Insécurité, enclavement, autonomie… Emmanuel Macron attendu en Guyane pour discuter des problèmes sensibles

Par Epoch Times avec AFP
25 mars 2024 15:00 Mis à jour: 25 mars 2024 15:06

Insécurité, enclavement, autonomie territoriale : Emmanuel Macron est arrivé lundi en Guyane pour une visite de deux jours dans ce département français, frontalier du Brésil, en proie à de nombreuses difficultés et qui a massivement voté pour Marine Le Pen en 2022.

Le chef de l’État a atterri à l’aéroport de Cayenne, de retour après une première visite en octobre 2017, restée dans les annales, où il avait dit ne pas être « le Père Noël » en réponse à une question sur la création d’un hôpital. Cette petite phrase, lâchée six mois après une grève générale qui avait paralysé la Guyane, est ancrée dans la mémoire collective des Guyanais qui ont voté à 60% pour Marine Le Pen (Rassemblement national) face à Emmanuel Macron à la dernière présidentielle.

Depuis, « les engagements qui avaient été pris » ont été « à la quasi totalité tenus », a affirmé le chef de l’État à sa descente d’avion, vantant les « moyens supplémentaires octroyés au territoire » guyanais dans « à peu près tous les domaines ».

À commencer par la sécurité où le dispositif « 100% contrôle » a « permis de réduire drastiquement le trafic de stupéfiants » à l’aéroport de Cayenne, a-t-il assuré, avant de rencontrer les policiers et gendarmes qui y interceptent chaque semaine 30 à 40 kilos de drogue. À ses côtés, le président de la Collectivité territoriale de Guyane Gabriel Serville a déploré, lui, un « sentiment de discrimination » dans les contrôles, évoquant un « délit de faciès ».

M. Macron a également prévu de revenir dans l’après-midi sur l’opération Harpie, « marquée par son efficacité dans la lutte contre l’orpaillage illégale » mais endeuillée par la perte de plusieurs militaires ces dernières années. Dont le major du GIGN, Arnaud Blanc, tué dans la jungle il y a un an, jour pour jour, le 25 mars 2023.

Une victime de plus de la criminalité record qui frappe la Guyane, où une soixantaine d’homicides ont été recensés l’an dernier, soit plus de 20 pour 100.000 habitants et près de quinze fois plus que la moyenne nationale.

« Décisions rapides » dans l’agriculture

Venu pour aborder « aussi ce qui n’avance pas assez vite », M. Macron a dit « partager l’impatience de la population » et promis « des décisions rapides » dans le secteur de l’agriculture, alors qu’une forte « dépendance alimentaire » demeure dans des filières comme le bœuf et la volaille.

Autre secteur en souffrance dans ce département ultramarin, la pêche fera aussi l’objet de décisions « qui n’ont que trop tardé », en particulier pour « lutter contre la pêche illégale ». Le chef de l’État entend aussi « permettre une exploitation durable de notre forêt » tropicale, avec une « activité aurifère responsable et pérenne ».

Son entourage a fait valoir un « refus de choisir entre protection des forêts tropicales et développement économique », défendant plutôt une « écologie à la française » avec une « simplification et une adaptation des normes » jugées trop lourdes par les acteurs locaux.

Autant d’annonces que le chef de l’État distillera au cours de visites au marché aux poissons de Cayenne, dans une exploitation agricole, puis dans la forêt amazonienne, à Camopi, à la frontière avec le Brésil.

Revendications d’autonomie

Un « dîner de travail » avec les élus guyanais doit permettre d’évoquer « la question institutionnelle » et des « évolutions potentielles ». Les intéressés revendiquent déjà une marche vers l’autonomie inspirée de l’exemple corse. Le pouvoir central doit « nous accorder le même statut » que l’île de Beauté, martèle ainsi Gabriel Serville.

Le gouvernement attend toutefois des précisions : pour la ministre déléguée aux Outre-mer, Marie Guévenoux, il revient d’abord aux élus de « définir quelles sont les compétences qu’ils souhaiteraient voir endosser par la collectivité ». La question du désenclavement sera également sur la table. Grande comme le Portugal, la Guyane ne compte que 400 kilomètres de routes nationales et des communes isolées sont privées de desserte aérienne.

M. Macron se rendra mardi à Kourou, pour « donner de nouvelles perspectives » au centre spatial créé il y a 60 ans par le général de Gaulle. De quoi épuiser les sujets ? Le cheffe des Écologistes Marine Tondelier a épinglé « une visite express » : les Guyanais « méritent que vous preniez le temps sur les sujets prioritaires », a-t-elle exhorté.

M. Macron s’envolera ensuite pour le Brésil, où il demandera à son homologue Luiz Inacio Lula da Silva de renforcer la coopération dans la lutte contre l’orpaillage illégal, mais aussi contre l’immigration clandestine qui a trouvé une nouvelle route du Moyen-Orient vers l’Europe via ce pays et la Guyane.

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