Les guerres culturelles créent une dépendance croissante à l’égard de l’autorité, selon une avocate spécialisée dans les droits de l’homme

Par Lily Zhou et Lee Hall
9 juin 2023 17:02 Mis à jour: 9 juin 2023 17:02

Les « mers agitées des guerres culturelles » créent une dépendance croissante à l’égard de l’autorité, prévient une avocate spécialisée dans les droits de l’homme.

S’exprimant dans le cadre du programme « British Thought Leaders » de NTD, Anna Loutfi, avocate et responsable juridique du Bad Law Project, estime que l’insécurité ressentie par les gens dans un climat politique « très polarisé » empêche non seulement les gens de dire ce qu’ils pensent, mais aussi les individus de se forger leur propre opinion.

Les guerres culturelles ont « produit un environnement très agité où les gens sont tellement incertains de la signification des choses qu’ils tiennent beaucoup à certaines choses et ont peur de s’en écarter », explique Me Loutfi.

« Cela crée d’énormes possibilités pour des voyous avides de pouvoir de prendre l’ascendant, parce qu’ils peuvent toujours faire miroiter des certitudes. »

Ces « voyous » peuvent promettre aux gens que tout ira bien tant qu’ils s’en tiendront à une certaine opinion reçue sur une question donnée et qu’ils pourront être sanctionnés ou punis s’ils s’écartent de cette opinion ou la remettent en question.

En conséquence, les gens « s’en tiendront à des opinions reçues très solides et se tourneront vers les autorités pour qu’elles leur disent ce que ces opinions doivent être », fait-elle remarquer, ajoutant qu’il s’agit là de « l’antithèse » de la manière dont les accords contractuels sont élaborés.

Alors que les défenseurs de la liberté d’expression soutiennent souvent que l’environnement très polarisé empêche les gens d’exprimer leurs opinions, Me Loutfi estime que le problème est « plus insidieux ».

« Je pense qu’il est de plus en plus facile pour les gens de ne même pas essayer de réfléchir à ce qu’ils pensent. »

Le système juridique anglais à la recherche de solutions

Le projet Bad Law a été créé l’année dernière par Laurence Fox, leader du Reclaim Party, pour « plaider au nom des victimes d’une mauvaise législation », qu’il définit comme « l’idéologie politique qui se fait passer pour du droit« .

Le groupe soutient actuellement un certain nombre d’affaires, notamment le procès en diffamation intenté par le député du Reclaim Party Andrew Bridgen contre l’ancien ministre de la Santé Matt Hancock.

Andrew Bridgen, ancien membre du Parti conservateur, est le critique le plus virulent de la gestion du Covid-19 par le gouvernement et sur les vaccins contre le Covid-19. Il a été exclu du parti à la suite d’un message sur Twitter, aujourd’hui supprimé, dans lequel il partageait un article sur les vaccins, ajoutant : « Comme me l’a dit un cardiologue consultant, il s’agit du plus grand crime contre l’humanité depuis l’holocauste. »

Le Premier ministre Rishi Sunak a estimé que les propos tenus dans le message étaient « inacceptables » et qu’il était « déterminé à éradiquer le fléau de l’antisémitisme ».

Matt Hancock, qui a été ministre de la Santé jusqu’en juin 2021, qualifie les remarques d’Andrew Bridgen de « théories du complot dégoûtantes, antisémites et anti-vax » qui sont « non seulement profondément offensantes mais aussi anti-scientifiques et qui n’ont pas leur place dans cette Assemblée ou dans notre société au sens large ».

Me Loutfi a indiqué qu’ils lançaient également un projet au nom des parents qui souhaitent intenter une action en justice contre les écoles en raison de l’enseignement de l’idéologie transgenre.

Me Loutfi a déclaré que l’objectif de ce projet était de « sortir la politique du droit » et d’éduquer le public sur ce qu’est le droit.

Contrairement au système continental de droit civil, la common law anglaise, issue d’un système contractuel, s’appuie fortement sur les précédents.

Plutôt que d’essayer « d’élaborer toute la gamme des problèmes humains et toutes les solutions possibles dans un volume ou dans un code », la common law anglaise « part du principe que les êtres humains sont infiniment complexes », selon Me Loutfi.

Cela signifie, assure-t-elle, que dans l’arène civile, le droit n’est souvent pas contradictoire, mais qu’il s’agit de « créer des espaces » où les gens peuvent discuter des problèmes et des arguments et parvenir à des compromis lorsque c’est possible.

Me Loutfi estime que l’atout le plus précieux du système juridique anglais est l’idée que le Parlement et les tribunaux sont des espaces de débat, où des solutions sont élaborées et où « le consensus public peut être soigneusement construit ».

« Et notre espace public, y compris les plateformes de réseaux sociaux, devrait, je pense, prendre très au sérieux l’idée que nous sommes ici pour élaborer des accords, et non pas pour identifier des ennemis et leur tirer dessus à vue », conclut-elle.

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