La colère et le cri d’alarme des parents, pour Sara morte à 9 ans : « Nos enfants ne sont pas suffisamment entendus »

L'école primaire française Montagne à Sarreguemines, dans le nord-est de la France, le 13 octobre 2025, après le suicide de Sara, élève de 9 ans le 11 octobre 2025.
Photo: JEAN-CHRISTOPHE VERHAEGEN/AFP via Getty Images
Lundi matin, l’atmosphère était pesante devant l’école Montagne Supérieure de Sarreguemines, en Moselle. Des roses blanches ornaient les grilles de cet établissement du quartier prioritaire Beausoleil, symbolisant la douleur collective après la découverte du corps sans vie de Sara, fillette de 9 ans, retrouvée à son domicile avec un message d’adieu. Le drame a secoué cette commune de 20.000 habitants, proche de la frontière allemande, plongeant familles et enseignants dans une tristesse insondable.
Une dizaine de parents s’étaient réunis avant la rentrée des classes, portés par un double sentiment : apporter leur soutien à la famille endeuillée, mais aussi exprimer leur profonde inquiétude et leur colère face à cette tragédie. Certains ont obtenu un entretien avec les représentants du rectorat, espérant être enfin entendus sur les conditions de vie de leurs enfants à l’école.
La mobilisation institutionnelle face au drame
Les autorités académiques ont rapidement réagi à cet événement bouleversant. Le recteur et le directeur académique des services de l’Éducation nationale de Moselle ont fait part de leur « émotion » face au décès de cette élève de CM2. Ils ont garanti la mobilisation coordonnée de l’Éducation nationale, des services de l’État et de la municipalité pour accompagner élèves et personnel. Une cellule d’écoute psychologique a été immédiatement déployée dans l’établissement.
Pourtant, cette réponse institutionnelle ne suffit pas à apaiser la détresse des familles. « On a vécu un week-end atroce, impossible de fermer l’œil », confie une mère qui préfère taire son identité. Hantée par l’image de Sara, elle ne peut s’empêcher de se projeter dans la souffrance de la mère : « Comment pourra-t-elle continuer à vivre avec une telle douleur ? »
Le cri d’alarme des parents
La colère gronde parmi les familles. Beaucoup dénoncent l’impuissance ressentie face aux difficultés rencontrées par leurs enfants. « Nos enfants ne sont pas suffisamment entendus », martèle cette même mère. Elle décrit un parcours du combattant familier à bien des parents : l’enfant se confie sur des problèmes à l’école, on lui conseille d’en parler aux enseignants, mais rien ne change. Les démarches auprès de la direction semblent vaines. « On fait tout ce qui est en notre pouvoir, mais on ne peut pas aller plus loin », résume-t-elle avec un sentiment d’impuissance.
Selon des sources policières, Sara aurait été la cible de moqueries répétées concernant son apparence physique. Sa mère aurait même évoqué des pensées suicidaires antérieures. Toutefois, le parquet reste prudent, affirmant ne disposer « d’aucune information » confirmant qu’elle aurait exprimé l’intention de passer à l’acte, tout en restant réservé sur la qualification de harcèlement.
Les témoignages accablants des camarades
Un proche de la famille affirme qu’un signalement pour harcèlement avait déjà été transmis à l’école. Abnor, 9 ans, camarade de classe de Sara, livre un témoignage poignant : « En classe, elle riait, elle était joyeuse, mais parfois d’autres l’insultaient. » Ces attaques se produisaient principalement après les cours, sur le chemin du retour. Avec une maturité touchante, l’enfant conclut : « L’école, c’est pour apprendre, pour réussir, pas pour harceler. Ni ici ni ailleurs. »
Sa mère insiste : « Les enfants et leurs parents doivent être entendus. » Yoann Simon, venu de Forbach avec une rose blanche, partage ce sentiment : « J’ai le cœur brisé pour cette famille. Le harcèlement devrait être sévèrement sanctionné. »
Un appel à la prévention
Les roses ont finalement été retirées dans la matinée, la famille souhaitant préserver son intimité. Elsa Deichel-Bohrer, mère de deux enfants, est venue soutenir la famille et les élèves, probablement désorientés. Elle plaide pour une sensibilisation renforcée : « Trois heures de prévention par an sur le harcèlement, c’est largement insuffisant. »
Avec AFP

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