Gouvernement de Sébastien Lecornu : ses ministres toucheront-ils jusqu’à 28.000 euros pour 14 heures de travail ?

Le Premier ministre français sortant, Sébastien Lecornu, qui a présenté la démission de son gouvernement au président français ce matin, quitte l'Hôtel Matignon à Paris après avoir fait une déclaration, le 6 octobre 2025.
Photo: Crédit photo STEPHANE MAHE/POOL/AFP via Getty Images
En seulement quatorze heures, le gouvernement de Sébastien Lecornu aura connu sa première et unique journée d’exercice. Il restera dans les annales comme le plus éphémère de la Vᵉ République. Mais les ministres démissionnaires percevront-ils, malgré tout, des indemnités de départ ?
Après 27 jours passés à Matignon, Sébastien Lecornu a présenté, lundi matin aux alentours de neuf heures, la démission de son gouvernement au président de la République. Cette décision a mis fin aux fonctions de l’ensemble des ministres, nommés la veille au soir. Cette situation inédite n’empêche toutefois pas les intéressés de bénéficier des dispositions légales relatives à la rémunération des membres du gouvernement.
Un gouvernement éclair et coûteux
Selon les textes, tout ministre dont la nomination est publiée au Journal officiel bénéficie automatiquement d’une indemnité de fin de fonctions équivalente à trois mois de salaire. Dans le cas des ministres de Sébastien Lecornu, nommés ce dimanche 5 octobre au soir, cela représente environ 28.000 euros brut chacun, soit l’équivalent de trois mois de traitement ministériel. Le salaire mensuel d’un ministre s’élève aujourd’hui à un peu plus de 10.000 euros brut, auxquels s’ajoutent des indemnités de résidence et de fonction. Ces sommes sont versées même si la fonction n’a été exercée que quelques heures.
Tout ancien ministre devra cependant satisfaire à une exigence de transparence : être à jour de ses déclarations de patrimoine et d’intérêts auprès de la Haute Autorité pour la transparence de la vie publique (HATVP). En outre, la reprise d’une activité rémunérée, comme par exemple un mandat parlementaire, mettrait fin au versement de cette indemnité.
La fin des avantages en nature
Bien que démissionnaires, ils conservent la charge des affaires courantes tant que le nouveau gouvernement n’a pas encore été constitué. Et dès la nomination d’un nouveau gouvernement, ils perdront tous leurs avantages en nature : logement, voiture avec chauffeur, protection policière et accès gratuit aux transports.
Un décret prévoit néanmoins la suppression progressive des « avantages à vie » pour les ex-ministres dès le 1er janvier 2026, comme l’a acté Sébastien Lecornu à son arrivée à Matignon. Cette décision met un terme à une tradition ancienne mais contestée.
Sébastien Lecornu, lui, percevra aussi une indemnité de départ d’environ 16.000 euros brut par mois, versée pendant trois mois, selon les mêmes conditions que celles appliquées à ses ministres. L’ancien Premier ministre conservera également certains avantages temporaires : un secrétaire particulier et une voiture de fonction avec chauffeur, pour une durée maximale de dix ans, ainsi qu’une protection policière susceptible d’être maintenue sans limitation de durée. Ces dispositions découlent notamment d’un décret qu’il avait lui-même signé le 16 septembre.
Ces nominations-éclair n’ont pas manqué de faire réagir, sur les réseaux sociaux comme dans les rangs politiques, soulevant la question du coût pour les finances publiques et, au-delà, celle de la légitimité d’indemnités versées pour des mandats si brefs.

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