La Chine élargit ses contrôles à l’exportation des terres rares avant une probable rencontre Donald Trump - Xi Jinping

Un engin manutentionne de la terre contenant des minéraux rares dans un port de Lianyungang, province du Jiangsu, Chine, le 5 septembre 2010.
Photo: AFP via Getty Images
Le régime communiste chinois a encore élargi le 9 octobre ses contrôles à l’exportation des terres rares, interdisant expressément aux entreprises de défense et de semi-conducteurs situées hors de Chine l’accès à ces métaux critiques.
Tout article contenant plus de 0,1 % d’ingrédients de terres rares provenant de Chine nécessitera désormais une licence d’exportation, a annoncé le ministère chinois du Commerce. Ces restrictions entreront en vigueur le 1er décembre.
Dans un communiqué séparé, le ministère a fait savoir que certaines technologies et équipements relatifs aux terres rares étaient ajoutés à sa liste de contrôles à l’exportation. Plus tard dans la journée, le ministère a également indiqué que certaines batteries lithium-ion, cathodes de graphite et diamants artificiels devraient recevoir l’aval préalable de Pékin. Par ailleurs, cinq nouveaux éléments de terres rares — holmium, erbium, thulium, europium et ytterbium — seront soumis à des exigences de licence. Ces nouveaux contrôles entreront en vigueur le 8 novembre.
Les terres rares, un groupe de 17 éléments essentiels dans de nombreux produits, des véhicules électriques aux avions de chasse et sous-marins, constituent désormais un enjeu majeur dans la guerre commerciale en cours entre les États-Unis et la Chine.
Après des décennies de subventions et de soutiens politiques, la Chine est devenue un quasi-monopole dans la fourniture des terres rares, concentrant 61 % de l’extraction mondiale et 92 % du raffinage selon l’Agence internationale de l’énergie.
Sous pression des États-Unis en raison de ses pratiques commerciales non conventionnelles, Pékin a renforcé son emprise sur les terres rares ces dernières années, utilisant ces ressources stratégiques comme levier dans les négociations commerciales avec les économies occidentales.
Les nouveaux règlements viennent compléter ceux d’avril, qui obligent déjà les exportateurs à demander des licences spéciales pour expédier sept éléments de terres rares, ainsi que des aimants fabriqués à partir de trois d’entre eux et d’autres produits finis.
Le 9 octobre, Pékin a précisé les cibles des restrictions : en principe, aucune demande d’exportation émanant d’entreprises de défense étrangères ou d’entités figurant sur la liste de contrôle ne sera acceptée, a précisé le ministère.
Toute demande d’exportation liée à l’intelligence artificielle susceptible d’applications militaires sera traitée au cas par cas, a poursuivi le ministère. Il en va de même pour la recherche et le développement de semi-conducteurs avancés, y compris les puces de 14 nanomètres ou plus sophistiquées, les mémoires de 256 couches ou davantage, ainsi que pour les équipements et matériaux nécessaires à leur fabrication et à leur test.
Dans un autre communiqué, le ministère a indiqué que toute technologie liée à la production de terres rares — depuis l’extraction, le raffinage, la fabrication de matériaux magnétiques, jusqu’au recyclage — est interdite d’exportation sans permission. Les technologies afférentes à l’assemblage, la maintenance, la réparation ou la modernisation des chaînes de production des terres rares nécessitent aussi une licence d’exportation.
Les citoyens et sociétés chinois se voient interdire d’apporter une assistance substantielle à des activités de terres rares à l’étranger, telles que l’extraction, le raffinage ou le traitement, sans l’autorisation de Pékin. Ces mesures prennent effet immédiatement.
La décision de Pékin intervient à quelques semaines d’une rencontre attendue entre le dirigeant chinois Xi Jinping et le Président américain Donald Trump. Si Pékin n’a pas confirmé la tenue d’un face-à-face, Donald Trump a, lui, assuré qu’il rencontrerait Xi lors du prochain sommet de la Coopération économique Asie-Pacifique (APEC) en Corée du Sud.
Les données douanières chinoises ont révélé récemment une reprise des exportations d’aimants à base de terres rares. Toutefois, les entreprises étrangères continuent d’exprimer leur frustration face aux difficultés d’approvisionnement en matériaux chinois. Un rapport de la Chambre de commerce de l’UE en Chine daté du 17 septembre indique que nombre d’entreprises européennes, notamment des PME, subissent encore des perturbations notables de la chaîne d’approvisionnement en terres rares.
L’instrumentalisation des terres rares par le Parti communiste chinois a suscité de vives inquiétudes aux États-Unis, dans l’Union européenne et ailleurs.
Lors du sommet du G7 de cette année au Canada, la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen a accusé le Parti communiste chinois d’utiliser ce « quasi-monopole non seulement comme monnaie d’échange, mais aussi comme arme pour fragiliser les concurrents dans des secteurs clés ».
Le 19 septembre, la plus grande usine européenne de fabrication d’aimants à terres rares a ouvert ses portes à Narva, en Estonie, à la frontière russe. Montée par la société canadienne Neo Performance Materials avec le soutien de fonds européens, cette usine s’inscrit dans la stratégie de Bruxelles pour renforcer « l’autonomie stratégique et la compétitivité » de l’Europe, selon la Commission.
Aux États-Unis, MP Materials a annoncé en juillet la conclusion d’un accord de plusieurs milliards de dollars avec le ministère de la Défense afin de stimuler la production américaine de terres rares et de réduire la dépendance vis-à-vis de la Chine et d’autres pays.

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