La Chine met à profit la technologie pour reprogrammer les mentalités, alerte un expert en cybersécurité

Par Venus Upadhayaya & Tiffany Meier
4 novembre 2022 15:44 Mis à jour: 4 novembre 2022 15:45

Le régime chinois se sert de la technologie pour s’immiscer dans la conscience humaine et la reprogrammer, le but étant de faire avancer son programme de contôle mondial, explique un cyberexpert.

« Reprogrammer cela veut dire plus précisément reprogrammer le cerveau, et c’est ce qu’on appelle une guerre psychologique. Une guerre cognitive, voilà le nouveau terme », explique Casey Fleming, PDG de la société de cybersécurité BlackOps, à NTD TV. BlackOps est spécialisé dans les cybermenaces touchant les entreprises, les organismes publics, l’armée, les universités et les instituts de recherche et opère partout dans le monde.

Un rapport intitulé « Rewired : How Digital Technologies Shape Cognition and Democracy » (pdf) [Reprogrammé : Comment les technologies numériques façonnent la cognition et la démocratie, ndt.] publié en octobre par The Digital Cognition and Democracy Initiative prévient que l’homme est aujourd’hui dépendant des technologies numériques à un degré avancé. Il est de ce fait extrêmement sensible à la « désinformation et à la polarisation affective ». Cette dépendance croissante aux nouvelles technologies, entraîne un comportement antidémocratique.

Selon M. Fleming, cette reprogrammation des cerveaux, implique des éléments subliminaux touchant à la propagande et la transformation du narratif, et elle s’effectue par le biais de neurotransmetteurs comme la dopamine. Il compare cette reprogrammation de l’esprit humain aux techniques d’apprentissage opérées sur les animaux de laboratoires, poulets ou souris, par exemple.

« C’est ce qui se passe quand on est connecté aux réseaux sociaux, avec nos entreprises, avec nos Big Tech au quotidien. Ils vont donner aux gens plusieurs doses de dopamine, en les incitant à vouloir des « like » et autres. Et à un moment, ils les enlèvent en mettant plusieurs « dislike » ou autre chose de ce type. Cela rend dépendant de l’application. »

« Et ce n’est que le début. Il y a tellement de choses qu’on peut faire en manipulant le cerveau et la psychologie quand on utilise la technologie. »

Selon lui, TikTok est une « application malfaisante » et pose les menaces les plus graves. Elle est conçue pour fragiliser les enfants en tuant leur capacité de raisonnement critique.

« Et pour les rendre dépendants, comme des souris attendant dans une cage, l’arrivée de la nourriture, avec toutes ces montées de dopamine. »

Il ajoute qu’au moment où les enfants rentrent chez eux et se connectent au réseau domestique avec leur téléphone, sur lequel se trouve l’application TikTok, celle‑ci transmet au Parti communiste chinois l’accès à tout ce qui est connecté à ce téléphone.

« Il est clair que cette application est entre de mauvaises mains. Et j’ai déjà dit que TikTok est une arme à des fins d’espionnage, mise dans les mains de nos enfants. »

Guerre hybride et hors limite

M. Fleming qualifie « cette reprogrammation du cerveau » de « guerre hybride et hors limite ». Selon lui, le régime cible tout ce qui fait la cohésion d’une société, comme la police, la religion, la démocratie, les croyances, la confiance. Il va jusqu’à attaquer la famille et l’éducation des enfants.

« Il s’agit vraiment de contrôler l’esprit et l’âme des utilisateurs ou de la population. Donc, basiquement il est question de reprogrammer le cerveau. Et c’est accéléré et exacerbé par les médias sociaux. »

Grâce à la technologie, les médias sociaux nuisent aux Occidentaux, et avec peu d’efforts, les dommages sont importants.

« Donc, quand on entend toutes ces choses dans les médias sur la théorie critique de la race, Black Lives Matter, sur le fait de devoir arrêter de financer la police, la réattribution sexuelle, le fait que la religion est mauvaise, le but c’est de nous diviser. »

Il ajoute que selon des études réalisées par son organisation, 85% du contenu des réseaux sociaux est de la désinformation stratégique, alors que seulement 15% sont des faits.

Ces menaces sont d’autant plus grandes que 90% des médias grand public sont détenus par six grandes entreprises, qui sont toutes infiltrées par le Parti communiste chinois (PCC) à un certain degré.

« Ce que je dis généralement aux gens, c’est qu’on doit partir du principe que toute technologie chinoise est une arme braquée sur nous, braquée sur le monde libre et sur l’avenir de nos enfants. Il faut comprendre le Parti communiste chinois, ses objectifs, son idéologie, et ceux‑ci n’ont rien à voir avec ce que nous connaissons dans le monde libre. Elles sont complètement à l’opposées. »

Mike Pompeo, lors d’une conférence de presse sur Huawei, à Washington, le 15 juillet 2020. (Andrew Harnik/POOL/AFP via Getty Images)

Les mesures du gouvernement américain

Depuis des décennies, les responsables de la sécurité nationale aux États‑Unis, alertent sur les pratiques d’espionnage ciblant l’Amérique. Cet espionnage est rendu possible grâce aux technologies de l’information et de la communication chinoises (acronyme : les TIC), élaborées par des entreprises comme Huawei ou ZTE.

Au nom de la sécurité nationale, le gouvernement fédéral a adopté diverses mesures au cours des cinq dernières années pour réglementer le déploiement de TIC étrangères sur le sol américain. Selon un rapport intitulé Banned in D.C., Examining Government Approaches to Foreign Technology Threats [Interdit à D.C., examen des approches gouvernementales face aux menaces technologiques étrangères, ndt.] publié par le Center for Security and Emerging Technology en octobre, ces mesures donnent aux organismes gouvernementaux le pouvoir d’identifier et de retirer les TIC non fiables des réseaux fédéraux sensibles.

Ces mesures comprennent, entre autres, l’article 889 du National Defense Authorization Act de 2019, qui interdit aux organismes gouvernementaux d’utiliser des équipements et des services de cinq grandes entreprises chinoises mises sur liste noire, ou de travailler avec des sous‑traitants qui utilisent ces équipements.

Malgré toutes ces mesures, il existe encore de nombreuses institutions aux États‑Unis qui continuent d’acheter des technologies chinoises non fiables que les organismes gouvernementaux ont désignées comme une menace pour la sécurité nationale. Selon les auteurs du rapport, Jack Corrigan, Sergio Fontanez et Michael Kratsios, cette année, il y a encore 1700 entités publiques qui ont acheté des TIC concernées par l’article 889.

« Malgré tout cela, généralement les gouvernements des États et les collectivités locales n’ont pas modifié leurs pratiques d’achat pour prendre en compte la question des menaces liées aux technologies étrangères », précisent‑ils.

Selon M. Fleming une loi fédérale est nécessaire, stipulant que les TIC sont interdites de façon définitive, et que « si quelqu’un achète ces technologies, il ira en prison. Et il doit y avoir une loi fédérale contre ces achats, (…) quand on sait que cela vient d’un régime communiste ».

« Nous sommes dans la troisième guerre mondiale et c’est une guerre hybride », ajoute‑t‑il, mais les populations n’en sont pas conscientes et ne comprennent pas même ce qui se passe.

« Mais cette guerre hybride, on est dedans, on y était déjà avant, et elle est en train de culminer, d’arriver à ce stade. À un moment, dans une certaine mesure, ça va devenir une guerre conventionnelle. Ça arrivera peut‑être dans quelques années seulement, mais il faut comprendre que notre adversaire nous a déclaré son ennemi. Donc par voie de conséquence, c’est notre ennemi. »

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