Expropriations de la dune du Pilat : les prétextes environnementaux douteux de l’État

Par Nathalie Dieul
15 avril 2022 04:18 Mis à jour: 15 avril 2022 04:56

Alors que la vague d’expropriation des derniers terrains privés de la dune du Pilat continue, le propriétaire d’une de ces maisons dénonce l’injustice à laquelle il est confronté et contre laquelle il se bat.

Didier Bouzats a grandi dans cette maison, sur un terrain de 27 hectares, et y habite depuis plus d’un demi-siècle. Collée à sa maison se trouve l’auberge Chez Tintin, construite par son grand-père en 1947.

Cette auberge de La Teste-de-Buch (Gironde) a été pendant une quarantaine d’années un havre de paix pour des stars comme Alain Delon, Bernard Blier ou Sacha Distel, des personnages qui font partie des souvenirs d’enfance de l’actuel propriétaire, dans ces lieux chargés d’histoire pour lui. La partie commerciale est maintenant bien tranquille, à part quelques évènements dans la grande salle de réception, raconte ActuBordeaux.

Pour préserver la dune ?

Sous prétexte que le terrain et le bâtiment se trouvent au pied de la dune du Pilat, l’État a décidé d’exproprier cet homme. « On vous sauve de l’avancée dunaire » est « la seule justification qu’ils ont osé me donner », s’indigne Didier Bouzats, qui remarque que la dune avance de quatre mètres par an seulement et que sa maison se trouve à 487 mètres du pied de la dune. Âgé de 66 ans, le propriétaire sera donc mort bien avant d’être englouti par la masse de sable.

Cette expropriation s’inscrit dans une vague visant à récupérer environ 400 hectares de ce territoire hors normes par l’État, ce dernier étant bien décidé à aller jusqu’au bout de l’opération. « Il faut que tout le monde comprenne que l’intérêt de cette opération va bien au-delà de la propriété individuelle. Il s’agit de tout faire pour préserver un lieu unique et le léguer aux générations futures », explique au Parisien Nathalie Madrid, déléguée des rivages au Conservatoire national du littoral.

Aucune action pour éviter que la dune ne s’affaisse

Pour Didier Bouzats, il s’agit seulement d’hypocrisie. « Autant on voudrait sauvegarder cet endroit pour des raisons écologiques, je me ferais une raison. Vous voulez être vert ? Je suis vert-vert. J’habite dans la forêt. Mais là, c’est juste de l’hypocrisie », s’exclame-t-il.

Des exemples ? Un parking, qualifié de « péage de la dune du Pilat » par le sexagénaire tellement il est « hors de prix » : l’État a voulu l’agrandir, des plans qui n’ont pas été mis à exécution grâce à une mobilisation locale.

« On se plaint que la dune s’affaisse mais on encourage toujours plus de visiteurs à venir, on installe un escalier pour grimper au sommet mais on laisse les gens redescendre n’importe où et accentuer l’érosion. Si on voulait vraiment la protéger, pourquoi on ne régule pas ? », interroge Didier Bouzats.

Injustice ou coup monté ?

Le propriétaire s’inquiète aussi de rumeurs selon lesquelles le Conservatoire national du territoire aurait des vues sur son bâtiment pour l’utiliser à ses fins, rumeurs qui n’ont pu ni être confirmées ni réfutées par ActuBordeaux puisque les sollicitations de nos confrères sont restées ans réponses.

Toujours est-il que pour ce sexagénaire, il y a injustice et il est prêt à se battre jusqu’au bout comme il le fait déjà depuis six ans avec un avocat et un expert foncier. De leur côté, les campings voisins de la dune du Pilat se sont regroupés et ont réussi à éviter l’expropriation grâce à l’intervention d’un syndicat. D’autres propriétaires ont trouvé une entente acceptable : expropriés, oui, mais en gardant le droit de résider dans leur maison. Didier Bouzats ne comprend donc pas pourquoi on s’entête à vouloir le mettre à la porte de ce qu’il a toujours considéré comme chez lui.

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