour environ 115.000 arbres

La culture de l’olive a décollé vers 2005 et les oliveraies couvrent désormais 350 hectares pour environ 115.000 arbres, dont 95.000 donnent des fruits, selon le directeur du FAZ, Marko Ivankovic.

« Chaque année, entre 10.000 et 15.000 nouveaux oliviers sont plantés, c’est-à-dire une augmentation annuelle de 35 à 50 hectares », précise M. Ivankovic.

L’objectif fixé par cet institut est de parvenir à un millier d’hectares dans les prochaines années.

En 2022 environ 300.000 litres d’huile d’olive

La production a atteint en 2022 environ 300.000 litres, soit un peu plus d’un tiers de la consommation déjà très faible du pays de 3,5 millions d’habitants, selon la même source.

La Bosnie représente une goutte comparée aux 3,1 millions de tonnes d’huile produites chaque année sur le globe mais ses producteurs, dont Jure Susac, raflent des médailles lors de compétitions à l’étranger comme en Croatie, le leader régional de l’olive.

 Ancien pressoir traditionnel. Photo PASCAL POCHARD-CASABIANCA/AFP via Getty Images.

Certains s’illustrent plus loin. L’huile de Mirko Skegro, autre oléiculteur de la région, remporte depuis cinq ans la médaille d’or au Concours international de l’huile d’olive de New York (NYIOOC), l’un des plus réputés au monde.

Propriétaire d’un verger de 1.300 arbres et d’un moulin à Capljina, qui tourne à toute allure en cette période, Slavko Ramljak, 70 ans, explique cette qualité par la pratique de la « récolte précoce » mais aussi par la géographie.

« Les olives donnent les meilleurs résultats, la plus grande quantité de polyphénols (molécules aux propriétés antioxydantes, NDLR), aux confins de la Méditerranée, c’est-à-dire là où nous sommes », dit-il.

 

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