Hécatombe à l’Ehpad de Mougins : 4 familles déposent une nouvelle plainte

Par Epoch Times avec AFP
10 avril 2020 17:06 Mis à jour: 11 avril 2020 13:50

Une plainte contre X a été déposée pour homicide involontaire, non-assistance à personne en danger et mise en danger d’autrui.

« Ma grand-mère était un modèle de sociabilité, on l’a laissée crever dans son coin » : déplorant des décès appris dans des « conditions aberrantes », les proches de quatre résidents d’un Ehpad de Mougins (Alpes-Maritimes) où le virus du PCC a tué 36 pensionnaires ont déposé plainte pour homicide involontaire vendredi 10 avril.

Cette plainte contre X a été déposée à Grasse (Alpes-Maritimes) par leur avocat Me Fabien Arakelian, pour homicide involontaire, non-assistance à personne en danger et mise en danger d’autrui.

Elle suit une première plainte, déposée début avril par la famille d’une autre résidente de l’établissement d’hébergement pour personnes âgées dépendantes (Ehpad) La Riviera, qui comptait 109 résidents avant la crise, et appartient au groupe Korian. Il n’a pas donné suite aux appels de l’agence France Presse (AFP), vendredi.

« Ce drame ne doit jamais plus se reproduire en France », a réagi lors d’un point presse téléphonique le maire de cette ville située près de Cannes, le Dr Richard Galy, qui a annoncé l’intention de la municipalité de se porter partie civile : « Un Ehpad est un « cluster » en puissance, il faut réagir très vite et c’est ce qui n’a pas été fait ».

« CORONAVIRUS : CE QUE VOUS DEVEZ SAVOIR »

« Elle est morte dans son coin, comme un animal »

Odette Noyer, l’une des pensionnaires décédées à La Riviera, venait de fêter ses 94 ans. Son petit-fils Arnaud, partie prenante de la plainte déposée vendredi, est révolté : « Le 24 mars, c’était son anniversaire. On n’a pas pu aller la voir. Mais ce qui me rend fou, c’est qu’elle soit morte dans son coin, comme un animal. Ils vont le payer très cher ». 

« Elle avait toute sa tête et c’étaient plus des problèmes de mobilité et le fait que ma mère soit malade qui nous avait obligés à la mettre là depuis juillet 2018 », ajoute ce quadragénaire, qui a appris le drame en cours dans l’Ehpad en lisant Nice-Matin. Depuis, il s’occupe d’organiser un collectif des familles de Mougins, mais aussi d’autres Ehpad, jusqu’en région parisienne.

« Lourds préjudices moraux »

Ancien ingénieur chez IBM, Jacques Petitgirard est mort, lui, le 29 mars à 87 ans. Catherine Guilleux, sa fille, a appris son décès par un texto des pompes funèbres : « On me demandait ma carte d’identité et l’autorisation de crémation. Mes yeux se sont écarquillés, je l’ai lu trois fois, je n’ai eu aucun coup de fil. C’est sans doute un concours de circonstances mais l’Ehpad n’avait pas appelé pour dire qu’il était souffrant ».

Pour Marie-Louise Borgnet, placée dans l’Ehpad en janvier et décédée le 23 mars à 87 ans, « il semblerait que l’établissement lui ait en réalité retiré son téléphone portable », écrit Me Arakelian dans la plainte consultée par l’AFP. Son neveu ne sait toujours rien des circonstances de son décès.

Me Arakelian liste dans sa plainte les « lourds préjudices moraux » des plaignants. « Ils ont pris connaissance des décès tragiques de leur parents (…) dans des conditions aberrantes et dramatiques, sans pouvoir être à leurs côtés au moment de leur fin de vie douloureuse, et parfois même sans pouvoir leur rendre un dernier hommage ».

Le premier décès d’un malade atteint du virus du PCC dans cet établissement date du 15 mars. Un dépistage systématique n’a pas eu lieu avant le 4 avril pour le personnel et le 6 pour les résidents, rappelle la plainte.

 

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