Kenya : l’alphabétisation des femmes adultes et la formation de base changent leur vie

25 octobre 2018 17:53 Mis à jour: 5 avril 2019 19:48

LESHUTA, Kenya – Les rayons du soleil dorent le couvert végétal que les pluies verdissent après quatre ans de sécheresse. De jeunes enfants s’amusent à cœur joie près d’une structure en tôle ondulée.

À l’intérieur de la structure, Naatana Karbolo, 60 ans, fait partie d’un groupe de femmes qui veulent acquérir les compétences d’alphabétisation de base. Elles viennent à la classe tous les après-midi après leurs travaux ménagers et emmènent leurs enfants, les laissant jouer dehors pendant qu’elles assistent à leurs cours.

Une enseignante aide Naatana Karbolo à écrire dans une classe d’éducation aux adultes dans le comté de Narok, Kenya, le 4 mai 2018. (Dominic Kirui/Special to The Epoch Times)

Avant que Mme Karbolo ne s’inscrive aux cours d’éducation pour adultes en juillet de l’année dernière, cette mère de six enfants ne pouvait pas gérer efficacement son entreprise car elle ne savait ni lire ni écrire. Maintenant, son entreprise réalise des profits.

Mme Karbolo est une femme d’affaires dans un centre commercial local à Naikarra, une petite ville du comté de Narok, à environ 130 km à l’ouest de Nairobi, capitale de Kenya. Elle vend du maïs, de la graisse de cuisine et des cartes de temps d’antenne de téléphone portable. Depuis qu’elle a suivi les cours, elle dit que son entreprise s’est développée.

« Auparavant j’accusais des pertes, car il m’arrivait à l’occasion de donner du crédit et de dépendre de ma mémoire pour me rappeler à qui j’avais donné certains articles à crédit. Sans les voir, il m’arrivait parfois de les oublier et cela signifiait une perte pour mon entreprise », avoua-t-elle à Epoch Times.

Mais, comme beaucoup de ses camarades de classe, des gens d’affaires, elle peut maintenant tenir un registre des débiteurs et des ventes. La possibilité de recevoir une éducation a contribué à cette heureuse situation.

Taux élevé d’analphabétisme

Environ 758 millions de personnes dans le monde sont analphabètes, selon les données de l’agence des Nations unies pour l’éducation, l’UNESCO. Les deux tiers sont des femmes. De toutes les régions d’Afrique, l’Afrique subsaharienne est celle où le taux d’analphabétisme est le plus élevé.

Le marché de Naikarra dans le comté de Narok, Kenya, le 4 mai 2018. (Dominic Kirui/Special to The Epoch Times)

Dans le comté de Narok, au Kenya, où vit une communauté pastorale confrontée aux défis de la sécheresse et à des traditions rétrogrades, les niveaux d’analphabétisme sont encore élevés, en particulier parmi les femmes, qui sont les plus touchées par tous ces défis.

Le comté de Narok est classé 42e sur les 47 comtés du pays en termes de niveaux d’alphabétisation, selon la Kenya Commission for Revenue Allocation.

Il est fort probable que cette situation soit en partie liée à des raisons culturelles, comme dans la communauté Massaï du Kenya, où jusqu’à récemment, la plupart des filles n’avaient pas la possibilité d’aller à l’école, car elles subissaient la mutilation génitale féminine et devaient ensuite se marier.

En août de l’année dernière, Action Africa Help-International, une ONG travaillant dans la région, a initié les femmes aux compétences de base et l’alphabétisation, les ouvrant au monde de la lecture et de l’écriture afin qu’elles puissent gérer leur entreprise et être économiquement indépendantes.

Nariku Kuyo organise la vente de ses articles au marché de Naikarra dans le comté de Narok, Kenya, le 4 mai 2018. (Dominic Kirui/Special to The Epoch Times)

Nariku Kuyo, 29 ans, fait également partie du groupe de femmes qui suivent des cours chaque soir à Olaburra. Comme Mme Karbolo, elle est impliquée dans les affaires, vendant du maïs et des cartes de temps d’antenne pour téléphone portable.

Kuyo, maintenant mère de cinq enfants, raconte : « Depuis ma naissance, je n’ai jamais connu l’école; je n’ai jamais été dans une classe jusqu’à l’année dernière. Mon travail à la maison était de m’occuper des chèvres de mon père, et à l’âge de 19 ans, je me suis mariée. »

Opportunités d’emploi

Le lendemain, les femmes allaient au marché de Naikarra, à quelques kilomètres de leur école. Pendant qu’elles s’installent pour vendre leurs biens, d’autres femmes portant des sacs s’assoient dans un groupe, sans acheter ni vendre.

Kasiang’u Namako est l’une de ces femmes. Elle est mère de dix enfants, ne connaît pas son âge exact et ne porte pas sa carte d’identité. La plupart du temps, les femmes ne sont pas autorisées par leur mari à porter leur carte d’identité, que leur mari conserve. Une femme est aussi rarement autorisée à posséder du bétail ou d’autres biens. Elles dépendent entièrement de leur mari.

Des femmes s’assoient en attendant que leur mari vende du bétail ou des chèvres et leur donne de l’argent pour acheter de la nourriture au marché Naikarra du comté de Narok, au Kenya, le 4 mai

Mme Namako est restée assise pendant 4 heures à attendre que son mari vende une vache qu’il avait amenée au marché ce matin-là, afin qu’il puisse lui donner de l’argent pour acheter de la nourriture et autres articles ménagers.

« J’attends depuis 8 h, ce matin et il est midi. Si, par malchance, il ne vend pas la vache, nous devrons rentrer à la maison sans faire les courses », explique Mme Namako grâce à une traductrice.

Monica Chepng’etich, responsable de l’éducation des adultes, représentant le gouvernement national du sous-comté de Narok, affirme que l’éducation des femmes des communautés pastorales, en particulier les Massaï, peut être un tournant dans leur vie.

« Au début, l’excision des filles leur donnait le sentiment d’être devenues adultes, ce qui les empêchait d’avoir accès à l’éducation », a révélé Monica Chepng’etich. « Mais l’éducation des femmes adultes a permis de réduire les mauvais traitements et la violence familiale dont elles sont victimes et, par conséquent, de les aider à participer à la prise de décisions sur les questions qui les concernent, elles et leur famille. »

Quant à Kasiang’u Namako et ses amies non inscrites dans les classes, elles apprécieraient la chance de pouvoir s’instruire également.

« Nous admirons la façon dont nos amies d’Olaburra ont appris et peuvent maintenant même parler le swahili. Nous voulons aussi faire partie d’une telle chose, mais notre village est loin de leur village. Si le gouvernement ou quelqu’un d’autre nous emmenaient apprendre, lire, nous serions heureuses », a-t-elle fait remarquer.

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