La guerre à Gaza: surtout ne prêtez pas attention à celui qui se cache en coulisse

Par Julie Hartman
27 octobre 2023 17:08 Mis à jour: 15 novembre 2023 05:41

La semaine dernière a été marquée par un événement international bien pompeux. La Chine a accueilli à Pékin un rassemblement mondial des représentants d’environ 140 pays – 70% des pays du monde – pour commémorer le 10e anniversaire de son titanesque projet Initiative Ceinture et Route (Belt and Road Initiative – BRI ou ICR), souvent qualifié de « nouvelle route de la soie ». Ne figuraient pas sur la liste des invités : les États-Unis, le Canada, les principales puissances européennes également membres de l’OTAN, ainsi qu’Israël, le Japon, la Corée du Sud et, bien sûr, Taïwan.

Le monde continue de se concentrer sur les événements en Israël et à Gaza. C’est pourquoi de nombreuses personnes ont tout simplement ignoré ou haussé les épaules à l’annonce de ce rassemblement. Ils ne voyaient aucun lien entre le forum de Pékin et la catastrophe qui se profilait au Moyen-Orient.

Ils devraient reconsidérer leur attitude. Au sein du Parti communiste chinois (PCC), peu de choses se produisent par hasard. L’accueil par Pékin d’invités d’environ 140 pays peut être lié, du point de vue du moment de la tenue du forum et peut-être plus encore, à la récente attaque surprise du Hamas contre Israël.

Nombreux sont ceux qui déplorent la « défaillance des services de renseignement » israéliens, mais ils n’envisagent pas une explication encore plus sinistre : une infiltration de ces services par des « taupes » et autres « saboteurs ». Est-ce que le commandement de l’armée et les services comme Mossad ou le Shin Bet, dans un Israël déjà affaibli et divisé de l’intérieur, sont à l’abri de gens comme Kim Philby (qui a accédé aux plus hautes fonctions de l’Intelligence Service britannique en travaillant pour le renseignement soviétique tout le long de sa carrière), Aldrich Ames (agent de la CIA qui était une taupe pour le compte du KGB et du SVR russes) ou Robert Hanssen (agent du FBI qui espionnait au profit de l’URSS et puis de la Russie) ?

Le 13 octobre, le New York Times a rapporté que le Hamas avait « une connaissance extraordinaire des secrets et des faiblesses d’Israël ». Quelle est l’origine de cette « connaissance » ?

Nombreux aussi sont ceux qui montrent du doigt l’Iran qui se sert du Hamas comme son pion pour attaquer Israël et le pousser à la guerre. Mais il est peu probable qu’un événement tragique d’une telle ampleur – l’un des pays les plus avancés et les plus vigilants du monde pris au dépourvu ayant, de son côté, plus de 1400 morts, plusieurs fois plus de blessés, plus de 200 otages et la perspective d’un bain de sang imminent à Gaza – soit le fait d’un seul pays haïssant les Juifs. Surtout quand on sait qui sont les associés criminels de l’Iran.

Il est possible que l’Iran, bien que pleinement coupable, fasse part d’un plan beaucoup plus vaste et plus profond, qui a été peut-être conçu, mais presque certainement connu et approuvé ailleurs.

Pour identifier les responsables d’un événement difficile à expliquer, les anciens Romains recourraient à un adage : cui bono ? Traduction : à qui cela profite ?

La réponse est : à la Chine.

Bien sûr, la création d’une nouvelle catastrophe que l’Occident doit gérer et à laquelle il doit répondre correspond aux intérêts de la Chine et son acolyte, la Russie. D’autant plus que le désir irrédentiste de l’État-parti chinois pour Taïwan et la guerre d’usure du Kremlin qui est dans l’impasse en Ukraine ont besoin d’événements pour dévier l’attention de leurs adversaires. Cependant, l’objectif ultime du régime chinois est de semer la division et le chaos entre les pays occidentaux et non occidentaux, entre les pays faisant partie de l’Occident ainsi qu’au sein des populations de ces pays – et ce, afin d’affaiblir le monde démocratique et de progresser dans stratégie géopolitique de Pékin qui vise l’hégémonie mondiale.

Depuis les années 1990, la Chine, en recrutant la Russie et l’Iran comme complices, a mis au point et appliqué une stratégie à plusieurs étapes, à plusieurs niveaux, et échelonnée sur plusieurs décennies. L’une des caractéristiques principales de cette stratégie est la dissimulation de son existence même.

Dans le cadre de cette stratégie, la Chine cherche en particulier à contrôler d’autres nations en « investissant » dans leurs infrastructures et leurs institutions, qu’il s’agisse de construire des lignes de chemin de fer à Bogota et à Téhéran ou une université à Budapest. Quelle ironie que ces pays aient envoyé leurs représentants à Pékin pour célébrer leur néo-colonisation par le Parti communiste chinois dans le cadre de l’Initiative Ceinture et Route. Dans le cas de l’Amérique et autres pays importants non invités au forum de l’ICR, la tactique consiste à soudoyer leurs politiciens bien placés, par exemple en offrant des « opportunités dans le monde des affaires » lucratives.

En même temps, le régime chinois tente de choyer les pays « non alignés » du tiers-monde qui sont curieux de l’alternative à l’Occident, des pays qui cherchent peut-être un « arrangement » (avec la Chine comme bienfaiteur) en plus ou à la place de ceux qu’ils ont actuellement avec les pays occidentaux. Pékin peut se montrer très persuasif dans ces flirts. « L’Occident ne vous apprécie pas. Vous méritez mieux. L’Occident ne peut plus vous donner ce que vous voulez », murmure doucement le PCC, promettant souvent une aventure et un certain risque à prendre et non une prévisibilité ennuyeuse.

L’année dernière, Xi Jinping a lancé l’Initiative pour la sécurité mondiale visant à appliquer « les solutions et la sagesse chinoises » à la politique mondiale et à combattre « l’unilatéralisme, la confrontation des blocs et l’hégémonisme » de l’Occident. En même temps, en février 2022, Xi Jinping et Vladimir Poutine ont annoncé un « partenariat sans limites » lors du voyage du dirigeant russe en Chine, juste à la veille de son invasion de l’Ukraine. Depuis lors, Xi Jinping s’est abstenu de condamner cette attaque et a refusé de qualifier les actions de Moscou d’invasion. Lorsque Xi Jinping s’est rendu à Moscou en mars dernier, il a laissé entendre à Poutine que les deux pays étaient à l’origine d’un « changement sans précédent depuis 100 ans ». Poutine était d’accord.

Xi Jinping serre la main de Vladimir Poutine lors de la cérémonie d’ouverture du troisième forum de « l’Initiative Ceinture et Route » au Grand palais du Peuple à Pékin, le 18 octobre 2023. (Pedro Pardo/AFP via Getty Images)

En juillet, l’Iran a rejoint la Russie et est devenu membre à part entière de l’Organisation de coopération de Shanghai, une alliance géopolitique de pays non occidentaux créée à Shanghai (Chine). Toujours en juillet, le président iranien Ebrahim Raïssi s’est engagé à combattre les « puissances hégémoniques occidentales » en remodelant le système international. En août, l’Iran a également rejoint les BRICS, une alliance dirigée par la Chine et la Russie qui affirme vouloir réformer la gouvernance mondiale. Les membres des BRICS, qui comprennent désormais aussi l’Arabie saoudite, l’Égypte et les Émirats arabes unis, représentent plus d’un tiers du PIB mondial.

La Chine se lance aussi dans le rôle d’intermédiaire et de médiateur dans les conflits et les différends internationaux. Au début de l’année, Pékin a parrainé la réconciliation entre les ennemis jurés que sont l’Arabie saoudite et l’Iran. Wang Yi, le plus haut diplomate chinois, a glorifié cette réconciliation comme la réussite de la Chine permettant à « se débarrasser des influences extérieures » au Moyen-Orient. On peut donc imaginer la réaction de Pékin lorsque, deux semaines avant l’attaque du Hamas, le Premier ministre israélien Benyamin Netanyahou, en visite en Arabie saoudite, a déclaré qu’il était probable qu’Israël et l’Arabie saoudite concluent prochainement leur propre accord diplomatique. Un accord qui devrait compléter les accords d’Abraham conclus entre Israël et quatre pays arabes et qui, selon M. Netanyahou, allaient « changer le Moyen-Orient pour toujours ». La Chine ne souhaite pas que les relations entre Israël et l’Arabie saoudite se normalisent ni que ces deux pays collaborent en dehors de sa sphère d’influence.

Aujourd’hui, alors que l’économie chinoise s’essouffle et que sa population vieillit et décline, la prochaine phase sur le calendrier vers l’hégémonie mondiale du PCC pourrait être l’accélération de la déstabilisation de l’intérieur et de la division des pays démocratiques et de leurs organisations, en particulier de l’OTAN – une alliance qui prévoit une riposte collective à l’agression contre l’un de ses membres. La Chine et ses acolytes sont parfaitement conscients qu’un puissant accélérateur de la fracture des populations dans ces pays serait la diffusion d’images en ligne et en temps réel d’une guerre à Gaza – une guerre urbaine maison par maison d’une ampleur sans précédent depuis Stalingrad – ainsi que de la catastrophe des réfugiés qui probablement en résulterait.

Seulement dix jours après l’attaque contre Israël, la Chine a réuni les représentants de 140 pays. Les personnes présentes à Pékin ont été flattées, soudoyées, séduites et éblouies par un programme mettant en avant l’ascension et la vitalité de la Chine comparativement à la division et au déclin de l’Occident. C’était une sorte d’Exposition universelle 2023 présageant un triste avenir de servitude, voire pire, pour ceux qui ne rentrent pas dans la ligne directrice tracée par l’État-parti chinois, en particulier pour ceux qui ne figuraient pas sur la liste des invités.

En effet, cui bono ?

Les opinions exprimées dans cet article sont celles de l’auteur et ne reflètent pas nécessairement celles d’Epoch Times.

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