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«Je ne me sentais pas de rester dans cet enfer longtemps»: pourtant motivée, une enseignante abdique après un jour de cours

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Photo: JEFF PACHOUD/AFP via Getty Images

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Durée de lecture: 5 Min.

Recrutée en tant que professeur d’anglais lors du job dating organisé par l’académie de Versailles, la quadragénaire a abandonné son poste après avoir fait sa première et unique journée. Livrée à elle-même, elle décrit dans les colonnes du Parisien comment elle s’est « auto-formée » en attendant un poste, et pointe les conditions déplorables de travail lorsqu’elle en a enfin obtenu un. 
En juin de l’année dernière, cette traductrice d’anglais avait été sélectionnée pour le poste de professeur d’anglais, à la suite des journées de recrutement de l’académie de Versailles. Elle avait alors passé deux entretiens, dont un en anglais, et se réjouissait de faire « un métier qui ait du sens ».
L’ancienne traductrice en reconversion professionnelle, qui n’avait pas obtenu de poste à la rentrée de septembre 2022, avait alors pris l’initiative de se former elle-même, en attendant une réponse du rectorat. « Je n’ai pas eu les quelques jours de formation en été. Je me suis un peu auto-formée avec le réseau Canopé (le réseau de formation des enseignants) pour pallier les manques de l’institution, mais ça reste très théorique », explique-t-elle à nos confrères.
En novembre, la quadragénaire est enfin recontactée et on lui propose alors un poste à deux heures de chez elle, au sein d’un collège situé dans un quartier populaire au sud des Hauts-de-Seine. Malgré la distance, elle accepte immédiatement ce premier poste.
« La dose de stress était à son maximum »
Quelques jours avant sa rentrée, après un entretien rapide avec la principale et une rencontre avec ses collègues dans la salle des professeurs, elle découvre qu’elle aura en charge trois classes de 3e et trois classes de 6e. « Je ne m’attendais pas à démarrer avec autant de classes », souligne-t-elle.
Elle passe donc son week-end à préparer ses cours, ainsi qu’une bonne partie de la nuit du dimanche au lundi, n’ayant reçu les supports de sa prédécesseure que le dimanche soir. Puis le lundi arrive et c’est l’hécatombe.
« Quand je me suis retrouvée face aux classes le lundi, je n’avais pas eu de tuteur, je n’avais pas pu visiter l’établissement avant, je me suis trompé de couloirs toute la journée, on ne m’avait pas donné les codes de l’ENT (espace numérique de travail), donc je ne pouvais pas projeter le matériel que j’avais prévu… Je n’ai pas pu faire de copies non plus le matin car il n’y a qu’une seule photocopieuse dans l’établissement. J’ai mangé en cinq minutes à midi pour faire les photocopies, j’ai à peine pris le temps d’aller aux toilettes », détaille-t-elle auprès du quotidien francilien, mentionnant que « la dose de stress était à son maximum ».
« J’ai été catapultée sans être préparée »
De surcroît, la toute nouvelle enseignante a dû improviser ses cours, réalisant que ceux qu’elle avait préparé ne correspondaient pas au niveau, plutôt « faible », de la plupart de ses élèves. Par ailleurs, elle se désole d’avoir dû passer la majeure partie de son temps à faire du « disciplinaire » avec ces derniers.
Totalement découragée par cette première immersion, l’ex traductrice d’anglais confie qu’elle était pourtant « très motivée ». « J’avais très envie de me lancer là-dedans. J’avais entendu parler des conditions difficiles, mais je crois que je ne voulais pas y croire », avoue-t-elle encore. « J’ai été catapultée sans être préparée. On ne m’a pas donné les bonnes conditions pour démarrer sereinement. Je ne me sentais pas de rester dans cet enfer longtemps », ajoute-t-elle. Et c’est ainsi qu’elle est partie, avant même d’avoir signé son contrat. « Ça ne m’a même pas donné envie de m’accrocher car il était clair que j’allais le payer cher en matière de santé mentale », conclut-elle.