Le gouvernement de Hong Kong prend des mesures pour restreindre l’accès à internet

Le tribunal interdit les messages en ligne ‘incitant’ à la violence

Par Frank Fang
4 novembre 2019 22:41 Mis à jour: 20 novembre 2019 14:00

Hong Kong –  À la suite de l’ordonnance interdisant certains messages en ligne, Hong Kong appliquera la première décision du tribunal de restreindre l’accès à internet.

Le 31 octobre, la Haute Cour de Hong Kong a émis une injonction provisoire interdisant aux gens de « diffuser, faire circuler, publier ou republier sur toute plate-forme et tout média Internet » toute information qui « promeut, encourage ou incite à recourir à la violence ou à la menace », selon un communiqué du gouvernement.

Cette intervention survient au moment d’un nouveau week-end de manifestations de masse.

Deux de ces plates-formes ont été nommées dans le communiqué de presse : le populaire forum Reddit-like LIHKG et l’application de messagerie Telegram.

Le gouvernement du leader pro-Pékinois Carrie Lam a déclaré que ces plates-formes et médias« ont été utilisés à mauvais escient » pour inciter les manifestants à participer à des « activités illégales », comme l’endommagement de biens ciblés.

L’injonction a été émise à la demande du secrétaire à la Justice de Hong Kong et l’interdiction sera en vigueur jusqu’au 15 novembre. Selon le site local de nouvelles en ligne Hong Kong Free Press, une audience formelle pour l’interdiction aura lieu à cette date d’entrée en vigueur finale.

Elle a immédiatement été vivement critiquée. Dans un communiqué de presse publié le 31 octobre, le législateur pro-démocratie Charles Mok a déclaré : « L’injonction temporaire crée un précédent extrêmement dangereux pour introduire la censure de la parole en ligne sur Internet, similaire à la Grande Muraille de Chine. »

Charles Mok a ajouté : « C’est une grave violation de la liberté d’expression des citoyens et de la supposée libre circulation de l’information à Hong Kong. »

Le législateur s’est demandé pourquoi l’administration passait outre à l’examen du Conseil législatif  et demandait à la place une injonction judiciaire. Une telle mesure, selon Charles Mok, « accélérait en fait le passage de Hong Kong à ‘un pays, un système' ».

« Un pays, deux systèmes » est la base sur laquelle la Grande-Bretagne a accepté de rétrocéder le pouvoir de Hong Kong à la Chine en 1997. Le modèle a été signé par les Britanniques car il promettait l’autonomie politique et économique de la ville.

Cependant, depuis la rétrocession, les habitants de Hong Kong se sont plaints que l’influence envahissante de Pékin a eu un impact sur la politique locale, l’éducation et la liberté de la presse.

Les manifestations actuelles qui ont commencé au début du mois de juin, lorsque des millions de personnes sont sorties dans la rue, constituent en partie un retour en arrière contre l’influence de Pékin. Les manifestants réclament également une plus grande démocratie, comme le suffrage universel, ainsi qu’une enquête indépendante pour enquêter sur les cas de violence policière contre les manifestants.

« L’interdiction sélective de la parole en ligne placerait l’économie de Hong Kong et en particulier ses industries de l’innovation et de la technologie dans une position précaire. La décision du gouvernement est tout à fait irresponsable », a ajouté M. Mok.

Charles Mok a averti que si le gouvernement de la ville passait à la prochaine étape d’invoquer une loi d’urgence de l’ère coloniale pour obliger les opérateurs de télécommunications et les fournisseurs de services Internet à restreindre l’accès à Internet, cela « porterait un coup dur aux industries des services financiers et professionnels et aux industries Internet de Hong Kong ».

L’association Hong Kong Internet Service Providers Association (HKISPA) avait déjà déclaré en août que le fournisseur « s’oppose fermement au blocage sélectif des services Internet sans consensus de la communauté ».

Il a averti : « Compte tenu de la complexité de l’Internet moderne, incluant les technologies comme le VPN, le cloud et les cryptographies, il est impossible de bloquer efficacement et de manière significative tous les services, à moins de mettre tout l’Internet de Hong Kong derrière un pare-feu à grande échelle de surveillance. »

Le 4 octobre, le chef de l’exécutif de Hong Kong Carrie Lam a invoqué une loi d’urgence pour interdire les masques faciaux lors de rassemblements publics – une mesure qui a depuis été contestée devant les tribunaux locaux.

Dans une déclaration publiée le 31 octobre, le LIHKG a déclaré qu’il n’avait pas encore reçu l’injonction du tribunal détaillant l’interdiction et qu’il ne pouvait donc pas faire de commentaires à ce sujet. Toutefois, il a exhorté le gouvernement à écouter les appels de la population et à ne pas recourir à des mesures d’oppression, ce qui pourrait nuire à la réputation internationale de Hong Kong.

De nombreux utilisateurs du LIHKG ont laissé des messages exprimant leur soutien à la plate-forme. Un utilisateur a écrit : « J’espère que vous[LIHKG] ferez de votre mieux pour sauvegarder ma liberté d’expression. »

On ne sait pas comment les autorités de Hong Kong prévoient interdire le service de messagerie chiffré Telegram. La société à l’origine de l’application est enregistrée à la fois aux États-Unis et au Royaume-Uni.

La Russie a commencé à interdire Telegram en 2018 bien que ses tentatives aient échoué. L’application est toujours très populaire.

Bruce Lui, maître de conférences en journalisme à l’Université baptiste de Hong Kong, a critiqué l’interdiction comme un outil qui crée la « terreur blanche », dans une interview au site web de nouvelles hongkongais The Stand News.

Bruce Lui a exprimé sa crainte que les Hongkongais ne s’autocensurent de peur d’être pénalisés par des accusations inventées de toutes pièces pour avoir fait des commentaires en ligne, comme c’est le cas en Chine.

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