La formule gagnante du renouveau conservateur dans le monde entier

Le pragmatisme pur se termine par des larmes, et l'absence d'un véritable héritage durable devient son épitaphe.

Par Eric Abetz
30 novembre 2023 16:44 Mis à jour: 30 novembre 2023 17:37

La politique est l’art du possible, nous dit-on.

Alors qu’une nouvelle vague de gouvernements de centre-droit voit le jour dans le monde entier, il est important que ceux-ci adoptent les dispositions nécessaires pour former un gouvernement et le garder.

Telle est la tâche à laquelle Geert Wilders est confronté alors qu’il tente de constituer un gouvernement cohérent au terme des dernières élections aux Pays-Bas, qui ont vu son Parti de la liberté remporter le plus grand nombre de sièges. Il est cependant encore loin d’avoir la majorité.

Avec 37 sièges, le Parti de la liberté détient le plus grand nombre de sièges. Mais pour former un gouvernement, un groupe d’au moins 76 sièges (plus du double) est nécessaire pour la chambre de 150 sièges.

En raison des conséquences électorales qu’entraînerait une « trop grande proximité » avec le Parti de la liberté, certains partis de centre-droit ont pris leurs distances avec M. Wilder.

L’avenir nous dira si les négociations permettront d’exprimer la volonté du peuple néerlandais ou si une coalition de partis de gauche et de droite s’unira pour contrecarrer le Parti de la liberté et sa représentation d’une partie importante de la population.

La sagesse, par opposition au pragmatisme à court terme, est ici indispensable.

M. Wilders, et c’est tout à son honneur, a indiqué qu’il était prêt à modérer certains de ses engagements préélectoraux pour permettre la formation d’un gouvernement qui serait la véritable expression de la volonté du peuple néerlandais.

Un regroupement hétéroclite de partis de gauche et de droite dont les fondements philosophiques sous-jacents sont diamétralement opposés ne fonctionnera pas.

Il suffit de regarder Israël où, pendant une courte période, un gouvernement a été formé sur la base instable de l’aversion pour l’ancien Premier ministre Benjamin Netanyahou, désormais réélu.

Sans véritable ciment pour maintenir la cohésion du gouvernement, hormis une aversion commune pour M. Netanyahou, le gouvernement était voué à l’échec. Et c’est ce qui s’est passé.

Les détenteurs du pouvoir néerlandais feraient bien de tenir compte de cette leçon.

Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu s’adresse aux médias lors d’une conférence de presse conjointe avec le président français à Jérusalem, Israël, le 24 octobre 2023. (Christophe Ena/Pool/AFP via Getty Images)

Une formule pour relancer le conservatisme

Un modèle potentiel de coalitions de centre-droit réussies se trouve de part et d’autre de la mer de Tasmanie.

En Australie, le parti libéral dominant de centre-droit conclut toujours un accord de coalition écrit avec ses collègues nationalistes régionaux du parti national, qui lui confère le poste de vice-premier ministre et un quota de ministères déterminé selon une formule numérique bien comprise, ainsi que quelques éléments de politique.

Plus récemment, en Nouvelle-Zélande, le parti national dominant de centre-droit a conclu un accord tripartite avec les libertaires de l’ACT et NZ First, ce qui lui a permis d’avoir deux vice-premiers ministres et d’accepter d’importantes positions politiques.

David Seymour, leader du parti libertarien-ACT (à droite), serre la main de Winston Peters, leader de NZ First (à gauche), sous le regard du nouveau Premier ministre néo-zélandais Christopher Luxon, après la signature d’un accord pour former un gouvernement de coalition tripartite au Parlement de Wellington, le 24 novembre 2023. (Marty Melville/AFP via Getty Images)

Les partisans du parti sont ainsi convaincus que ces accords portent sur la mise en œuvre d’une politique, et pas seulement sur un statut — exactement ce dont les partisans et les bénévoles veulent entendre parler.

Trop souvent, ceux qui sont parvenus à gagner des sièges et des positions dans les partis parlementaires l’ont fait en ne défendant aucune vertu, aucune valeur, aucun principe.

Ils ne connaissent que le pragmatisme.

Le pragmatisme a son rôle à jouer dans les petites mesures, mais il ne peut jamais être le guide ou la considération principale.

Le pragmatisme pur se termine par des larmes, et l’absence d’un véritable héritage durable devient son épitaphe.

Quels que soient les défauts apparents du leader de NZ First, Winston Peters, il a mené à bien une série d’initiatives politiques au nom des partisans de son parti dans des domaines aussi divers que le rétablissement du service forestier néo-zélandais, un registre des terres appartenant à des étrangers et un fonds de développement régional, entre autres.

Pour parvenir à cet accord, le Premier ministre Christopher Luxon n’a pas eu à modifier la politique de son parti national, ce qui l’aurait rendu vulnérable, lui ou son gouvernement, pour donner l’impression d’être soumis à la loi du plus fort.

Il ne fait également aucun doute que l’accord établissant le nouveau gouvernement en Nouvelle-Zélande est représentatif de l’expression de la volonté du peuple, telle qu’elle s’est exprimée dans les urnes le 14 octobre.

La tâche des partis de centre-droit aux Pays-Bas et ailleurs est de se concentrer sur le bien de leur pays et sur la volonté du peuple, et non sur des considérations personnelles ou autres qui n’ont pas lieu d’être.

Si cette exigence n’est pas reconnue, la confiance portée aux systèmes démocratiques ne cessera de diminuer et, en fin de compte, ces derniers disparaîtront.

Le principe assaisonné de pragmatisme est possible, et c’est l’art d’assurer la longévité de la démocratie.

Les opinions exprimées dans cet article sont celles de l’auteur et ne reflètent pas nécessairement celles d’Epoch Times.

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