Finistère : un agriculteur met fin à ses jours en laissant une lettre expliquant son geste

Par Léonard Plantain
18 juin 2020 18:52 Mis à jour: 18 juin 2020 18:52

La semaine dernière, un producteur laitier de Briec (Finistère) s’est suicidé en laissant une lettre expliquant son geste. En désarroi, les agriculteurs et les élus espèrent que cet énième suicide réveillera les consciences.

Il y a quelques jours, Jean-Yves Marrec, un producteur laitier de Briec, a mis fin à ses jours en laissant une lettre relatant son désespoir. Dedans il y décrit son métier comme étant devenu insensé. Sa lettre a ensuite été partagée par de nombreux agriculteurs sur les réseaux sociaux, relate Le Télégramme.

À la suite de sa mort, son voisin, Raymond Jaouen, un paysan retraité de 76 ans, pense qu’il faut médiatiser ce drame : « C’est le cri de détresse du monde agricole ! » s’exclame-t-il.

Dans sa lettre, Jean-Yves Marrec a écrit : « Désolé, je n’en peux plus. Mes dernières pensées vont à ma mère [...] Je n’en peux plus de bosser 3 000 heures par an pour produire de la richesse sur laquelle on prélève pour entretenir des parasites. Assez des critiques, des contraintes de gens qui n’ont jamais rien produit […] Je ne désire pas être enterré. La terre, je lui ai assez donné. Je préfère être incinéré, et mes cendres éparpillées en mer. »

Thomas Férec, le maire de Briec, ainsi que les Briécois, ont été bouleversés d’apprendre le suicide à l’âge de 53 ans de ce producteur laitier. « C’est un nouveau drame dans le monde agricole, qui est confronté à une situation extrêmement difficile depuis 20 ans. Un drame de la solitude et de quelqu’un qui travaillait 3 000 heures par an », explique Thomas Férec, lui-même fils de paysans.

Le maire, dont la famille tenait également une ferme laitière, précise avoir l’impression « d’avoir toujours connu, depuis tout petit, une succession de crises agricoles ».

« Mais, aujourd’hui, on arrive au bout du système. Il faut qu’on se réinterroge sur la finalité du métier, et surtout que les agriculteurs puissent avoir un métier rémunérateur. Le prix du litre de lait est en train de baisser. Il se pourrait qu’il passe sous les 300 € les 1 000 litres. En dessous de ce seuil, ils travailleront encore à perte… », dénonce-t-il.

Continuant sur la détresse du métier, Thomas Férec explique que le nombre d’exploitations agricoles est en baisse : « On en dénombre encore 78, mais on montait à 350 au début des années 80. Il faut qu’on se réinterroge sur la vocation en France ! On parle en ce moment de souveraineté sur les médicaments. Et la souveraineté alimentaire ? Il y a aujourd’hui l’absolue nécessité de soutenir l’agriculture. Ils font des milliers d’heures et ils n’arrivent pas à s’en sortir. Ceux qui ont la tête hors de l’eau, ce sont souvent des familles où le ou la conjointe travaille à l’extérieur. »

De son côté, Pierre Nédellec, un autre voisin du défunt, explique que Jean-Yves Marrec « en avait marre de travailler tout le temps, pour rien ». Mais pour lui, c’est néanmoins un ensemble de choses : « Il n’avait pas de revenus, il en avait marre de ne pas être considéré… Il s’occupait de sa maman, atteinte d’Alzheimer. Ça avait été un drame de s’en séparer, de la mettre en maison de retraite. Et avec le Covid-19 il ne pouvait plus la voir… Il y avait aussi un peu de solitude, même s’il allait voir régulièrement ses voisins. »

Malgré ce drame, Pierre Nédellec n’est guère optimiste pour la suite des événements : « À chaque fois qu’il y a un suicide d’agriculteur, il y a une vague d’émotion. Après, on oublie très vite. Ces gens-là sont cernés par les contrôles ! Il faudrait que les institutions – coopérative, MSA, DDTM… – prennent la mesure des choses », conclut-il.

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