Examinons les «nouveaux instituts Confucius» chinois

Par John Mac Ghlionn
26 janvier 2023 12:56 Mis à jour: 26 janvier 2023 12:56

Hanban, une organisation étroitement affiliée au Parti communiste chinois (PCC), a mis au point les instituts Confucius en 2004. Officiellement, le programme a été créé pour aider à promouvoir la langue et la culture chinoises de par le monde.

Aujourd’hui, de manière assez incroyable, il existe 525 de ces instituts dans 146 pays (ou régions). Ces instituts se sont vite forgés une certaine réputation, en tant que chevaux de Troie du PCC, entre autres. On comprend donc pourquoi un certain nombre de pays ont choisi de les fermer. Le Danemark, la Finlande et la Suède, pour ne citer que ces trois pays, ont décidé de supprimer complètement leur présence.

Le PCC a donc lancé une autre offensive, des « instituts Confucius 2.0 » pour ainsi dire. Tout porte à croire que ces nouvelles structures d’enseignement sont au moins aussi dangereuses que les premières.

L’année dernière, dans un article publié dans le South China Morning Post, Connor Mycroft a expliqué que de nouveaux centres de formations financés par le PCC étaient en train d’apparaître et de proliférer de par le monde. Cet article particulièrement intéressant commence par évoquer une école professionnelle de la province indonésienne du Java oriental. On y dispense des cours d’ingénierie automobile et d’entretien des véhicules. Parallèlement, à Setubal, au Portugal, les étudiants peuvent se familiariser avec la technologie de l’automatisation et la robotique industrielle. Récemment, une école professionnelle du Tadjikistan, pays d’Asie centrale, s’est mise à proposer des diplômes dans le domaine de la planification thermique et énergétique urbaine.

Qu’est-ce que ces trois endroits ont en commun ? On le devine facilement : ce sont trois régions où les Chinois investissent. « Malgré la diversité des sujets traités et les grandes distances qui les séparent », note Connor Mycroft, « toutes ces écoles appartiennent à un seul réseau éducatif, et tout commence dans la ville portuaire de Tianjin, dans le nord de la Chine ».

La plupart d’entre nous n’ont jamais entendu parler des « ateliers Luban ». Ce n’est pas étonnant car en dehors de la Chine, ces centres de formation sont très peu couverts. Pourquoi en est-il ainsi ? Après tout, depuis 2016, au moins 25 ateliers Luban ont ouvert dans 23 pays. Outre l’Indonésie et le Portugal, les autres pays d’accueil sont l’Égypte, l’Éthiopie, l’Inde, l’Indonésie, le Pakistan, la Thaïlande et même le Royaume-Uni.

En septembre de l’année dernière, Eurasiannet a publié un article sur l’essor des ateliers Luban et sur les raisons pour lesquelles ces centres devraient être considérés comme la « deuxième étape » de l’Initiative Ceinture et Route (ICR).

L’Initiative Ceinture et route (aussi appelé les Nouvelles routes de la soie) est le vaste projet d’infrastructure du régime visant à institutionnaliser sa puissance douce de par le monde. Ce projet d’infrastructure extrêmement coûteux s’étend sur toute la planète. Désormais, 146 pays ont rejoint l’ICR.

Lorsqu’un pays signe pour devenir membre de l’ICR, la Chine trouve alors de nombreux moyens de s’immiscer dans sa politique, sa culture et ses institutions éducatives. Signer un accord avec Pékin revient, à bien des égards, à céder les clés de la maison.

Le port de Gwadar au Pakistan, un projet d’infrastructure de plusieurs milliards de dollars dans lequel la Chine a investi dans le cadre de l’ICR. (Amelie Herenstein/AFP/Getty Images)

Il n’est pas surprenant que les instituts Confucius se trouvent principalement dans les pays membres de l’ICR. On peut en dire autant des ateliers Luban. Les instituts Confucius ont largement été dénoncés comme des établissements visant à espionner les pays hôtes. Pourquoi les ateliers Luban seraient différents ? Ce sont tout simplement de nouveaux instruments dans l’offensive de puissance douce de Pékin.

La puissance douce est beaucoup moins coûteuse, et sans doute beaucoup plus efficace, que la puissance dure qui repose sur la coercition militaire. La capacité du PCC à rallier plutôt qu’à contraindre ne doit pas être sous-estimée. Lorsqu’on pense à la puissance douce chinoise, la propagande et la censure viennent à l’esprit. Et quand on pense à la propagande et à la censure, on pense inévitablement à Internet, où les médias sociaux sont étroitement surveillés et où la désinformation a valeur de vérité absolue. Cependant, on peut largement faire l’expérience de la propagande et de la censure chinoises en dehors d’Internet.

Les instituts Confucius ne servent pas seulement à espionner, mais aussi à désinformer et à intimider. Lorsqu’il s’agit d’initiatives soutenues par le PCC, derrière les images présentées au monde, nous devons toujours nous efforcer de voir ce qui se passe réellement en coulisse et quels sont les véritables motifs. Lorsque le PCC déclare qu’il vient pour aider, nous devons nous demander : « Aider qui, exactement ? »

Le PCC crée ces instituts et ateliers pour diffuser une fausse image de la Chine communiste. Pour ce faire, il supprime les voix raisonnables, les enquêtes valables et tout commentaire politique dépeignant avec précision sa brutalité. Voilà pourquoi les ateliers Luban sont si dangereux.

Selon l’article d’Eurasian mentionné ci-dessus, par rapport aux instituts Confucius, soumis à une forte surveillance pour des raisons évidentes, ces ateliers « sont plus pratiques » et moins difficiles à mettre en place. Traduction : ils nécessitent moins de paperasserie et suscitent moins d’inquiétudes. Comme l’indique l’article, la création d’un institut Confucius « nécessite de nombreux niveaux d’approbation. En comparaison, un atelier Luban est plus facile à mettre en place ». Ceci s’explique par le fait qu’ils sont encore très nouveaux. Le monde n’a tout simplement pas encore eu le temps de comprendre leur menace, leur présence n’est pas encore assez importante.

Cependant, nous savons déjà qu’ils font partie de l’ICR et qu’il s’agit d’instruments visant à renforcer la puissance douce de Pékin. Il ne sera donc jamais trop tard pour les rejeter.

Les opinions exprimées dans cet article sont celles de l’auteur et ne reflètent pas nécessairement celles d’Epoch Times.

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