Situé à Hendaye, dans le Pays basque, le restaurant Ttiki Bacci a intégré un cuisinier malentendant à son équipe. Après son arrivée, tous les employés se sont mis à la langue des signes. La chambre de commerce et d’industrie du Pays basque a reconnu et salué la « volonté de favoriser la différence » de cet établissement.
Cela fait cinq ans que Frédéric Lafaurie est commis de cuisine au sein du restaurant Ttiki Bacci, à Hendaye (Pyrénées-Atlantiques). Malgré son handicap, cet homme sourd de naissance a su s’imposer au sein de l’équipe, qui a depuis adopté le langage des signes.
Des cours collectifs pour les employés
Pour Frédéric Lafaurie, tout a commencé en 2020, lorsqu’il a été embauché dans ce restaurant, après avoir essuyé de nombreux refus auprès d’autres établissements. Le fait que Frédéric était un client régulier du lieu a joué en sa faveur.
« Au début, la communication était difficile : on faisait des mimes, on écrivait des mots sur un tableau… On a essayé comme ça », a expliqué le commis de cuisine à France 3 Nouvelle-Aquitaine.
Le gérant du restaurant a ensuite décidé de faire appel à une interprète afin de faciliter la communication et de mieux comprendre la langue des signes. L’ensemble des employés a alors suivi des cours collectifs, dispensés deux fois par mois.
🇫🇷 À Hendaye, le restaurant Ttiki Baci a embauché Fred Lafourie, un cuisinier sourd-muet. Depuis, toute l’équipe a appris la langue des signes et communique avec lui 💪 (FranceInfo)
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— Le Média Positif 🍀 (@LMPositif) June 15, 2025
« La langue des signes devrait être la langue universelle »
Et les résultats se sont révélés bien supérieurs aux attentes. « Au début, je pensais que ça allait me freiner », a reconnu Maïka Duhalde, l’une des employés du Ttiki Baci. « Le fait de courir derrière Fred, lui taper sur l’épaule, lui dire ce que je veux. On pense que c’est une perte de temps, plutôt que de crier, mais pas du tout. Au final, à travers les vitres, on arrive à communiquer au loin », a-t-elle ajouté.
« On parle déjà beaucoup avec les mains, on montre avec les doigts. La langue des signes devrait être la langue universelle. Nous, on l’a fait naturellement », a de son côté souligné le patron du restaurant auprès de nos confrères, assurant non sans humour que la langue des signes comporte « des gros mots, comme dans toutes les langues ».
Titulaire d’un diplôme de l’école hôtelière, l’employé se dit aujourd’hui très reconnaissant envers le gérant du Ttiki Bacci, qui lui a offert une opportunité encore rare dans ce secteur. Il a révélé que dans les entreprises, « l’apprentissage de la langue des signes est très rare ». « Quand ils veulent faire appel à des interprètes, ils pensent que cela coûte très cher. Il y a beaucoup d’obstacles pour que les sourds puissent communiquer avec les entendants. Ce n’est pas facile pour nous », a-t-il déploré.
Récompensé par la CCI de Bayonne
Mais cela en valait vraiment la peine, d’autant plus qu’en ce début de mois, la CCI de Bayonne a récompensé le Ttiki Baci d’un « Makilaks de l’économie ». Sur son site, la CCI de Bayonne explique que les Makilaks de l’économie ont « pour ambition de valoriser des parcours inspirants, d’encourager l’audace et de renforcer les liens entre les acteurs économiques du territoire ».
Frédéric a déclaré être « très fier de travailler avec cette équipe » et que le Ttiki Baci « ait gagné ce prix ». « C’est incroyable », a-t-il admis, soulignant : « On est comme une petite famille, très liés, présents les uns pour les autres. »
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